Ar Bobl (1904 - 1914)

Le journal de Taldir Jaffrennou: "le Peuple"

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14/08/2023

                                                                            Page complétée en novembre 2018

Cette page contient, entre autres, des entrefilets concernant les communes de
Carhaix (4), Kergloff, Plounévézel, Scrignac, Landeleau, Mûr-de-Bretagne, Trémel


Défense et illustration de la langue bretonne

A) Dénonciation des  "persécuteurs"

1) "d'en haut"

Le terme "affrontement" convient bien pour caractériser les rapports entre partisans de l'usage de la seule langue française à l'école et à l'intérieur des bâtiments publics et les défenseurs de la langue bretonne. Ainsi, à Gourin, lors du Congrès de l'Union Régionaliste bretonne, tenu fin septembre 1904, au moment même de la fondation d'Ar Bobl, les choses tournent mal. L'URB, fermement catholique, attachée au costume breton et à la langue bretonne, souhaite l'autonomie de la Bretagne. Parmi ses membres figurent  maints notables: députés, conseillers généraux, maires, notaires, prêtres et, bien évidemment, en tête des celtophiles, François Jaffrennou.

    A la fin de leur congrès, les régionalistes défilent, musique en tête, dans la grande rue de Gourin. Voici le récit de la Dépêche de Brest du 2 octobre 1904:

  "Tout avait été pacifique jusqu'à présent. Quelques buveuses de profession, il en est partout, marchant d'un pas mal assuré, avaient bien bousculé, par ci, par là, les uns ou les autres. Hélas ! hier soir, tout a changé. A peine la retraite aux flambeaux, dirigée par M. Paul Bouar, notaire, est-elle sortie, que le chant de la Marseillaise a commencé, suivi de celui de l'Internationale.

   Au bas de la Grand'Rue, lorsque la musique a rebroussé chemin, celle-ci s'est disloquée pour repousser les manifestants. Une bousculade s'est produite et le trottoir de Mme Veuve Poulichet a été envahi. Le brigadier de gendarmerie, dont nous avons admiré le sang froid, a réussi à protéger M. P. Stenfort, contre lequel on s'acharnait surtout, parce qu'il était considéré comme le directeur de la manifestation. 

      Un accord momentané a semblé s'établir et tout le monde a chanté l'hymne national. Mais, dès que les musiciens ont repris leurs places, les cris de "Hou ! hou! la calotte ! la calotte !" ont retenti. A partir d'alors, pendant toute la durée de la retraite, çà a été un tapage assourdissant. On a crié:"a bas Combes ! Vive la liberté ! Vive Combes ! Vive la République" et surtout, avec acharnement:"Hou ! hou ! La calotte ! La calotte !" et différentes épithètes contre certaines personnes de la localité. Grand'Rue et sur la place, les femmes elles-mêmes s'en sont mêlées. Un musicien, M. Huet, a été frappé et a le nez contusionné".



 

" Paris –  La langue bretonne

    A la Chambre - M. l'abbé Gayraud:     « Ainsi, il est permis de prêcher en provençal et non en breton:     il faut le dire ! »

 Ar Bobl, n° 11,    3 décembre1904

   L’abbé Gayraud (1856-1911), député du Finistère de 1893 à 1911, est un Dominicain, professeur à l’Université catholique de Toulouse - Extrait de son discours du 24 novembre 1904, à la Chambre des Députés.

        Quoique non-bretonnant, l’abbé Gayraud, qui dut son élection aux curés de campagne du Bas-Léon, ne peut que défendre l’utilisation de la langue quotidienne de ses mandants.

     Alors que le provençal n’est pas considéré par les « Jacobins » parisiens comme une langue politiquement dangereuse (le Midi, occitan ou provençal, vote très largement pour la République une et indivisible), le breton est considéré par les Républicains comme un obstacle à la pénétration de la devise : « Liberté, égalité, fraternité » et à la compréhension par les électeurs bretons de l’excellence, hautement affirmée sinon démontrée, du programme républicain.

 

 

« Comme en pays conquis.

Il ne se passe pas de mois sans que nous n’ayons à enregistrer la suppression de traitement de prêtres bas-bretons pour usage de la langue régionale dans une église. C’est un devoir pour tous les Bretons, à quelque parti qu’ils appartiennent, de protester avec nous contre ces mesures tyranniques que des Prussiens ne désavoueraient pas.

[…] C’est le Breton que l’on vise, c’est l’éternelle haine du Franc contre le Breton qui se rallume sous la dictature de Komb. C’est la séculaire persécution contre tout ce qui touche à notre race et qui ne prendra fin qu’avec la France elle-même […] Gall brein, an diaoul zo var e gein (1) »

 

[1] « Français pourri, que le diable te dévore le dos ! »     Ar Bobl, n° 16, 7 janvier 1905

 
 En vertu du Concordat de 1801, l’Etat rétribuait les prêtres, comme d’ailleurs les pasteurs protestants et les rabbins juifs. Cette concession du Premier Consul de la Première République à l’Eglise de France avait, certes, maintenu le nombre annuel des vocations ecclésiastiques à un niveau élevé, mais elle permettait aux Préfets de passer au crible les sermons, fond (neutralité ou hostilité à l’égard de la République) et forme (langue véhiculaire : français ou breton, pour le sermon, le catéchisme).

  Le 16 juin 1903, Combes, Chef du gouvernement, fait adopter par une Chambre dont la majorité des députés est nettement de gauche, la loi interdisant de prêcher et d’enseigner le catéchisme en breton. L’épiscopat breton, des maires et des conseillers généraux s’élèvent énergiquement contre cette mesure. Bien des prêtres choisissent de désobéir. En 1903, ont  maille à partir avec les autorités (suspension de traitement) des prêtres de Loqueffret, Collorec, Plonévez-du-Faou…qui ont passé outre aux avertissements du Sous-Préfet de Châteaulin.

   «  M. Corbel, recteur de Loqueffret, ne se sert que du breton bien que la population presqu’entière connaisse le français » (Rapport du Préfet de Finistère au Ministre des Cultes, 1903)
 Il est vrai que la majorité des hommes de Loqueffret connaît le français, parce qu'ils pratiquent, pendant une bonne partie de l'année, le métier de colporteur (pilhaouer: chiffonnier).


"Ministère de l'Intérieur - Commissariat aux chemins de fer - Emploi abusif du breton dans les sermons et le catéchisme, commune de Spézet.

  J'ai l'honneur de faire connaître à M. le Préfet que, contrairement aux renseignements qui ont été fournis trimestriellement jusqu'ici par M. Ollivet, maire de cette commune, le desservant et les deux vicaires n'ont jamais fait usage de la langue française dans les sermons et au catéchisme, ils ont toujours et exclusivement employé le langage breton.
   Les renseignements particuliers recueilllis sur ces ecclésiastiques établissent en outre ce qui suit:
  Bien que n'étant que simple vicaire, c'est en fait le sieur Bervas Joseph qui dirige le desservant et l'autre vicaire ainsi que le parti réactionnaire de Spézet.
  Le sieur Bervas est un homme violent, irréductible et militant à outrance. Il aurait déclaré qu'"il ne coopérerait jamais à apprendre aux populations bretonnes la langue française afin qu'elles n'arrivent pas à comprendre les théories néfastes des hommes politiques partisans des idées d'anarchie gouvernementale.
  Le sieur Le Bleis Yves, desservant, oppose aux instructions administratives une inertie sournoise et partage les idées de Bervas.
  Le sieur Bideau Jean est un "ivrogne", un homme déconsidéré, mais il suit docilement les indications du desservant et de son confrère.
   La majorité républicaine du Conseil municipal réclame une sanction, surtout et tout d'abord  à l'égard du sieur Bervas."

Rapport du Commissaire spécial (on dirait aujourd'hui "des Renseignements généraux") au Préfet du Finistère,  8 septembre 1904, archives du Finistère, 3 M 729

    Ce rapport place le maire de Spézet, républicain catholique, sur la sellette: il est en butte à l'hostilité de la majorité des membres du Conseil municipal emmenés par l'adjoint radical-socialiste Breniel. Ollivet est suspendu de ses fonctions de maire par le Préfet. Breniel se voit déjà maire. Mais Ollivet met sa démission dans la balance. Contraints d'aller ainsi à Canossa, les conseillers frondeurs qui savent bien qu'ils ne seraient pas réélus sans la présence à leur tête du maire, supplient ce dernier de renoncer à sa démission; ils lui adressent une belle lettre de capitulation; en tête des signataires, Breniel.

   Les dix prêtres du Poher finistérien dont le traitement est suspendu sont:

en 1902: 1er octobre: Roué, recteur de la Feuillée; Corbel, recteur de Loqueffret; Cloarec, recteur de Brennilis
              1er décembre: Bohec, recteur de Plonévez-du-Faou; Kersaudy, vicaire de Plonévez-du-Faou
en 1903: 1er janvier: Souêtre, recteur de Scrignac; Simon, recteur de Collorec; Kerscaven, recteur de Cléden-Poher
en 1904: Caugant, vicaire de Loqueffret; Tanguy, vicaire de Collorec

     En 1902-1904, les 87 prêtres finistériens touchés par la « suspension » de leur traitement, le sont pour n’avoir pas utilisé un brin de français dans leurs fonctions. Cette mise à l’index de la langue nationale exaspère une certaine presse parisienne, ainsi la Lanterne, la feuille d’un Rochefort dont la trajectoire politique est particulièrement sinueuse (républicain sous Badinguet, bonapartiste en 1888, nationaliste en 1904) :

    « Ce que les prêtres défendent dans le breton, c’est leur prestige de sorcier, avec les avantages qu’il comporte : respect superstitieux d’une religion grossière, dons en argent et en nature, influence électorale du curé sur ses paroissiens, puissance morale de l’Eglise et bien-être matériel des prêtres.. Quoi que décident les ratichons, ces scandaleux sermons doivent cesser, les ensoutanés qui ne voudront pas être cassés aux gages, se résigneront à parler la  langue française à des paroissiens qui, bien que cagots bretons, sont pourtant citoyens français […] Les Bretons n’ont rien compris à la grandeur des idées républicaines ; qu’on leur fasse voir à leurs dépens que la République est du moins assez forte pour se faire respecter […] » 

 (cité par Fanch Broudic, L’interdiction du breton en 1902, la IIIe République contre les langues régionales, Coop Breizh, Spézet, 1997)

 

     Les prêtres bretonnants sont agonis d’injures : « prêtres démagogues », »rebelles ». Combes lui-même rappelle les termes du contrat qui lie l’Eglise et l’Etat : « Le prêtre […] est fonctionnaire et fonctionnaire français [… Il émarge au budget de l’Etat […] Le ministre des Cultes a le devoir de rappeler ce prêtre à l’accomplissement régulier de ses fonctions quand il s’en écarte … »

( Débat du 16 janvier 1903 à la Chambre des Députés) .  

 " Etat des 310 paroisses du Diocèse de Quimper et Léon
Catéchisme
exclusivement en breton, aucun enfant de 9 ou 10 ans ne sachant assez de français pour suivre le catéchisme en cette langue: 107 paroisses 
Moins de 5 enfants capables et désireux de suivre le catchisme en français: 57 paroisses
Dans les deux langues: 75 paroisses
Exclusivement en français : 11 paroisses
Prédication:
en breton (impossible de les donner en français): 256 paroisses
En français ou en breton selon les circonstances et les auditoires: 49 paroisses
Exclusivement en français: 5 paroisses"
Semaine religieuse de Quimper et du Léon, 28 novembre 1902, archives de l'Evêché
 
 En 1902, vingt ans ont passé depuis l'adoption des lois Ferry instituant un enseignement primaire OBLIGATOIRE de 6 à 13 ans, gratuit, donné en français. Le Certificat d'études primaires a été mis en place en 1898 dans le Finistère. Malgré cela, la plupart des catéchumènes de 1902 ne comprennent pas le français, langue étrangère, langue de la ville, langue des maîtres d'école et des scribes de tout poil, langue de l'administration, langue qu'on ne balbutie qu'à l'école et qu'on s'empresse d'oublier dès la grille franchie...
 
  "S'il fallait apprendre le catéchisme en français, tous mes enfants arriveraient à l'âge d'être mariés avant d'avoir fait la première communion" (Commentaire d'un recteur de paroisse rurale)
Semaine religieuse de Quimper et du Léon, 10 avril 1903, archives de l'Evêché



"Ar Journalo bro 

 Eur Judeo, hanvet Crémieux, en doa lavaret eun den d'e genvroiz: "Kemerit krog ar journalou, hag ho pezo peurrest". Ama eo ar c'hontrol. Ar binvidigien a zo eneb ar brezonek dre m'a n'ouzont ket anezan; ar beorien a zo eneb ar brezonek dre m'a deuz mez gantan an dud entre na raint ket kalz ar forz, mes gwell eo gallek gantê, koulskoude aesoc'h eo da lenn !"

"Les Journaux- Un juif, nommé Crémieux, disait un jour à l'un de ses compatriotes: "Emparez-vous des journaux et le reste vous appartiendra  !". Là réside le levier de la domination. Les riches sont hostiles au breton parce qu'ils ne le connaissent pas. Les pauvres lui sont hostiles parce que beaucoup ont honte de n'avoir pas fait beaucoup d'efforts en sa faveur: ils lui préfèrent le français, plus facile à lire"
Ar Bobl, n° 29, 8 avril 1905

Traduction: Jean Yves Michel, août 2012

  
  Deux reproches sous-jacents concernent ici la "race juive". L'antisémitisme d'ar Bobl se nourrit d'abord de l'internationalisme d'israélites apatrides qui connaissent bien des langues, mais n'en ont aucune, sauf peut-être le yiddish, qui est assez proche de l'allemand, cette parenté étant loin de constituer une circonstance atténuante aux yeux des rédacteurs d'ar Bobl, germanophobes comme beaucoup de Français de l'époque.
  Ensuite l'antisémitisme est suscité par la mainmise, dénoncée par la droite comme par l'extrême-gauche, de juifs habiles et sans scrupules sur les activités essentielles, sauf l'agriculture. "La France juive", livre-choc publié par Edouard Drumont en 1886, s'emploie à en faire la démonstration. Quelques vingt ans après sa publication, ce brûlot est encore un best-seller .
   Brochant sur le tout, une déception provoquée par l'hostilité de vastes secteurs de l'opinion et de la société de Basse-Bretagne à l'égard de la langue bretonne.

2) d'en bas:

"Scrignac - Campagne électorale:

"M. Nicol cause en breton aux applaudissements des instituteurs et de leurs élèves. Il y a quatre ans, lorsque M. Corbel causa en breton à Scrignac, les mêmes pédagogues inconséquents le moquèrent et réclamèrent du français"

Ar Bobl, n° 84, 28 avril 1906
   
  Nicol est un candidat à la députation atypique. C'est un "rouge" (radical-socialiste), c'est un inspecteur de l'enseignement primaire (en poste à Châteaulin), c'est un athée anticlérical qui a rompu des lances avec l'Evêque de Quimper, mais non seulement il est bretonnant, mais encore il réclame l'enseignement obligatoire du breton à l'école primaire en Basse-Bretagne.
  Corbel, maire de Collorec, agriculteur moderne, fut le candidat malheureux de la droite catholique aux élections législatives de 1902 dans la circonscription de Carhaix.
  La première phrase du texte suggère que ou Nicol est entré dans la cour de l'école ou les instituteurs et leurs élèves en sont sortis pour entendre son discours. Il y a là violation de la neutralité politique de l'école républicaine laïque.
 Les instituteurs, issus du cru, savent le breton qu'ils ont pratiqué dans leur enfance, mais il leur est interdit de tolérer son usage dans l'enceinte de l'école (classe, cour, préau).


« Les instituteurs n’ont pas toujours su le parti qu’ils pouvaient tirer d’une langue adaptée à l’esprit de la population et dans laquelle les enfants avaient commencé à penser. Ils ont cherché à la proscrire : mieux vaudrait l’enseigner rationnellement quand cela est possible. Il y a toujours avantage à posséder deux langues et les Bretons perdraient beaucoup de leurs qualités natives, de leur originalité d’esprit si leur langue natale venait à disparaître »

 Extrait du discours prononcé par M. Guieysse, député du Morbihan, comme Président du Congrès  de la ligue de l’Enseignement primaire (1898)  . Ar Bobl, n° 216, 13 février 1909


Suis-je l'ennemi des instituteurs ?

   Je m'honore d'avoir été instruits quatre années par de bons et braves instituteurs laïques dont j'ai vu le dévouement à la besogne et auxquels on ne pouvait reprocher qu'une chose: c'était de professer contre le breton à l'école une haine farouche qui se traduisait par le symbole. Notez que ces instituteurs connaissaient bien le breton, qu'ils le parlaient en dehors des classes, qu'ils le lisaient très bien, qu'ils l'écrivaient peut-être mais, esclaves d'un consigne centralisatrice idiote, ils se faisaient les étrangleurs de cette langue lorsqu'il s'agissait d'enfants confiés à leurs soins"

Ar Bobl, n° 145, 6 juillet 1907



Les Républicains

Keraez - Gouel ar Républik

 Ar Gouel-ma a ia var dristaat: beb bla ve nebeutoc'h a dud ha ga a plijadur . Eur program a ve gret, gwir eo, mez na ket heuillet. Dimeurz da noz n'eus bet dansou na tantad. An dennadek ball-trap dimerc'her vintin a zo bet gret div'heur goude an heur merket. A pez a weler sklet dre gement-ma, eo kaër zo voti sommou braz da zevel jeuiou, den na oar dre belec'h aint e meaz.

  Pa oaint et d'ar banket dimerc'her da greizde, allaz, ne oaint nemed ugent deuz tol hag a zelle trist an eil deuz egile. Evuruzamant, o doa naon, hag o deuz gret enor d'ar c'hig maout ha d'ar gwin fin. Marteze ar brederien a reaz memez forz pokou d'ar weren rag var dro fin lein, e savaz eur c'houad chao.

   Eur paotr iaouank deuz hon mignoned a oa gouliet digantan kana eur son vrezonek. A boan en doa dispaket ar poz kenta, ma kriaz eun aotrou deuz ar c'honsaill: "Je ne comprends qu'on chante en breton le 14 juillet".  Dustu, draill a zavaz, darn a vond a du gant ar gallegacher ha darn all o huchal warnan.   Ar banket a echuaz e-kreiz ar jolori.   

     Alia reomp ar c'honsailler-ze hag a neus kemend all a zisprij evid langach e dud da lenn mad artikl Loiez ar Floc'h a zo en penn ar gazetenn.

Carhaix - Fête de la République

 Cette fête est de plus en plus triste: chaque année, l'assistance diminue, le plaisir aussi. Il est vrai qu'un programme a été bâti, mais il n'a pas été suivi. Mardi soir, ni danses ni feu de joie. Le tir au ball-trap, mercredi matin, a commencé deux heures après l'heure. Ce que l'on voit clairement dans tout ceci, c'est qu'on a  beau  consentir en conseil municipal à dépenser de grosses sommes pour mettre sur pied des jeux, personne ne sait où l'argent est allé.

  Au banquet du mercredi midi, hélas, seulement vingt personnes, d'humeur chagrine. Heureusement, elles avaient faim et firent honneur à la viande de mouton et aux vins fins. Peut-être même qu'ils avaient beaucoup choqué leurs verres parce que, vers la fin du repas, une partie des convives fit du tintamarre.

   Il fut demandé à un jeune homme de nos amis de chanter en breton. A peine avait-il chanté le premier couplet, qu'un membre du conseil municipal s'écria:"Je ne comprends pas qu'on chante en breton le 14 juillet". Aussitôt, un désordre s'éleva, les uns approuvant le francophile bretonnophobe, les autres l'insultant. Le banquet s'acheva dans le chahut.

Nous conseillons à ce conseiller et tous ceux qui méprisent la langue de leur entourage de bien lire l'article de Loeiz ar Floc'h, qui se trouve en première page ce ce journal.

 

Ar Bobl, n° 238, 17 juillet 1909 Traduction: Jean Yves Michel, août 2014
La position d'un hebdomadaire de gauche, "le Républicain de Pontivy" (édition du 10 décembre 1905):
     
     "Le Breton est une langue, sinon morte, du moins malade au dernier degré. Et je ne veux pas dire par là qu'on ne le parle plus. Je sais qu'elle est encore - malheureusement - trop répandue. Mais c'est une langue qui ne se renouvelle plus, qui n'a aucune orthographe et se déforme chaque jour davantage. On en parle, vous savez, quatre dialectes absolument dissemblables et je ne parle pas des différences de mots et de prononciation qu'on rencontre d'un canton à l'autre, d'une commune à la voisine. C'est une langue vermoulue, émiettée.
      Mais passons là-dessus, admettons qu'on puisse encore s'en servir utilement.. Il y a quelque chose de plus grave: la langue bretonne symbolise un état d'esprit. Les idées du paysan breton - s'il en a - (et je ne parle que du paysan qui ignore totalement le français) sont figées dans cet idiome qui n'évolue plus. Chaque langue est un moule où sont coulées les idées du peuple qui la parle. Les mots, les tournues changent, s'accomodent, s'adaptent aux idées nouvelles, mais du jour où une langue a fini d'évoluer, elle emprisonne des idées antiques et repousse les nouvelles.
      Voilà pourquoi le paysan ignorant le français est en arrière sur son époque, pourquoi il est si dur de le débarrasser de ses anciens préjugés. [..] Aujourd'hui, il suffit aux réactionnaires de toutes espèces des anciens termes pour traduire leurs anciennes idées.
      Mais en est-il de même pour vous ?
   Admettons que nous voulions nous servir du breton pour faire comprendre les principes républicains et laïques. La plupart des idées devront se traduire par des locutions que le breton ne possède pas, qu'il ne peut pas posséder. On sera donc forcé de se servir de mots français, d'expressions française mal déguisées en breton. Le Breton n'y reconnaîtra pas sa langue et se méfiera de l'intrus qui parle un jargon si bizarre. Il est donc bien plus simple de lui enseigner d'abord le français et de lui faire comprendre ce que l'on veut lui enseigner de la langue de ses compatriotes, laquelle il sera toujours forcé de connaître dans ses relations avec ceux-ci.
     Vous savez que la langue est le principal lien qui rattache les diverses parties d'une nation. Et qu'autant que se sentent frères les gens qui parlent la même langue, autant que se sentent étrangers ceux qui parlent des dialectes différents. Il n'y a pas si longtemps que le Breton traitait le Français en étranger.
     Mais je vous avoue qu'au fond les régionalistes ne troublent ni mon sommeil ni ma digestion.
                                                                                       C. NORVES


B) "Résistants":

"Ar Bobl a zo bet savet evit difenn hor iez hag, enn hevelep amzer, hor feiz hag hor giziou. Wara ar mëz, dreist holl, e ve reuzeudik stad ar Vretoned, rag ann iliz a zo evidomp a leac'h santel hag ivez al leac'h ma'ch en em ziskuizomp ar muia goude al labour bounner, enn eur gana kanaouennou e pad an oferenn hag ar gousperou. Petra rafemp da zul ma neve ket an iliz digor ?" "Le "Peuple" a été créé pour la défense de notre langue et, dans une période de ce genre, de notre foi et de nos coutumes. A la campagne surtout, dans l'état misérable dans lequel sont confinés les Bretons, car l'église est un lieu sacré et le lieu où nous nous reposons le mieux après les durs travaux, à travers le chant des cantiques durant la messe et les vêpres. Que ferions-nous le dimanche si l'église n'était pas ouverte ?"
Ar Bobl, n° 13, 17 décembre 1904 Traduction: Jean Yves Michel, juillet 2012
  
   L'église, lieu de repos du corps du paysan, fatigué par six jours de travail hebdomadaire. Les chants des offices religieux comme tonifiants de l'humeur des ouailles. Le regrettable état matériel des campagnards de Haute-Cornouaille, tant sanitaire que routier ou scolaire, ceci, sous-entendu, étant imputé aux fonctionnaires d'une République jacobine hostile aux langues régionales et soupçonnée de vouloir nourrir le projet liberticide de fermer les églises afin d'interdire toute vie religieuse, bref de vouloir ressusciter les heures les plus intolérantes de 1793-1794.... 
   Tout ceci vise à enraciner un complexe de persécution et promouvoir un attachement à un passé dont les indéniables défauts seraient, à tout prendre, moins graves que les tares d'un avenir forgé par les Jacobins anticléricaux.


« Poème adressé par Yvonik Clec’h (bet maër Landelo)

à François Jaffrennou

 

“C’hwi ho peus ive nerz kalon

Da zifenn ar relijion

Eneb d’ar skridi bilimus

Ha d’ar gazetenn fleurius

Skoët atao var an dud fall

A glask digristena Bro C’Hall

Ha ho po, Aotrou Jaffrennou

Eur plas kaër ebarz an nenvou” »

« Vous avez aussi le grand courage

De prendre la défense de la religion

Et de vous élever contre les écrits venimeux

Et les journaux sournois

Stigmatisez les méchants

Qui cherchent à déchristianiser la France

Et vous aurez, M. Jaffrennou,

Une place de choix dans les cieux »

  Ar Bobl, n° 68, 6 janvier 1906
Traduction: Jean Yves Michel, juillet 2012
Où l'on voit que "religion et langue sont soeurs en Bretagne"
 
  "Lors du Congrès de l'Union Régionaliste Bretonne de septembre 1904, à Gourin:
"M. Berthou a été frappé d'entendre dire que la langue bretonne était le propre de "la calotte".
La Dépêche de Brest, 28 septembre 1904

Un recteur avisé, selon Taldir


Kergloff - Eur sarmon vad

Disul en ofern bred, aotrou Person Kergloff a neuz prezeget divar benn ar brezoneg. Lavaret a neuz d'ar gristenien: "Brezonek zo, brezonek a vo . Mez d'ar re a zianzao o iez hag o bro !"

Trugare d'ar person kalonek-ze evid e c'hiriou mad !

Kergloff - Un bon sermon

Dimanche, lors de la messe basse, Monsieur le Recteur de Kergloff a prêché au sujet du breton. Il a dit aux fidèles: "Le breton est, le breton sera ! Honte à ceux qui renient leur langue et leur pays !"

Merci à ce recteur courageux pour ses bonnes paroles !

Ar Bobl, n° 302, 8 octobre 1910 Traduction: Jean Yves Michel, octobre 2012

Et même, le protestantisme et le breton peuvent être mariés

Maro eur gwir Breizad

   Eur c'helou trist a zo deut d'ar wir Vretoned dilun:  an aotrou Gwill Ar C'hoat, ar skrivanier breizad anazevet mad, a oa maro disul diveza, an deiz kenta a viz meurz, en e vision Tremel, d'an oad a 69 bloaz.

  Gwill Ar C'hoat a oa beleg protestant en Tremel. Er barroz-ze e oa ganet ar 27 a viz eost 1845. A vihanik en doa disket beza eur Brezoneg mad en skol e vam, merc'h d'ar fablenner Gwill Ricou, ive euz Tremel.

   Arru krennard, he oa kaset da ober studi da Vro-Saoz gant ar brotestanted, ha pa oa resevet da bastor, e oa digaset gant "Breuriez ar Bibl" da Vro-Dreger evid skigna an Aviel etouez ar Vretoned, e genvroiz. Gwill Ar C'hoat, aez eo komprenn, a gavaz diaezamanchou, trubuillou ha meur a hini a vije bet fallgalonet. Mez ar greden en doa da Jezuz-Krist hag ar gourach en doa da zerc'hel mad groui, en Tremel, eun ti-skol, eun hospital hag eur chapel, elec'h e laboure evid e relijion.

  Mez an Avieler-ze a oa dreistholl eur madoberour. En gwirionez (hag ar re a stourmaz outan dre zever hen anzav awalc'h), eur galon vad a zen a oa, eur gwaz leal, ha na gaver droug a-bed -nemed mad- graet gantan tro war dro d'ezan hed e vuez hir.

   Breizad a oa da genta, Breizad e chomaz beteg e huanaden diveza. Piou a c'hallfe niveriou al leoriou, an dastumadennou, an almanagou, ar c'hantikou brezonek an euz moullet ?  Ha ne oa ket eur gwir Varz anezan ? Merket eo hanoiou e oberou el levr "Breiziz 1810-1910" er bajen 95. Awalc'h a zo anezo da leunia buez daou ha tri skrivanier mad. An hini brasa hag a gemeraz d'ezan oupenn dek vloaz, eo troidigez ar Bibl Santel en eur brezonek euz ar c'houeka, skubet er-maez anezan kement gir gallek.

   Ar maro a zo deut da falc'hat anezan d'ar mare ma oa c'hoaz oc'h aoza eul leor gallek hag a oa gortozet gant hast gant an holl: "Cinquante ans en Bretagne".

   Interamant an Aotrou Ar C'hoat a zo bet graet en bourk Tremel, dimerc'her, ouspenn mil a dud o heuil an arched. Remerket an Aotrou Ar Gall, maër Tremel; ar vistri-skol; Ar C'here, avieler en Hâvr; Somerville, pastor en Tremel; Terrell, avieler en Pempoull; Ar Barzic, noter en Gwerliskin; Abraham, medidin; Delclausse, barner ar beoc'h; Geffroy, avokat, Lannuon; Jaffrennou, moulier, Keraez, etc..

    Dirag ar bez, an Aotrou Scarabin, pastor en Perroz, an euz kontet buez an Aotrou Ar C'hoat, ha rener ar Bobl an euz lavaret eur brezegen evid renti enor ha justis d'ar skrivanier ha d'ar varz a oa kollet gant hon bro.

Décès d'un véritable Breton

  Une triste nouvelle est parvenue aux vrais Bretons lundi: Monsieur Guillaume Le Coat, l'écrivain breton bien connu, est mort dimanche, 1er mars, dans sa mission de Tremel, à l'âge de 69 ans.

  Guillaume Le Coat était pasteur protestant à Tremel. Il y était né le 27 août 1845. Au cours de sa jeunesse, sa mère, fille de Guillaume Ricou, fabuliste aussi de Trémel, lui avait appris dans son école à devenir un bon bretonnant.

   Adolescent, il alla étudier en Grande-Bretagne auprès des protestants et une fois reçu pasteur, les "Frères de la Bible" l'envoyèrent dans le Trégor afin d'y répandre l'Evangile parmi ses compatriotes, les Bretons.

   Guillaume Le Coat, cela est aisément compréhensible, se heurta à des difficultés, des troubles et plus d'un se serait découragé. Mais la foi en Jésus-Christ et le courage de tenir bon lui permirent de créer à Trémel une école, un hôpital et un temple, où il exerçait son ministère.

   Mais cet évangéliste était surtout un bienfaiteur. En vérité, (et ceux qui le combattirent par devoir le reconnaissent largement), cet homme était bon, loyal et on ne trouvera pas trace d'une quelconque méchanceté - mais que du bien- dans les environs, qu'il aurait pu accomplir au cours de sa longue vie.

   Breton il fut, de sa naissance à son dernier soupir. Qui pourrait recenser les livres, les recueils, les almanachs, les cantiques bretons qu'il a imprimés ? Et n'était-il pas un véritable barde ? Les titres de ses ouvrages apparaissent à la page 95 du livre "les Bretons bretonnants, de 1810 à 1910". Son oeuvre majeure est la traduction de la Sainte Bible en un breton d'une grande pureté, débarrassé du moindre mot français.

   La mort est venue le faucher alors qu'il avait encore à mettre la dernière main à un ouvrage en français, attendu ardemment par tous: "Cinquante ans en Bretagne".

L'enterrement de M. Le Coat a eu lieu mercredi au bourg de Tremel, plus d'un millier de personnes ont suivi le cercueil. Nous avons remarqué M. Le Gall, maire de Trémel; les instituteurs; Le Quéré, évangéliste au Hâvre; Somerville, pasteur à Tremel; Terrell, évangéliste à Paimpol; Le Barzic, notaire à Guerlesquin; Abraham, médecin; Delclausse, juge de paix; Geffroy, avocat à Lannion; Jaffrennou, imprimeur à Carhaix, etc...

   Devant la tombe, M. Scarabin, pasteur à Perros-Guirec, a retracé la vie de M. Le Coat et le directeur d'Ar Bobl a prononcé un discours rendant honneur et justice  à l'écrivain et au barde que notre pays a perdus.

 Ar Bobl, 7 mars 1914
 Traduction: Jean Yves MICHEL, novembre 2018

Taldir creuse encore et toujours le même sillon:

 

  

–Carhaix - Petits calculs :

«  Par suite déjugés invétérés, la petite ville de Carhaix, comme d’ailleurs toutes les petites villes, affecte un assez haut dédain pour tout ce qui touche aux choses de Bretagne. Voyons cependant ce qu’ar  Bobl, organe purement breton, rapporte à la ville.

    Entre salaires, impôts, achat de denrées, le journal et l’imprimerie versent ici, bon an mal an, de 12 à 15 000 F  net.

Bien sûr, la bourse de M. et Mme Jaffrennou est mise à contribution pour tout ce qu’il y a d’œuvres sans exception :

A la Société de secours mutuels : 10 F

A la Mutualité maternelle : 10 F

A la Société de Courses : 10 F

A l’Association agricole : 5 F

A la Société de Tir : 5 F

Au Fourneau économique : 5 F

Aux Fêtes des Gras : 5 F

Aux différents bals publics : 5 F

A la Caisse des Ecoles : 2,5 F

Aux quêtes à domicile : 50 F

Soit une centaine de francs par an. 

Tiens ! Le Régionalisme servirait-il à quelque chose ?

 


Ar Bobl, n° 335, 27 mai 1911

 

 




"Pourquoi des inscriptions bretonnes n'existeraient-elles pas dans les gares, à côté des françaises ?" demande M. Even"
La Dépêche de Brest, 28 septembre 1904

Déjà, la question relative à la double signalétique...



Paris . « Chute du Ministère Combes

   Quant à nous autres, les Bretons, sans distinction d’opinions, nous nous réjouirons tous de la chute de ce ministre qui a insulté si souvent notre Pays et sa langue et qui a ouvert contre les ministres du culte catholique en Bretagne l’ère de suppression de traitement sur délations anonymes. A l’heure où paraîtront ces lignes, nous espérons que Combes et les siens seront rentrés dans le néant […] Dubuisson, député de la circonscription de Carhaix, a refusé la confiance au Gouvernement Combes »

Ar Bobl, n° 18, 21 janvier 1905


Le ministère Combes est renversé le 14 janvier 1905 à une faible majorité (287 députés lui sont hostiles, 281 favorables). Les 43 députés bretons se répartissent ainsi. Soutiennent le Gouvernement 8 radicaux-socialistes ; votent contre le Gouvernement 34 parlementaires, radicaux, républicains de gauche et élus de droite. Un député est en congé.

 

Taldir ou l'application du vieil adage:" Cent fois sur le métier remettre son ouvrage":


Langue bretonne

Dans un journal qui s’intitule « les Droits de l’Homme », nous avons lu une longue étude où l’on a pour but de prouver trois choses :

Que la langue bretonne a son importance

Qu’elle ne favorise pas le séparatisme

Qu’elle n’est pas réactionnaire »

FJ

Ar Bobl n° 326, 25 mars 1911

 

Taldir entend démontrer, une fois de plus, qu’une fraction de la gauche française, celle qui lit le journal cité dans cet entrefilet, est favorable au maintien d’une langue favorable à la République.

 

Jaffrennou tient à consolider la "frontière" entre gallo et breton là où ce dernier risque de reculer

 

Mur - Ar gann diveza

 En dro da Vur-a Vreiz a zo eur gann terrupl etre ar brezonek hag ar gallek. Ar brezonek a gollo abalamour da loskente bourc'hizien kear. Prestik ar Vur-ze a zo toulloc'h evid eur sil.

   A nevez zo, ar Person, Breizad mad, deut eun heug d'ezan dirag eun arvest ken trist, a fellaz gantan lakaat prezeg eur mission en brezonek. D'ar sarmon genta, e teuaz just pemzek a dud; en o zouez e oa eun hanter hag a zeue, heb gouzout brezoneg, gant ar c'hoant da ziski anezhan. Goude an taol-ze, e oa leusket ar brezoneg.

    Mur, Korlay, Lanvollon et... , n'o deuz ide a-bed euz ar garg a zo roët d'ê da viret divoulc'h iez hon Tadou. Divezatoc'h, barn ar Vretoned a vo kaled evitê.

Mûr-de-Bretagne - Le dernier combat

 Autour de Mûr-de-Bretagne se livre un terrible combat entre breton et français. Le breton le perdra parce que les bourgeois le délaissent. Sous peu, ce rempart sera plus troué qu'une passoire.

 Récemment, le curé, un bon Breton, dégoûté par une si triste situation, s'est plu à prêcher une mission en breton. Lors du premier sermon vinrent juste quinze personnes dont une moitié, ne sachant pas le breton, voulaient l'apprendre. Après cette première tentative, le breton fut abandonné.

 Mûr, Corlay, Lanvollon n'ont aucune idée de la tâche qui leur est impartie de conserver intacte la langue de nos pères. Plus tard, le jugement des Bretons sera sans concession pour ces villes.

 Ar Bobl, n° 333, 13 mai 1911
 Traduction: Jean Yves Michel, juillet 2014

 




 

C) Les partisans d'un compromis:

 

Inauguration de la nouvelle mairie de Plounénévézel

 


 

Ar Bobl, n° 431, 22 mars 1911

 

   La Marseillaise exécutée au biniou: une belle trouvaille approuvée par le maire élu en 1908 et réélu en 1912: Youenn Mével, catholique, républicain et fidèle du Docteur Lancien, maire et conseiller général de Carhaix


Le breton

  « On a dit : « Le breton est une langue réactionnaire ! » Quelle erreur ! C’est en breton que je parle toujours aux gens des campagnes. Et c’est un grand plaisir pour moi d’habiller en ce langage des idées modernes, d’exposer en breton nos concepts de justice et de fraternité.

   Apprenez le français à nos compatriotes de Bretagne, mais n’essayez pas de détruire une langue que parle la foule immense de ces Bretons à qui Michelet décerna cette épithète : « les aînés de la Révolution » » - Georges Le Bail "

Ar Bobl, n° 257, 27 novembre 1909

 

Le Bail (1857-1937), dit « ar bail koz », est un député radical-socialiste du pays bigouden (2e circonscription de Quimper). Ses adversaires politiques le surnommaient « ar bail kaoc’h » (le baquet à m… »).

   « Les aînés de la Révolution » : Michelet fait allusion au Club breton, qui réunissait une bonne partie des députés bretons du Tiers Etat au printemps et à l’été 1789 à  Paris. Ces élus inspirèrent en partie la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen du 26 août 1789.

 

« Le breton à l’école. Dans la Semaine religieuse, Mgr Duparc, évêque de Quimper et de Léon, invite les pédagogues catholiques de son diocèse à « compléter les matières des devoirs par une petite page de breton » »
Ar Bobl, n° 262, 1er janvier 1910

  Excellent bretonnant, le prélat quimpérois, originaire de Lorient, est un défenseur déterminé de l'enseignement du breton.

 

Carhaix - « Séance récréative à l’école communale de filles.

     L’assistance a eu le plaisir d’entendre le morceau breton « Bro goz ma zadou », chanté et joué au piano par deux institutrices. C’est sans doute la première fois que la langue bretonne figure au programme d’une école publique du Finistère »

Ar Bobl, n° 345, 5 août 1911


 

Ces deux institutrices ont bravé un interdit et se sont vraisemblablement brouillées avec certaines de leurs collègues. Un des vers de ce chant dont les paroles sont de Taldir, contient en effet le vœu que la Bretagne soit libre, c’est-à-dire indépendante.

 Au Congrès de l’Union Régionaliste bretonne, tenu à Gourin en septembre 1904, le député vannetais Régis de l’Estourbeillon affirme : « Le français doit rester la langue de notre esprit, le breton, la langue de notre cœur »

La Dépêche de Brest, 25 septembre 1904




 A Carhaix, Taldir réclame du maire radical Lancien l'usage du breton pour les annonces municipales officielles, faites par un "tambouliner"

 

"Keraez - Goulen a rer perag, en eur gear vel Keraez, en kreiz Breiz Izel, lec'h a gomzer brezonek dre-holl, perag eta ne vo great an embannou nemed en gallek ebarz ar ruiou ?

Carhaix - On demande pour quelle raison, dans une ville comme Carhaix, au coeur de la Basse-Bretagne, où tout le monde parle le breton, les annonces  sont faites, par les rues, uniquement en français ?

Ar Bobl, n° 219, 6 mars 1909 Traduction: Jean Yves Michel, juillet 2014



 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Paris . « Chute du Ministère Combes

   Quant à nous autres, les Bretons, sans distinction d’opinions, nous nous réjouirons tous de la chute de ce ministre qui a insulté si souvent notre Pays et sa langue et qui a ouvert contre les ministres du culte catholique en Bretagne l’ère de suppression de traitement sur délations anonymes. A l’heure où paraîtront ces lignes, nous espérons que Combes et les siens seront rentrés dans le néant […] Dubuisson, député de la circonscription de Carhaix, a refusé la confiance au Gouvernement Combes »






Dernière modification le 08/11/2018

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