Ar Bobl (1904 - 1914)

Le journal de Taldir Jaffrennou: "le Peuple"

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14/08/2023

Page complétée en janvier 2015

B) Philosophie d'ar Bobl : valeurs et repoussoirs


   Au gré des incidents internationaux, nationaux ou micro-régionaux qu'il leur a été donné d'observer et d'analyser, les rédacteurs d'ar Bobl se sont forgé une conception de la société et du système politique  les moins mauvais possibles.

   Peu à peu apparaissent quatre "sphères" :

1) Ce qui est intangible, éternel, inaltérable. Qu'on en pense du mal ou du bien, ces principes, ces piliers demeureront... Dès lors, à quoi bon entamer des polémiques ?

 

2) Ce qui est haïssable: oeuvre du Diable, qui peut revêtir l'enveloppe humaine d'un Combes par exemple. Oeuvre à combattre quand il en est encore temps..

 

3) Ce qui est tolérable: quand le jeu en vaut la chandelle, s'accommoder, s'adapter sont des attitudes honorables et efficaces.

 

4) Ce qui serait souhaitable: l'organisation de l'Eden...

 

Ce paradis terrestre ne saurait exclure la liberté de jugement revendiquée par les rédacteurs d'ar Bobl dans le texte qui suit:


 

Frankiz da beb barn

   Gourdrouzou enebourien a reont d'in na tom na ien; mez pa dapfen zoken gourdrouzou ma mignoned, kement-se n'am harzo ket da lavaret an traou evel ma sonjan int mad.

 Na dal ket golo ar gwirione, na taol ar mouched var ar c'houlaouen. Var zigare ober plijadur d'eur rum a garer, n'eo ket mad kozeal atao a du gantê evid meuli o fasionou ha laret d'ezo e reont mad pa reont fall. Falla servich da renti d'ê eo hennez. Gouzout a ran meur a fachiri a meuz tapet hag a tapio c'hoaz dre eno: na vern ket, mar gallan lavaret evel an Tour d'Auvergn: "Me zo en peoc'h gant ma c'houstianz".

 Var zigare ema kristen, na dle ket eur gazetenner na den-all a-bed, mar deo leal, kaout kement a ra ar veleien boentchou diavaez deuz ar relijion: lezet urz gant an den da varn zoken oberou ar veleien, pa reont fall peotramant n'eo nemed eur gaou braz ar c'hri :"vive la liberté " a c'houlen ar gatoliked.

 Var zigare ema liberal, ne dle ket eur gazetenn na den all a-bed mar deo leal, lavaret amen da gement ordrenanz a resevo ac'halenn hag alese, digant pennou braz hag a gwall nec'het, marteze, o tispak dirazoc'h eur programm barrek da veza digemeret gant daou elektour var dek. Ar peurvuia, ar re a oar an neubeuta var ar foul ha var an dud, eo a vez a muia troet da zigas deoc'h paneradou kuzuillou.

  Ar Bobl, aboue ma 'z eo difluket en deus heuilla eul linen eon, seul eonoc'h ma 'z eo akord gant ar gwir spered bet a holl viskoaz. Petra zo kaoz en Bro-Saoz e respeter an holl gredennou, ha daoust ma ver protestant e lezer daou c'hant eskop da ober en o feoc'h eur c'hendall en Londez ? Petra zo kaoz e Bro-Saoz e tigemerer al leanezed chaseet euz Franz hag a lezer anezho da ober skol dre-holl ? Mar doc'h leal en ho kalon, oc'h oblijet da anzao eo abalamour ar spered a hanver saoz a zo en gwirione eur spered breton.

  Red eo lavaret o defe ezom kalz ar gatoliked da gemer skuer var ar brotestanted deuz an tu-ze. Ar pez a lak ar gatoliked da goll en Franz, eo m'int re intransigeants. Kalz anezho a zalc'h c'hoaz da gredi a zo moien da ren an dud evel ma rener denved, hag e c'haller, en devez a hirio, gourc'hemenni var bep tra, ha kozeal uhel deuz izelloc'h evidoc'h. Error vraz !

   Mar befe, er parti kristen ha katolik, eur gwir spered a toleranz hag ar frankiz evel ma tlefe beza mar befe neubeutoc'h  troet ar pennou braz da heuil ar gasoni kentoc'h evid ar furnez, neuze parti ar relijion a iafe an trec'h gantan aliesoc'h rag petra zo kaëroc'h da galon Breizad evid ar gredin da Zoue, d'ar Sent koz, d'ar Vuez da zond ? Na pa ve lavaret d'in n'on nemed eur c'hlemmer hag e ve gwell d'in rei peoc'h eged huchal da dud bouzar, evelkent, na baouezin ket da lavaret penoz ar c'hiz easa da wellaat d'eur gouli n'eo ket koach anezan, mez dispaka anezan goelc'hi anezan hardi gant dour tom ha plaka varnezan eur palastr mad a louzou.

 Ar parti liberal pe konservatour a zo eur goz  gwezen goz hag a zistag brankou divarnhi hini da hini, pe mar gwell ganeoc'h, ar gosteen gatolik a zo evel eur iar hag a c'haloup var lec'h he fonsined, eur wech e ve erru braz ar re-ma.   Dalc'hmad e chom an hini goz a dreon. Mar ne c'houllomp ket gwelet hon bro a Vreiz o koll mui-ouz-mui he spred broadus, mar  na c'houllomp ket gwelet ar brezonek o tispariza a dam da dam hag an holl draou a enoromp o koueza er fos asamblez gant ar wezenn goz oc'h pehini int evel staget, e renkomp buan klask eur hent nevez [...]

 Liberté de jugement

Les remontrances de mes ennemis ne me font ni chaud ni froid mais même si j'encourrais les reproches de mes amis, pas un de ces derniers ne m'empêcherait de dire ce que j'estime profitable.

 Il ne sert à rien de cacher la vérité, pas plus que de mettre des oeillères à une chandelle. Il n'est pas bon, sous prétexte de faire plaisir aux nombreux amis,  d'approuver leurs opinions, de louer leurs comportements, d'affirmer qu'ils sont dans le vrai alors qu'ils sont dans l'erreur. Quel mauvais service à leur rendre. Je sais que j'ai essuyé plus d'une fâcherie à ce sujet et que j'en subirai encore; cela m'importe peu, si je puis affirmer comme la Tour d'Auvergne: "Je suis en paix avec ma conscience !"

 Sous prétexte que je suis chrétien, je ne dois  être ni un journaliste ni personne d' autre, qui puisse, s'il est loyal, trouver à redire aux choses religieuses accomplies ou prêchées par les prêtres, fussent-elles infondées :  quand ces derniers se fourvoient, c'est au magistrat qu'il revient de juger ces comportements sinon le cri des catholiques "vive la liberté !" n'est  qu'un grossier mensonge.

  Sous prétexte que je suis un libéral, je ne dois être ni un journaliste ni quelqu'un d'un autre métier, qui, au nom de la loyauté, ne dise amen à tous les oukazes reçus deci delà provenant des chefs de file, sans doute très soucieux de bâtir un programme à la hauteur que deux électeurs sur dix puissent approuver. Le plus souvent, ceux qui connaissent le moins les caractères des foules et des personnes sont les mieux placés pour vous assener des pannerées de conseils.

  Ar Bobl, depuis sa naissance, a suivi une ligne droite, d'autant plus droite qu'elle est en accord avec l'esprit le plus pertinent qu'il y eut jamais. Pour quelle raison, au Royaume-Uni, respecte-t-on toutes les croyances et, bien qu'il s'agisse d'un pays protestant, pourquoi deux cents évêques catholiques tiennent-ils un synode, en toute quiétude, à Londres ? Pourquoi la Grande-Bretagne accueille-t-elle les Soeurs chassées de France et les laisse-t-elle enseigner un peu partout ? Si vous êtes objectif, vous êtes obligé d'avouer que l'état d'esprit anglais est en vérité un état d'esprit breton.

 Il faut dire que bien des catholiques auraient besoin de prendre exemple sur les protestants de Grande-Bretagne. C'est parce qu'ils sont intransigeants que les catholiques français perdent la bataille des idées.. Beaucoup d'entre eux continuent de croire qu'on peut manier les hommes comme on conduit des moutons et qu'ils pourront, un jour,  commander, parler haut au petit peuple dans son intérêt. Grandissime erreur !

Si le parti chrétien et catholique était habité d'un esprit de tolérance et de liberté comme ce serait le cas si ses chefs de file étaient moins haineux que sages, alors il remporterait la victoire plus facilement car qu'y a-t'il de plus beau au coeur d'un Breton que la foi en Dieu, dans les vieux saints et la croyance en la vie éternelle ? Si on me dit que je ne suis qu'un gémisseur qui ferait mieux de se taire plutôt que de crier aux oreilles de sourds, cependant, je ne cesserai d'affirmer que la solution la plus intelligente n'est pas de cacher une plaie, mais   de la débrider avec de l'eau chaude et de l'envelopper d'un emplâtre contenant des remèdes.

 Le parti libéral ou conservateur est un très vieil arbre dont les branches tombent les unes après les autres ou, si vous préférez, le parti catholique est semblable à une poule qui court derrière ses poussins, après que ceux-ci ont grandi. La vieille reste toujours en arrière. Si nous ne voulons pas prendre conscience de la diminution de l'attachement des Bretons à leur patrie, de la disparition progressive du breton, de la chute de toutes les choses que nous honorons dans la fosse où tombe aussi le grand arbre auquel nous sommes comme attachés, organisons-nous prestement afin de trouver une nouvelle voie [...]


Ar Bobl, n° 200, 24 octobre 1908 Traduction: Jean Yves Michel, octobre 2014


 

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Dernière modification le 06/12/2018

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