Page complétée le 6 février 2018
Morts et vivants dans l'espace religieux, ici à Gouarec; pas plus qu'à Carnoët (lisez le long entrefilet ci-dessous), les tombes ne semblent bien entretenues
TOUTES SORTES DE CIMETIERES...
Ar berejou war ar maëz Lavaret a zo bet war al leoriou, ha war a c'helaouennou diwar benn ar Vretoned: "Ar Vretoned a zo eur bobl tud relijius stag ouz he c'hredennou koz; iliz o farroz a blich d'ê kenan ha pa guitaont o bro, e sonjont bepred en o zour dantelezet. Posubl eo e plich d'ar Vretoned "iliz o farroz" hag "o zour dantelezet" evel ma lar ar son, mez evid sur, o berejou na blijont ket nemeur d'ê, mar barnomp deus gweled pegen distruj, pegen gwez, e chom an hanter vrasa ane war ar maez. Kemeromp da skuer bered Sant-Hernin, eur vered koz. Pa oant bet eno e oan asamblez gant an Ao. Charlez ar Goffik, ar skrivanier anazevet mad. Charlez ar Goffik ar oa just awalc'h o paouez skriva eun artikl kaër en gallek ebarz eun journal braz, diwar-benn an ilizou koz hag ar berejou, evid dichacha sellou ar c'houarnamant war an ilizou prest da goueza. Lavaret a rea Ar Goffik penoz e Breiz, "ar vered, stok ouz an iliz, a zo evel kalon ar barrez. Eno e kousk ar re goz, ar re o deus gret ar re veo, hag ar Vretoned a zalc'h dre veur a chaden d'an dud koz a oa en o raok war an douar. A vered, a skrive Ar Goffik, a zo muioc'h karet c'hoaz evid an iliz, gant ar Vretoned. Charlez ar Goffik, pa skrive al linennou-ze, a oa e zonj gant ar berejou tost d'an arvor, lec'h zo beriet martoloded. Eno eo dalc'het ar berejou evel liorzou leun ar vleuniou, a draez flour, a veinbez benerez. Charlez ar Goffik ne zonje ket e oa posubl kaout en Breiz berejou koz, en dro d'an iliz, ken dalc'het fall hag hini Sant-Hernin ! Eno nemed eun hanter dousen beziou d'ar famillou pinvidika, ar re all a zo holl en eur bern, stok ouz stok, n'afe ket an den etreze. Kam jilgam ec'h e ar vein bez (lec'h zo mein bez) darn a vrall a glei, darn a gostigell a ziou. "Biskoaz kemend all, eme ar mestr-skrivani en, ama' vat e c'haller lavaret ar gwirione eo tremenet an Ankou. Lavaret a vefe n'eus bet chomet eun den beo er barroz-ma da bleal ouz ar re varo". - "Allaz, a respontiz d'ezan, en eiz parroz war dek e ma kont e giz-ze en Kerne Uhel. Ar berejou a zo dilezet" - Petra zo kaoz da ze ? Ar maëriou ? An dud ? - N'ouzon ket. An eil hag egile. Sakrisien ar berejou a gar d'e o deus gret awalc'h po deus toullet eur bez ha goloet an arched gant douar. [....] Al loden vrasa n'o deuz na "concession" na men bez a-bed. Re ger a goust, emezo. En parroziou zo, evel Kollorek, na ve ket zoken gwerzet "concessionnou"; re vihan eo ar vered. Ma vefe konsedet, na vefe ken a blas da lakat ar re varo. - Trist, eme Ar goffik, moredus e benn, ha me koulskoude skrivet ganin a ver Breiziz ar re euz Franz o doa a muia a zoujans evid ar re varo". Sur mad, mar mije kaset Ch. Ar Goffik da barroz Karnoët, e vije bet red d'ezan dislavaret e gomziou war ar "respect" eo sanset hon c'henvroïz da gaout evid an Anaon. En Sant Hernin a vo kavet en digare da lavaret eo koz ar vered, eo enk, ha tara ta ta; en Karnoët na n'euz ket a voien da gaout digare mad a -bed. Ar vered a zo nevez: ugent vla bennag; er-maëz ar bourk; frank eo, eur voger uhel tro war dro d'ezhi. Mez pa antreet ennhi, a gav d'och oc'h et en eur park. An aleou a zo eun troc'h ieot warnê. Moien a ve da vaga diou veuc'h e pad ar bla gant ar peuri a zic'hoan war an beiou. Rag mein bez n'a neuz oute nemed kostez ar vur hag er c'hreiz e kichen ar groaz, lec'h zo prenet "concessionnou". Duma du hont a zo eur groaz koat bennag o vralla tu pe du, awechou e koueont war an douar, ha den na zeu d'o zevel. Eno e chomont da vreina. E-kreiz ar vered a zo eur groaz ven, unan gaër hag a oa koustet ker gwech all. Mez ar groaz a zo risket, he jijen hag ar fust a zo kostelliget ha gwiet evel eur brank haleg. Dre eur burzud e chome evelse eiz vla bennag; ar c'hrist a zo brallet ha na oar den penoz na gouez ket. Beza zo ebarz ar c'heariou, braz ha bihan, berejou koant, kempennet brao: ar paour hag ar pinvidik a zo aketus da zerc'hel net ar beziou. Sakrisien ar vered, paët evid ober o labour, a ra anei evel zo dleet. Pa antreer er sort berejou-ze, e kreder antreal en eur jerdrin ha na zonjer ket er Maro. Mez p'ho pezo c'hoant, lennerien ha lennerezed, da lakat o spered da zonjal er bed all, p'ho pezo c'hoant da ober eun ide deuz pez ac'h eo an AnKou, ebarz ar stum ar muia digar p'ho pezo c'hoant, en eur gir, da weled petra c'hall beza eur vro, eur gear, pa ve trement warnê an Teir Gwalen, Brezel, Kernez, ha Bosen, m'hoc'h ali da vond d'ober eun dro da vered Karnoët. Fanch
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Les cimetières de campagne Les Bretons ont été décrits dans les livres et les journaux: "Les Bretons sont un peuple religieux, fermement attaché à ses vieilles croyances. L'église de leur paroisse leur tient à coeur et lorsqu'ils doivent quitter leur province, ils pensent toujours à leur clocher à jour". Il est possible que les Bretons tiennent à l'église de leur paroisse et à leur clocher à jour, comme l'affirme la chanson, mais, à coup sûr, leurs cimetières ne leur plaisent guère, si nous en jugeons en constatant l'aspect de la majorité d'entre eux, à la campagne. Prenons l'exemple du cimetière ancien de Saint-Hernin. Quand je m'y suis rendu, j'étais accompagné de Charles Le Goffic, l'écrivain célèbre. Un grand journal venait tout juste de le charger de rédiger un bel article, en français, sur le thème des vieilles églises et des cimetières,afin de modifier le point de vue du gouvernement sur les églises sur le point de s'écrouler. Le Goffic affirme que "le cimetière entourant l'église, constitue le coeur de la la commune. Là dorment les anciens, ceux qui mis au monde les vivants, des Bretons qui tiennent à ceux qui les ont précédés sur terre et forment ensemble une chaîne. Le Goffic écrit que les Bretons chérissent encore davantage leur cimetière que leur église. Charles Le Goffic, en rédigeant ces lignes, pensait aux cimetières du littoral, où sont enterrés les marins. Là, les cimetières sont tenus comme des jardins, pleins de fleurs douces au toucher, de pierres tombales vénérées. Charles Le Goffic ne pensait qu'il était possible qu'en Bretagne il y eût des cimetières enserrant les églises aussi mal tenus que celui de Saint-Hernin ! Ici, sauf une demi-douzaine de tombes appartenant aux familles les plus riches, toutes les autres sont entassées, à se toucher au point qu'un homme ne pourrait glisser son doigt entre deux tombes voisines. Les pierres tombales (quand il y en a) sont de travers , les unes branlant vers la gauche, les autres penchant vers la droite "Quand même, s'exclama l'écrivain,on peut dire sans trahir la vérité que l'ouvrier de la Mort est venu. On dirait qu'il n'y a plus un seul vivant pour s'occuper des trépassés. - Hélas, lui répondis-je, dans huit paroisses sur dix, les choses vont ainsi en Haute Cornouaille. Les cimetières sont délaissés. - Quelle en est la cause ? Les maires ? Les gens ? - Je ne sais pas. Les uns et les autres. Les fossoyeurs estiment en avoir fait assez lorsqu'ils ont creusé la fosse et recouvert le cercueil de terre. La majoritén des gens ne possède ni concession ni pierre tombale. Trop cher, disent-ils. Dans des paroisses, comme Collorec, n'existent pas de concessions; le cimetière est trop petit. Si l'on y adoptait le système des concessions, on ne pourrait trouver place pour tous les morts. - C'est triste, dit, la tête dodelinante, Le Goffic, j'écrirai quand même que les Bretons sont en France ceux qui manifestent le plus de déférence pour les morts". Sûr et certain, si j'amenais Le Goffic à Carnoët, ses propos sur le respect que nos compatriotes ont à l'égard des trépassés seraient contredits. Pour Saint-Hernin, on pouvait invoquer des excuses: le cimetière est vieux, exigu, etc... Pour Carnoët, pas d'excuse. Le cimetière y est récent: vingt ans tout au plus, situé en dehors du bourg, vaste, complètement entouré d'un haut mur. Mais quand vous y entrez, vous vous croyez dans un champ. Les allées sont très herbues. La végétation qui enlaidit les tombes permettrait de nourrir deux vaches toute une année. On ne trouve de pierres tombales que contre le mur et au milieu près de la croix, là où ont été acquises des concessions. Ailleurs, de çà de là, une croix de bois quelconque, branlant d'un côté puis de l'autre, parfois tombée à terre, où elle pourrira.Personne ne vient la relever. Au-milieu du cimetière se trouve une belle croix de pierre qui a coûté cher dans le temps. Mais elle a glissé, son socle et son fût se sont déportés et ont basculé comme une branche de saule. Elle tient ainsi, par miracle, depuis quelques huit années. Le Christ est penché et personne ne sait pourquoi il ne tombe pas. Les villes, grandes et petites, possèdent de jolis cimetières, bien nettoyés: pauvres et riches s'astreignent à tenir impeccablement les tombes . Les gardiens, salariés, font ce qu'ils doivent. A votre entrée dans ce genre de cimetière, vous croyez avoir pénétré dans un jardin et vous ne pensez pas à la mort. Mais si vous désiriez, lecteur et lectrice, songer à l'autre monde, vous pourriez vous faire une idée de la mort à travers la disposition d'esprit la moins aimable, en un mot, si vous vouliez voir ce peuvent être un pays, une ville, après le passage des trois catastrophes majeures, la guerre, la famine, la peste, allez faire un tour dans le cimetière de Carnoët François (Jaffrennou) |
Ar Bobl, n° 445, 28 juin 1913 | Traduction: Jean Yves Michel, juillet 2014 |
Callac: une tombe bretonne
Kallak - eur be brezonek Ar barz koz Juluan Godest a neuz lakeet ober eur men-be evit e gerent marvet ha evitan e hunan, ha na n'euz nemed brezonek warnan. Sethu aze eur skuer vad, a dleche bea heulliet |
Callac - Une tombe bretonne La vieux barde Julien Godest a fait faire une pierre tombale pour ses parents décédés et pour lui-même. Les inscriptions sont toutes en breton. C'est là un bon exemple à suivre. |
Ar Bobl, n° 233, 12 juin 1909 | Traduction: Jean Yves Michel, juillet 2014 |
"Une coutume originale - A Landeleau, lorsqu'on pénètre dans le cimetière, on aperçoit sur presque toutes les tombes un cul-de-bouteille. Ce ne sont pas les tombes de disciples de Bacchus. Les culs-de-bouteille recueillent l'eau du ciel et servent de petites piscines, où trempe une branche d'if"
Ar Bobl, 2 octobre 1909
Dernière modification le 10/12/2018