Ar Bobl (1904 - 1914)

Le journal de Taldir Jaffrennou: "le Peuple"

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14/08/2023

                                                                                                                                                   Page complétée en mars et mai 2017, en février 2018

 

 

"La foi a ceci de particulier que, disparue, elle agit encore" (Ernest Renan (1823-1892), Souvenirs d'enfance et de jeunesse, 1883)

4)    Des raisons d’espérer ?

D'abord, les femmes constituent le principal appui de l'Eglise catholique

[PNG] Carhaisiennes en coiffe à la messe.PNG 

  Carhaix: Femmes en coiffe du dimanche allant à la messe à l'église Saint-Trémeur

 

[JPG] Corlay pardonneurs chapelle Ste Anne AD 22

 

Corlay: pardon de la chapelle Sainte-Anne. Parmi les fidèles, l'élément féminin est largement dominant


   En 1905, est fondé à Carhaix le patronage Saint-Louis

Il est fondé pour faire pièce à certaines associations sportives laïques (football, surtout boxe, tir à la carabine), la devise sous-tendant cette création coûteuse étant « un esprit sain dans un corps sain ». Cet énorme bâtiment deviendra après la Grande Guerre un cinéma. Sa démolition date du début du 21e siècle.

 

    Témoignent  d’une certitude, non partagée par tous, du caractère impérissable de la religion la pratique illustrée ci-dessous..

 

[PNG] chapelet Gourin red

 

Avec l'autorisation à titre onéreux  de www.cartolis.org    http://www.cartolis.org

    Tout comme l'entrefilet ci-après..

"Guiscriff - Un vieux breton - Le mardi 2 mars on célébrait à Guiscriff les funérailles de M. Mathurin Martin, l'un des pères de famille les plus honorables et les plus méritants de cette paroisse si chrétienne. Ce vénérable vieillard, âgé de près de 80 ans, a fait une fin tout à fait édifiante, après une vie si bien remplie.

  Sabotier de son état, il a su grâce à un travail incessant, et au dévouement d'une digne compagne, élever très honorablement une famille de 9 enfants, dont trois prêtres et trois religieuses. [...] Pour subvenir aux nécessités de sa nombreuse famille, Mathurin Martin s'est condamné pendant plus de trente années, à passer la plus grande partie de son existence loin de ceux qu'il aimait. Chaque lundi matin, il quittait sa demeure pour se rendre à son atelier à plus de 10 kilomètres du bourg. . Il rentrait le samedi soir seulement après avoir passé toute la semaine en compagnie de deux ou trois ouvriers. Le dimanche était tout à Dieu et à sa famille, et il était rare de voir sa place vide à la grand'messe et aux vêpres.

   Travailleur infatigable, excellent chrétien, Mathurin Martin était aussi un citoyen fidèle à tous ses devoirs et toujours prêt à se sacrifier pour la bonne cause. Aux jours d'élection, s'il ne pouvait avoir l'éloquence de la bourse, il avait du moins celle de la langue et du coeur et ce n'étaient ni les rouges du canton ni les docteurs de village qui lui auraient fait céder un pouce de ce qu'il croyait être  son droit et son devoir.

   Cet homme de bien, après avoir travaillé près de 70 ans sur un dur métier, n'aura pas touché un liard de cette fameuse retraite ouvrière ou de vieillesse, tant promise par Clémenceau, Viviani et Cie. Et cependant quel ouvrier aura peiné plus que lui ? Il n'aura eu ni discours ni couronnes sur sa tombe !"

    L'Echo du Morbihan, 7 mars 1909



.....ou tout comme celui-ci :

    « Le 22 juin 1913 mourait à Spézet un vieux pécheur endurci, dont la vie avait été très peu exemplaire. Une Mission se donnait dans cette paroisse au mois de mai […] Le vieillard ne voulut point s’y rendre. Le 21 juin, sur les huit heures du soir, il tombe frappé d’une attaque, perd aussitôt connaissance et reste dans cet état toute la nuit […]

     On appelle M. Bervas, vicaire à Spézet. Sa messe dite, il enfourche sa bicyclette et se rend au village du moribond. Tout en pédalant, une voix intérieure lui disait : « Pousse, pousse ! ». Arrivé à la maison du moribond, il l’administre immédiatement. Arrivé à la dernière oraison de l’Extrême-Onction, le vieillard expirait.

    A quoi attribuer cette grâce qu’a eue le vieillard, demande M. Bervas à la famille ? Ayant abusé des grâces du Bon Dieu toute sa vie, il devait certainement mourir comme il avait vécu, c’est-à-dire sans sacrement. Ah, répondirent les domestiques, bien des fois nous l’avons surpris à genoux sur le talus qui borde la ferme, priant tourné vers le sanctuaire de Notre-Dame de Cléden, que l’on voit d’ici ».

   Journal des recteurs de Cléden-Poher, 1913 , archives du presbytère

 

         La religion chevillée au corps, mais pratiquée subrepticement. C’est sur cette religion cachée que compte le clergé pour enrayer  peu à peu toutes les dérives…

            Religion cachée encore: celle des dons aux saints. Le graphique ci-dessous dessine l'évolution de la générosité des Clédinois entre 1872 et 1914.. Deux périodes d'extrême irrégularité encadrent une phase de variations mineures. Le combat engagé par les royalistes contre la République conduit les ouailles, dûment chapitrées, à demander la protection des saints contre le péril "rouge", les partageux (1872-1876)... La période qui court de  1900 à 1914 est extrêmement agitée. Les "bonnes" nouvelles (ouverture d'une nouvelle école privée dans la commune, défaite de Nicol, le candidat rouge, aux élections législatives de 1906 et 1910) alternent avec les "mauvaises": les députés se sont octroyé une augmentation d'indemnité de 66 %, le contenu de l'église a été inventorié et est propriété de l'Etat, les biens de la fabrique sont mis en vente). Le don d'argent aux saintes est-il une précaution ou un remerciement ? Le refus de donner est-il une punition infligée à un intercesseur qui n'a pas rempli son office ?

Le pic de l'année 1914, et surtout du second semestre de cette année, s'explique aisément: le donateur entend placer les  "pantalons rouges" de sa famille sous la sauvegarde des saints... 

 


   « Cléden est si calme le jour du Pardon, on le doit à M. le Comte du Laz, maire de Cléden, qui ne permet à aucun saltimbanque de séjourner ce jour ni au bourg ni aux environs du bourg. 

    Chaque pèlerin fait trois fois le tour de la statue de ND en égrenant son chapelet. ND est toujours portée en procession par huit personnes à la fois. Cette année trente-trois ont demandé à la porter, dont dix ou douze étrangères, de Plévin, Carhaix, St-Hernin, Lorient, Poullaouen, Brest et Gourin. Au retour de la procession, la statue de ND est portée à la sacristie jusqu’à la fin de la cérémonie du baisement des reliques. C’est le pardon le plus pieux que j’aie vu jusqu’à présent. 11 000 à 12 000 pèlerins sont venus s’agenouiller devant la bonne Madone. Cent à cent cinquante pèlerins, les uns pieds-nus, les autres en corps de chemise, portaient les cierges durant la procession qui regroupa 2 000 personnes, et sur tout le parcours, les étrangers se découvraient et pas un seul mot déplacé ne fut entendu. Vingt-huit prêtres présents ».

  Journal des recteurs de Cléden-Poher, 1912, archives du presbytère .

  Le pardon sans doute le plus couru du Poher, bien plus prisé que ceux de ND des Cieux (Huelgoat), de Saint-Théleau (Troménie de Landeleau), de ND des Portes (Châteauneuf-du-Faou), de Saint Herbot (Plonévez-du-Faou), de ND du "Pénity (Carnoët), de ND de Bulat . Le nombre d’ex-voto apposés sur les murs et piliers de l’église de Cléden-Poher est impressionnant.

 

      Le 1er avril 1913 a lieu à Carhaix une cérémonie qui témoigne de la reconnaissance du travail effectué par les Ursulines, établies dans la capitale du Poher en 1644, expulsées en 1793, réunies derechef en 1808, ayant achevé l'édification de leur couvent en 1873 et ouvert leur chapelle en 1874, à nouveau expulsées le 12 septembre 1907 :

« Un cortège de vingt-sept prêtres suivis d’un bon nombre de fidèles accompagnait le transfert au cimetière municipal des reliques des Ursulines et des prêtres enterrés dans l’enclos de la Communauté. Les trois châsses étaient portées par des hommes de Carhaix. Les cordons du poêle qui recouvrait les ossements étaient tenus par MM. Guivarc’h, notaire, François Conan, Olliviéro et Mercier, tous membres du Conseil de Fabrique »

Semaine religieuse de Quimper et du Léon, 14 avril 1913

 

"Etienne Lescoat, de Motreff, a reçu la prêtrise à Saint-Brieuc le 17 décembre 1910"

Ar Bobl, n° 313, 24 décembre 1910

 

Bénédiction d'un nouveau cimetière au Huelgoat

[PNG] Huelgoat bénédiction cimetière A n° 6 09 02 1906.PNG

[PNG] Huelgoat bénédiction cimetière B n° 6 09 02 1906.PNG

 

                          Semaine religieuse de Quimper et du Léon, n°6, 9 février 1906

 

  Laz : bénédiction d'une croix

[PNG] Laz benediction Croix n° 21 23 05 1913.PNG

                                                  Semaine religieuse de Quimper et du Léon, n° 21, 23 mai 1913

  En mars 1907, le Gouvernement renonce à exiger des prêtres qu'ils fassent une demande annuelle en mairie afin de pouvoir célébrer le culte. Mais l'Eglise est financièrement aux abois

 

Et puis, le recteur de Trébrivan n'hésite pas en 1907 à publier, à compte d'auteur, un ouvrage, imprimé et vendu par Ar Bobl: "an ifern" (l'enfer, qui, selon la tradition bretonne est froid, et dont l'un des bouches (d'entrée, il ne saurait y avoir de sortie) se situe dans le yeun Elez, la dépression au sein des Monts d'Arrée, aujourd'hui occupée par le lac de Brennilis)

[PNG] livre du recteur de Trébrivan 133 13 avril 1907

                                               Ar Bobl, 13 avril 1907


   En bref, il faut attendre le début des années 1950 pour lire des réflexions tombées de la bouche des anticléricaux à tout crin: "Le sentiment quasi-général est que l'Eglise a fait son temps..." (recteur de Scrignac)






Dernière modification le 14/02/2018

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