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- Des brebis plus ou moins égarées:
""Jusqu'à ce que la mort vous sépare...."
Langonnet:
Journal de Pontivy et de son arrondissement (républicain anticlérical), 7 février 1904
Gourin
Journal de Pontivy et de son arrondissement, 28 février 1904
« A quoi pourrait-on attribuer cet affaiblissement de la foi et de la pratique religieuse à Poullaouen depuis vingt ans ? [...] Au bourg, on ne compte pas moins de quinze esprits forts qui, tous les jours, à toute occasion, persifleront la religion et ses ministres, se moqueront de ceux qui sont restés fidèles à leurs pratiques religieuses dans le but de les en détourner et malheureusement, ils y réussissent trop souvent [...]A une propagande acharnée contre l’Eglise qui fut faite, depuis 1903, par deux sergents de l’infanterie coloniale, les frères Le F. et par quelques instituteurs-adjoints […] Les domestiques de ferme assistent très peu nombreux à la messe ; ils viendront au bourg à l’heure de la messe mais resteront dans les auberges » »
Journal des recteurs de Poullaouen, 1910
« Les idées antireligieuses ont fait leur chemin : l’élément étranger dont nous a gratifiés le progrès avec ses chemins de fer - et Carhaix s’en ressent plus que toute autre ville – n’a pas peu contribué à dénaturer le caractère autrefois si profondément religieux de la vraie population carhaisienne »
Semaine religieuse de Quimper et de Léon, 11 janvier 1907
Carhaix est au centre d’un réseau ferroviaire métrique en forme d’étoile à cinq branches conduisant vers Morlaix, Châteaulin, Guingamp, Rosporden, Loudéac. Le « Réseau breton » possède, à Carhaix, des ateliers de réparations des locomotives et des wagons.
Une paysanne de Landeleau, née en 1901, évoque une des raisons de la réticence vis-à-vis de l’Eglise d’une partie de la population : « Quand on était pauvre, on avait quand même des cloches pour les baptêmes, mais à Landeleau, il y avait quatre cloches et ceux qui ne pouvaient pas payer, n’avaient pas la grande cloche. Ils n’avaient que deux cloches. Mais quand on avait des sous, on avait quatre cloches »
(Anne Le Gars, « Marie Le Bec, au pays de Sant Telo », mémoire de maîtrise, UBO, p. 54)
L’Eglise a toujours dû faire face à l’accusation de pratiquer deux religions : l’une, solennelle, pour les riches ; l’autre, extérieurement réduite, pour les pauvres. L’Eglise a beau répéter que les sacrements sont gratuits pour tous, que les signes d’apparat, pour être payants, sont sans influence sur l’efficacité des dits sacrements, la morgue des uns, la frustration des autres perdurent….
Rendant compte de la mission donnée à Scrignac en 1897, la Semaine religieuse de Quimper et du Léon, dans son numéro du 25 juin 1897, crie victoire :
« Il est d’usage, après une mission donnée dans une paroisse de vous écrire que la mission a parfaitement réussi, qu’il y eut des retours à Dieu. Je me contente de vous donner les chiffres des communiants pour les samedis et dimanches des deux semaines de mission : 2700. On peut compter les personnes qui ne se sont pas approchées : il n’y en a pas quinze sur 3 300 habitants. Merci aux missionnaires ! On se souviendra de leurs paroles . Un habitant de Scrignac »
Cependant le recteur Souêtre note dans son journal :
« Le résultat de la mission de 1897 a été modeste. Toutes les personnes n’ont pas suivi régulièrement les exercices. D’autres venaient pour voir ce qui se passait à la mission […] J’ai été quand même assez content des paroissiens pour la mission, mais ce contentement n’a pas duré longtemps ».
« Mission de Carhaix, 1907 : « l’abbé Genvresse, ancien Rédemptoriste, avait pour rôle de donner les grandes vérités. Parler au XXe siècle du salut et de la mort, passe ; mais assourdir son monde avec le spectre du jugement et de l’enfer, quelle dérision. Il le fit magistralement. C’est sans doute pour avoir si excellemment appliqué le fer rouge sur trop de plaies que le bon missionnaire se trouva être le moins populaire auprès de ces âmes, même soi-disant chrétiennes, qui sont à la recherche du mielleux et du coulant. Nous l’en remercions. Il aura creusé un sillon »
Semaine religieuse de Quimper et de Léon, 11 janvier 1907
Du recteur de Cléden-Poher : « Mission de juin 1913 : « Le résultat fut consolant. Malheureusement, plusieurs de la paroisse ont fait la sourde oreille et ne se sont point approchés (une dizaine, dont deux éclusiers) .
Le 4 juin, à 7 heures du matin s’est ouverte la mission des enfants (5 prêtres dont un tableauteur) ; 260 enfants communièrent deux fois pour gagner l’indulgence du Jubilé constantinien
La première semaine pour les grandes personnes s’ouvrit le 8 juin, à l’issue des vêpres. L’assistance laissa à désirer le dimanche soir et le lundi. Le mardi en revanche, l’église était bien pleine ; 503 personnes.
Les prêtres ont commenté : 1-le décalogue 2- Pénitence-Eucharistie 3- Mort-Enfer-Contrition 4- Divinité de JC ; Révélation ; Eglise 5-Péché ; Trépassés ; Actes 6-Tableaux 7- Chant ; Salut ; Sacré Cœur et propagation de la foi
Cette semaine a été très bien suivie malgré l’épidémie de rougeole qui commença à sévir dans la paroisse.
La seconde semaine ; 612 personnes suivirent les exercices de la mission, mais de ces 612, 150 environ ne firent qu’un semblant de mission. Quelques-uns prétextaient la maladie de leurs enfants, d’autres leurs bestiaux »
Cléden-Poher - « Semaine sainte 1912 : avant la fin de mon sermon sur la Passion, qui dura une heure et dix minutes, il n’y avait plus à l’église cinquante personnes. Voyant cela, j’ai supprimé la Passion »
Journal du Recteur Norgant, archives du presbytère
Le recteur de Poullaouen tire la même leçon :
« Il serait bon de prier les prêtres qui doivent prêcher la mission de ne pas dépasser vingt minutes »
Journal des recteurs de Poullaouen, 1912, archives du presbytère
A Poullaouen, des apostats remuants :
« Le mercredi 28 septembre 1910, dans le temple protestant de Conval, a été célébré un double mariage. Deux enfants d’un nommé Ropars du moulin de Conval épousaient l’un une jeune fille de Berrien, l’autre un nommé Quéré de Restamézec en Poullaouen. Le pasteur Coat, de Trémel (Côtes-du-Nord) vint lui-même présider la cérémonie à l’issue de laquelle un repas de 600 personnes fut servi.
Plusieurs déclinèrent l’invitation, ne voulant pas honorer de leur présence, même au repas, des apostats. En étendant ses invitations, le protestant Ropars n’avait eu d’autre but que d’organiser une manifestation anti-catholique. Monseigneur fit publier du haut de la chaire le dimanche précédent et dans toutes les paroisses voisines qu’il n’était pas permis à un catholique d’assister, même en curieux, à une cérémonie protestante et qu’il y aurait faute grave à enfreindre cette défense »
Journal de M. Corre, recteur de Poullaouen, 1910
Dernière modification le 02/02/2016