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1) Processions et pardons
La procession au Faouët
Emile SCHMIDT-WEHRLIN (1850- ?), Procession au Faouët, vers 1910
Huile sur toile, 46 * 61 cm - Collection Musée du Faouët - Photo Isabelle Guégan
Avec l'aimable autorisation de M. le Maire du Faouët (août 2015)
La procession de la Fête-Dieu à Saint-Nicolas du Pelem
Avec l'aimable autorisation de CPA22
Pour cette fête de juin, l'église est trop petite. Les assistants entendent la messe debout ou agenouillé. Les murs des maisons de la place sont tendus de drap blanc piqueté de fleurs. Le prêtre est en majesté sur un tertre artificiel surmonté de drapeaux tricolores...Face à lui, sous un dais, le Saint-Sacrement. A gauche, les bannières...
La procession de la Fête-Dieu à Gourin
Avec l'autorisation à titre onéreux de Cartopolis (Baud, 56) www.cartopolis.org http://www.cartopolis.org/search_simple
Les dames patronesses mènent les enfants, en costumes bretons à gauche, en habits "français" à droite. Deux longues files de processionnaires, mais aussi des indifférents ou des incrédules qui assistent au spectacle
Prêtre et croix précédés d'un sonneur de petites cloches; bannières et grands drapeaux (papal, épiscopal, Sainte-Anne)
Carhaix- Fête-Dieu, 25 juin
« Partout où doit passer la procession, les maisons sont tendues de draps blancs, piqués de roses et d’œillets, les rues sont jonchées de fleurs et de verdure. M. le Curé porte le Saint-Sacrement et prend place sous le dais qui, selon la coutume, est porté par quatre nouveaux mariés de l’année. Les flambeaux sont tenus par les conseillers de fabrique »
Ar Bobl, n° 41, 1er juillet 1905
Le conseil de fabrique, regroupant trois ou quatre paroissiens laïcs, gère, sous la direction du curé, les biens (réparations, remplacement du mobilier, des statues, des vêtements liturgiques, etc…) et dispose, à ces effets, de plusieurs sources de revenus : casuel (sommes dûes pour les cérémonies de baptême, mariage, funérailles), quêtes, loyers de fermes, dons divers.
A Carhaix, la Fête-Dieu avait donné lieu à l’extrême fin du 19e siècle à des incidents dont l’un au moins avait abouti devant le tribunal correctionnel de Châteaulin : un instituteur, qui refusait de s’écarter au passage du Saint-Sacrement, et un des vicaires s‘étaient empoignés.. Moins d’un mois après cette cérémonie de juin 1905, la Chambre des Députés adopte la loi de Séparation des Eglises et de l’Etat. Désormais, le curé sera astreint à demander au Sous-Préfet l’autorisation d’organiser une procession par les rues de la ville.
Locarn, canton de Maël-Carhaix (22). Chaire à prêcher à laquelle le prêtre accède par un escalier à vis ménagé à l'intérieur d'un pilier de diamètre respectable...
Avec l'aimable autorisation de CPA22
Carhaix – « le sermon de la Toussaint à l’église a duré 30 minutes »
Ar Bobl, n° 306, 5 novembre 1910
Un sermon, qui pour n’être pas anormalement long, n’en est pas moins fatigant pour les jambes des ouailles restées debout ; traumatisant (« Priez parce que vous ne savez ni le jour ni l’heure… »), il est aussi rassurant (les bienveillants saints protecteurs)..
Saint-Hernin – « Au pardon de Saint-Sauveur , deux ou trois jeunes gens sont restés couverts pendant la procession. On s’est tout simplement moqué d’eux » .
Ar Bobl, n° 34, 13 mai 1905
Les contestataires sont peu nombreux, jeunes et très mesurés : ni insultes, ni moqueries, ni obscénités… Pour l’heure, ils trouvent à qui parler parmi les fidèles…Les uns et les autres trouvent des raisons de l’emporter dans les campagnes symétriques de pétitions, de porte à porte, de fermes en échoppes, d’estaminets en auberges, de foirail en fête de village : les uns prêchent en faveur du maintien du Concordat de 1801, les autres prônent la séparation des Eglises et de l’Etat républicain.
Le Croisty
"La fête patronale - Le Croisty, gentil petit bourg perché sur le sommet des Montagne noires, a l'honneur d'avoir pour patron le glorieux Saint-Jean-Baptiste. La solennité de sa fête se fait le dimanche qui suit le 24 juin. Les chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem ont longtemps habité cette riante et pittoresque bourgade. L'église paroissiale et le gros village de Kornospital conservent encore toutes sortes de traces de ces moines-soldats. De temps immémorial, de très nombreux pèlerins accourent pour honorer Saint-Jean-Baptiste.
Aujourd'hui, grâce aux facilités de communication, (la localité est desservie par la gare de Kerven), on y vient encore même de très loin pour demander la grâce du baptême pour les enfants. Cette année, la fête aura encore plus d'éclat que d'habitude. La première messe sera dite à 6 heures, la grand messe à 10 heures 1/2, les vêpres à 3 heures. Puis le tout sera terminé par une procession solennelle à la fontaine du saint.
La beauté du coup d'oeil et le piété des pèlerins valent bien la peine que l'on fasse le voyage du Croisty pour cette circonstance"
L'Echo du Morbihan, 21 juin 1908
..Carhaix – Pardon
« A l’Evangile, notre concitoyen, M. A. Berthou, professeur à St-Pol-de-Léon, a donné une éloquente instruction sur l’origine divine de l’Eglise »
Ar Bobl, n° 308, 19 novembre 1910
Un ecclésiastique carhaisien, très calé puisque professeur au très renommé Collège du Kreisker, est-il prophète en son pays ?
Carhaix - « Pardon de Saint-Roch: 4 000 personnes »
Ar Bobl, n° 49, 26 août 1905
Le nombre d’assistants paraît gonflé, d’autant que la renommée de ce pardon est modeste…
Notre-Dame des Portes, en août, à Châteauneuf-du-Faou: le pardon le plus couru du Poher, avec celui de Cléden-Poher. La procession emprunte un chemin le long duquel s'installent les marchands forains...
Châteauneuf-du-Faou, pardon de "Itron Varia Porzou" (Notre-Dame des Portes): bénédiction de Mgr Duparc, Evêque de Quimper et Léon de 1908 à 1946. On le voit au centre de la photo, coiffé de sa mitre, précédé de chanoines en soutane noire, surplis blanc, camail et rabat, portant une barrette.
"A l'occasion du pardon de Notre-Dame des Portes, la Compagnie des chemins de fer économiques met en mouvement le dimanche 25 août des trains supplémentaires de Carhaix et de Châteaulin"
Semaine religieuse de Quimper et de Léon, août 1907
"Spézet - Pardon du Crann, 6 juin 1909 - Offrandes: 1200 F"
Ar Bobl, n° 233, 12 juin 1909
Plouguer – « Pardon : deux mottes de beurre artistiquement décorées, exposées dans l’église ; le produit de l’adjudication est divisé en quatre parts : l’évêché, la fabrique, le recteur, les vieux prêtres »
Ar Bobl, n° 233, 12 juin 1909
Plouguer – Le pardon
« Quatre quêteuses […] Deux « moches » de beurre de 184 kg et 166 kg, vendues à M. Corbel, au prix de 1,05 F la livre »
Ar Bobl, n° 338, 17 juin 1911
Les quêteuses, nommées du haut de la chaire, souvent nonobstant l’opposition du mari, mettent du cœur à l’ouvrage : certaines empiètent même sur le « territoire » attribué à une autre équipe de la paroisse ; on en voit aussi acheter du beurre de leurs propres deniers et quêter dans les paroisses voisines pour rapporter la plus grosse motte possible. Priées, au cours de leurs pérégrinations, de manger et boire, elles absorbent force cafés et petits verres d’eau-de-vie et reviennent parfois difficilement et tardivement à leur domicile où les retrouvailles sont souvent houleuses.
Les adjudicataires sont parfois les paysans eux-mêmes, mais le plus souvent des marchands de beurre, venus d’assez loin. Le problème de la conservation est plus ou moins résolu par l’incorporation massive de sel….
Saint-Herbot (Plonévez-du-Faou) : « La maîtresse-vitre de l’église montre des scènes de la Passion […] La vente annuelle des crins et queues de vaches et chevaux rapporte au clergé local environ 1 500 F 2 »
Ar Bobl, n° 295, 20 août 1910
2 Soit à peu près le salaire annuel d’une institutrice en milieu de carrière
Saint-Herbot est le protecteur des chevaux et des bovins. Lors d’épizooties, les paysans vouaient leur bêtes à Saint-Herbot pour les préserver.
Lorsque les animaux survivaient, leurs propriétaires leur tranchaient l’extrémité poilue de la queue et s’en allaient la déposer sur l’autel sis au pied de la statue du saint afin de la remercier. Il faut imaginer un tas de queues saignantes sous une nuée de mouches et dans une odeur écoeurante… Une fois secs, le prêtre vend ces appendices aux enchères à des marchands spécialisés, les pillaouer, qui les revendent à des brossiers.
Sur cette carte postale ancienne, on voit, devant le jubé, sur un autel de pierre, les dépouilles des chevaux
.Roue sainte à carillon, chapelle du Riollou, à Saint-Nicolas-du-Pelem (22). Son usage a pour but de rappeler que tout commence et finit, que la fortune, le bonheur, la santé sont éphémères...
Avec l'aimable autorisation de CPA22
Pardon de Cléden-Poher, 15 août 1856:
"La procession des miracles [...] au premier rang de la procession, juste derrière la statue mais devant le clergé, se tiennent des pèlerins, hommes et femmes souvent séparés, dont certains sont pieds nus et portent un vêtement blanc, tous tenant un cierge à la main. On les appelle les "miraclou ex-voto", explique en 1856, le recteur de Cléden-Poher. Le 15 août, il peut y avoir cent cierges allumés"
Archives de l'Evêché de Quimper, 4 F5, enquête sur le culte de la Vierge, 1856
"Pardon de Cléden-Poher, 15 août 1912:
"Confessions à partir de 4 heures du matin. Messes à 4 heures, 6 heures, 8 heures, 10 heures. Dix mille pèlerins, 130 porteurs de cierges"
Journal du recteur Norgant, curé de Cléden, archives du presbytère de Cléden-Poher
Certaines coutumes très anciennes sont violemment combattues et doivent disparaître...
"Carnoët - Un arrêté du maire.
M. Guillaume Couillec, maire de Carnoët, vient, sur l'injonction de la Société protectrice des Animaux, de prendre un arrêté défendant à l'avenir de "jeter un coq à la foule du haut du clocher de Saint-Gildas", le jour du pardon de ce saint (29 janvier). L'arrêté qualifie cet usage d'"inhumanitaire". Effectivement, le coq propitiatoire à peine tombé dans la foule était saisi par les plus forts gâs et écartelé sur l'heure. Celui qui conservait la tête était honoré comme le plus fort de la paroisse pendant un an.
Personne, jusqu'à ces derniers mois, n'avait trouvé barbare cette coutume millénaire, quand un quelconque journaliste s'avisa, entre deux bocks, d'écrire là-dessus des colonnes larmoyantes qui touchèrent les vieilles baronnes de la S.P.A.. Deux ou trois de ces honorables dames qui élèvent de petits chiens en place d'enfants, accablèrent de lettres véhémentes le Maire et le Recteur de Carnoët, les sommant de mettre fin à cet affreux sacrifice [...] L'affaire fit tant de bruit que le Préfet des Côtes-du-Nord fit savoir à M. Couillec qu'il valait mieux, pour avoir la paix, donner son arrêté à la SPA. Ce qui fut fait"
Ar Bobl, 30 décembre 1912
Dernière modification le 18/03/2019