Ar Bobl (1904 - 1914)

Le journal de Taldir Jaffrennou: "le Peuple"

[PNG] ArBobl_logo_100

Identifiez-vous pour accès privé

Déconnexion.

 

14/08/2023

                             Cette page a été complétée le 27 février 2016, le 20 février 2018, le 14 août 2019

 

 

LES "ROUGES".

 

[PNG] suffrages radsoc 1902-1914

L'implantation du radical-socialisme dans les communes de la circonscription de Carhaix, entre 1906 et 1910

[PNG] radsoc circ cx 1906 1910

Au total, dans cette seconde circonscription législative de Châteaulin,  un quart des électeurs qui s'expriment, en 1906, un tiers en 1910 votent pour le candidat rouge, radical-socialiste, Nicol. Globalement, le combisme gagne donc du terrain depuis que l'Eglise catholique a perdu la bataille contre la République en 1905. Mais que de différences d'évolution et de niveau entre les 27 communes représentées sur cette carte.

Le niveau atteint par le vote radical-socialiste en 1910:

En rose: pourcentage supérieur à 66; en orange: pourcentage compris entre 50 et 65; en jaune, pourcentage compris entre 33 et 49; en vert, pourcentage compris entre 20 et 32; en bleu, pourcentage inférieur à 20

L'évolution entre 1906 et 1910: flèche rouge vers le haut: très forte croissance du vote rouge; ovale gris: hausse modérée; flèche  violette vers le bas: diminution modérée


Les têtes pensantes

 Etrangères au Poher...

Nicol

 Elections législatives de 1906 -Le candidat radical-socialiste NICOL :

   « Né à Ploumiliau, adopté par une bonne vieille tante, à l’influence de laquelle il dut d’être nommé choriste. A quelque temps de là, le R. P. Rot, des Jésuites, donnant une mission à Ploumiliau, remarqua ses bonnes dispositions et l’envoya à l’Ecole Apostolique de Poitiers ; (après avoir interrompu ses études religieuses), il se présente à l’Ecole normale […] Il entre dans l’enseignement. Pendant sa présence à Bourbriac, le juge de paix du canton fut révoqué. A Châteaulin, où il fut nommé inspecteur primaire, le sous-préfet Duval fut également suspect et révoqué »3 février

Ar Bobl, n° 39, 17 juin 1905

 

Portrait au vitriol d’un traître à la cause catholique, d’un renégat, d’un Judas Iscariote


CarhaixConférence de M. Nicol, Inspecteur primaire, sur la Mutualité scolaire :

     « La séance commence par un chant très bien exécuté par un chœur de petites filles : c’est un hymne à la Liberté […] Le Sous-Préfet dit que « grâce aux femmes, lorsque celles-ci seront devenues des mutualistes, les Réactionnaires n’étant plus soutenus par elles, rentreront au bercail du Progrès. La Mutualité, ajoute-t-il, supprimera les différences sociales, les pauvres et les riches et régénérera l’humanité » »

Ar Bobl, n° 17, 14 janvier 1905

  M. Nicol, lorsqu’il fut Inspecteur primaire en poste à Châteaulin, mena une campagne de presse dans le journal anticlérical le Réveil du Finistère contre l’Eglise. Sous le pseudonyme de Paul Louis, il publia 31 « lettres courtoises » à Mgr Dubillard, Evêque de Quimper et de Léon. Le contenu était tel que Nicol fut déplacé à Mortain (Manche). Les radicaux craignaient que le vote des femmes, "toutes imprégnées de sacristie" disait Clémenceau, favorise la droite.

 

[PNG] Nicol partant pour la gloire 5 mai 1906 85.PNG

In Ar Bobl, n° 85, 5 mai 1906

 

Lorsque Nicol est muté de Châteaulin à Mortain (Manche), sa commune de naissance, la droite catholique se réjouit:

[PNG] Nicol depart Courrier29 A 10 06 1905.PNG[PNG] Nicol depart Courrier29 B 10 06 1905.PNG

                                                                         Le Courrier du Finistère, 10 juin 1905

Mais Nicol revient en 1906 et 1910 en candidat à la députation dans la deuxième circonscription de Châteaulin. Sans succès..


Brard

[JPG] 220px-Alfred_Brard_1914

[PNG] Publicite industrielle Brard Pontivy JPY 09 04 1905.PNG

Alfred Brard (1867-1945), né à Lorient, licencié en droit, avoué puis industriel distillateur à Pontivy, radical, choisit comme fief électoral le canton de Guémené-sur-Scorff dont il devient Conseiller général en 1905. Il se présente comme "l'humble serviteur de la  République démocratique, sociale et laïque" . Il déclare n'avoir "pas d'amis à droite, pas d'ennemis à gauche" (sauf les antimilitaristes: anarchistes et socialistes de la tendance hervéïste). Après avoir échoué lors des élections législatives de 1902 et 1906, il est élu député de la deuxième circonscription de Pontivy en 1910; il est battu en 1914 et en 1919. Elu Sénateur en 1920, 1924, 1932, il devient Président du Conseil général du Morbihan (1921-1937). Titulaire de la Légion d'Honneur. Il vote les pleins pouvoirs à Pétain le 10 juillet 1940. Il appartient à la même génération politique que le carhaisien Lancien.

 

   Présentation élogieuse de Brard par le "Républicain de Pontivy", édition du 1er janvier 1905

    "Honneur ! à tous les vaillants de ce canton, auc hommes d'action et de dévouement, qui en ont fait une citadelle de la République, une forteresse où ne flottera jamais le drapeau blanc !

      Ils ont choisi M. Brard pour être leur porte-drapeau: ce choix ne peut que leur faire honneur, car M. Brard en est digne à tous points de vue.

      C'est un républicain convaincu, un ami du prolétaire, un protecteur des faibles et des déshérités. Nul n'ignore aujour d'hui la belle institution dont il vient de doter le Morbihan, le Crédit agricole mutuel , destiné à venir ene aide aux travailleurs de la terre, aux cultivateurs."

 

Nul n'est jamais si bien loué que par les siens..

                                                                          "ELECTEURS,

   Vous êtes appelés à désigner un représentant au Conseil général, en remplacement de M. Le Bris, qui a décidé de prendre sa retraite.

          M. Alfred Brard sollicite vos suffrages.

         Vous les lui donnerez. Vous déposerez dans l'urne le bulletin qui porte son nom, car l'homme vous est déjà sympathique; mais nous, qui le connaissons depuis plus longtemps que vous, qui savons ce qu'il vaut, ce qu'il est, nous considérons comme un devoir étroit de vous exposer pourquoi vous devez voter pour lui.

    Ses origines.  Alfred Brard est né à Lorient en 1867. Son âme d'enfant s'éveilla au spectacle de la mer déferlant sur les grèves de la côte armoricaine. Le drapeau tricolore, hissé au grand mât des bateaux qui  portent au loin la renommée de la France, fit de bonne heure vibrer son coeur de Breton.

 L'étudiant. Elève au Lycée de Pontivy, Alfred Brard fut un brillant sujet et contribua au succès du vieil établissement dont on fêtait dernièrement le centenaire. Promu bachelier, il compléta son instruction professionnelle à l'Ecole des Hautes Etudes Commerciales de Paris, qu'il quitta en 1888 comme élève diplômé.

       Revenu au pays, désireux de s'instruire, Brard trouvait le temps, malgré ses nombreuses occupations, d'aborder l'étude aride du droit et d'obtenir le diplôme de licencié de la Faculté de Paris.

  L'industriel - En 1889, Alfred Brard prit la direction de l'importante maison qu'il possède aujourd'hui à Pontivy et qu'il ne tarda pas à mettre au rang des meilleures marques françaises. En 1900, il fut nommé, par ses pairs, Membre du Jury, Hors Concours, à l'Exposition universelle de Paris. En 1903, Brard est élu secrétaire des Commissions d'admission et d'installation des expositions internationales de Saint-Louis (1904) et Liège (1905). Tout récemment, il remportait, à l'exposition américaine de Saint-Louis, un Grand Prix, distinction qui le classe parmi les industriels les plus réputés du monde entier.

    Elu membre de la Chambre de commerce du Morbihan, Brard est nommé Conseiller du Commerce extérieur de la France, par décret du Président de la République, du 30 janvier 1904.

    Alfred Brard, qui est Chevalier du mérite agricole et Officier d'Académie, ne manque aucune occasion d'être utile à nos concitoyens dans toutes les fonctions qu'il remplit avec zèle comme Administrateur de la Caisse d'Epargne, de l'Hôpital-hospice, de la Prison, Délégué cantonal, Suppléant du Juge de Paix, etc...

    L'homme politique - Les idées politiques d'Alfred Brard sont trop connuse pour que nous insistions. Homme de travail, de savoir et de progrès, Brard est avant tout un soldat discipliné de la pahalange républicaine. On peut fouiller son passé, on n'y trouvera jamais une atteinte aux principes de l'honneur et des vertus civiques. Brard est avant tout un caractère d'une honnêteté impeccable, d'une haute probité politique, un républicain de coeur et de conviction.

    L'ami du paysan - Alfred Brard est, dans toute l'acceptation (sic) du mot 'l'ami des paysans", non qu'il s'emploie à les flatter et à les bercer de promesses irréalisables, mais parce qu'il saisit toujours l'occasion de leur être utile par ses conseils et aussi par les larges subventions dont il sut doter les Comices agricoles.

     En outre, qui ne connaît aujourd'hui l'institution que, récemment, il réussissait à implanter dans le pays, malgré des difficultés et des résistances de toutes sortes ? Grâce à son énergie, à son opiniâtreté, le Morbihan est doté d'une Caisse régionale de Crédit agricole dont il est le Président. C'est un acte de vigoureuse initiative que ses adversaires ne lui parsonneront jamais mais c'est aussi un titre qui lui vaudra toute la reconnaissance de la Démocratie rurale.

                                                                Tel est notre candidat.

     ELECTEURS, en envoyant Alfred Brard siéger au Conseil général, dans cette Assemblée qui décide souverainement des affaires départementales, c'est-à-dire de vos intérêts immédiats, vous accomplerez une acte de sagesset et de prévoyance, car vos besoins ne sauraient trouver un défenseur plus énergique et plus dévoué.

                      Araok !   Pour Alfred Brard !

                                            Vive la République /

                                                             Une groupe de GUEMENOIS

 Journal de Pontivy et de son arrondissement, 8 janvier 1905

 

Brard travestit sa défaite de 1906 en victoire honteuse du "réactionnaire" baron de Boissieu

 

[PNG] Remerciements Brard A journal Py 13 05 1906.PNG

[PNG] Remerciements Brard B journal Py 13 05 1906.PNG

Journal de Pontivy et de son arrondissement, 13 mai 1906

 

La feuille catholique "le Courrier de Pontivy" tente d'empêcher la réélection de Brard en 1913

 

[PNG] Brard A 02 02 1913 courrier pontivy.PNG

[PNG] Brard C 02 02 1913 courrier pontivy.PNG

[PNG] Brard B 02 02 1913 courrier pontivy

[PNG] Brard 09 03 1913 courrier de Pontivy.PNG

Le Courrier de Pontivy, 2 février 1913

 


[PNG] Brard 04 05 1913 courrier de Pontivy.PNG

Le Courrier de Pontivy, 4 mai 1913

 

   Brard fut battu en 1914 par le  républicain catholique et méliniste Robic en raison de son hostilité à l'égard de l'école confessionnelle (il réclamait le droit pour les communes de moins de 3 000 habitants de décider de l'ouverture éventuelle d'une école privée), de la loi de trois ans et de son soutien au projet d'impôts sur le revenu et celui de la loi sur les allocations pour les familles nombreuses; cette dernière était considérée comme trop favorable à des ouvriers et journaliers agricole par les petits paysans propriétaires.

Des apôtres socialistes de passage..

Lemoux

[PNG] conférence socialiste Cx n° 207 20 11 1909.PNG

    L'Echo du Finistère, n° 207, 20 novembre 1909

.Poisson et Goude

Carhaix -  Conférence publique socialiste du 5 août 1910

   « L’orateur s’efforce de démontrer comment les idées socialistes pénètrent difficilement en Bretagne, même, ce qui l’étonne beaucoup, la classe ouvrière s’y montre rebelle.

    Ah ! dit-il, les réactionnaires disaient que jamais la Bretagne ne se laisserait entamer par le socialisme, car, dans cette province, l’Eglise a anémié les esprits. Ensuite l’orateur se repent amèrement de ce que les socialistes aient aidé les radicaux à conquérir le pouvoir et aujourd’hui ceux-ci n’ont qu’un souci : distribuer palmes et bureaux de tabac à foison et – chose étonnante – il n’y a pas un seul ruban pour les socialistes.  Calmez-vous, citoyen Poisson, aujourd’hui, c’est une distinction de n’avoir aucune décoration ! »

Ar Bobl, n° 294, 13 août 1910

 

[PNG] conférence socialiste Cx A n° 300 26 08 1911.PNG[PNG] conférence socialiste Cx B n° 300 26 08 1911.PNG[PNG] conférence socialiste Cx C n° 300 26 08 1911.PNG

[PNG] conférence socialiste Cx D n° 300 26 08 1911.PNG[PNG] conférence socialiste Cx E n° 300 26 08 1911.PNG[PNG] conférence socialiste Cx F n° 300 26 08 1911.PNG

Châteauneuf-du-Faou - « 200 personnes ont assisté à la conférence de Goude, député SFIO de Brest »

Ar Bobl, n° 295, 20 août 1910


 "Carhaix - Manifestation révolutionnaire - Les Jeunesses syndicalistes de Brest et de Lorient se sont réunies à Carhaix samedi 10 mai . Une réunion publique contradictoire avait pour sujet: "Face à la réaction !" . Des discours enflammés ont fait le procès du capitalisme et du militarisme. Dimanche matin, un défilé, drapeau rouge en tête, au chant de l'Internationale, a fait le tour de l'église alors que les fidèles assistaient à la grand messe".

Ar Bobl, n° 439, 17 mai 1913 

Le paysan et le socialiste

"Un des gros bonnets de la Sociale qui sévit à Brest, a honoré la commune de sa présence, le jour de la fête de Noël et a profité de cette circonstance qui lui amenait du public au bourg pour parler du "Socialisme Agraire".

  Universel, ce citoyen ! Il parle de tout, il connaît tout, même l' agriculture !. Après la grand messe, le socio rencontre un cultivateur sur la place.

 - Et bien, camarade, j'espère que tu vas t'émanciper et entrer dans la Section du Parti.

- Te lar gwir, fri hir (1)

- Oui, oui, camarade, je le sais, tu es exploité, tu es misérable, viens avec nous, nous te libèrerons de l'esclavage.

- Poent eo d'in mont d'ar ger

Rak ma amzer a zo ber (2)

- C'est cela, tu y consens. Je t'inscris dans la CGT.

- Baëez ket eur bannac'h ? (3)

- Le cléricalisme uni au capitalisme..

- Dites-donc, citoyen, puisqu'il faut vous parler français, je vous invite à venir me voir demain à Kerginouglep. Puisque vous êtes si bien disposé pour les paysans, vous ne refuserez pas de me donner quelques petits avis sur les sujets suivants.

J'ai une affaire de bornage de prairie avec mon voisin Jean Penndanvad. Vous ferez le petit travail - contre rétribution bien entendu.

- Bigre.

- Ensuite, j'ai quelques arbres de hêtre à abattre; je désirerais que vous les cubiez, puisque vous connaissez la question agraire - contre rétribution bien entendu.

- Mâtin.

- Puis, en fin de compte, j'ai une lande que je désire écobuer. C'est un travail assez rude, mais aussi je veux mettre en pratique vos conseils et faire rendre à la terre tout ce qu'elle peut donner. Malheureusement, mon fils est allé au régiment, il me manque un homme. Vous êtes râblé, dispos, bien nourri et bien casé à Brest sans doute, vous prenez du repos quand vous voulez... Citoyen, je vous embauche demain; j'ai là la houe de mon fils, une bonne houe allez, que je vous réserverai - contre rétribution, bien entendu.

- Dis donc, bonhomme, je t'ai écouté en patience, mais il ne faudrait pas me prendre pour un autre, hein !

Le Paysan s'en va en chantant: D'eomp d'ar gêr, Pierrick, pendant que le grand chef socio lui décoche une bordée de gentillesses:

"Animal, cheval, clérical, sacristain, barbe, doublure, angle obtus, infâme ca-pi-ta-lisse"

Ar Bobl, n° 262, 1er janvier 1910

 

(1) Tu es dans le vrai, long nez

(2) Le moment est venu pour moi de rentrer à la maison car j'ai peu de temps

(3) Tu ne paies pas un coup à boire ?

 

...huelgoataines

[PNG] Huelgoat fegean courrier29 A 06 05 1905.PNG[PNG] Huelgoat fegean courrier29 B 06 05 1905.PNG                                                                                        Le Courrier du Finistère, 6 mai 1905


....carhaisiennes

Carhaix  - « Conférence Jouy, rédacteur en chef du Réveil du Finistère, invité par De Jaegher, vice-président de la Ligue des Droits de l’Homme, médecin et adjoint au maire, et par Lefranc, franc-maçon. Frère Lefranc, président du Cercle radical et de la Ligue des Droits de l’Homme, le misérable qui s’est caché dans une ferme du château  de Kergoat en Saint-Hernin, pour faire la campagne de 1870.

      Il y a dans la salle 100 personnes, dont 40 enfants, 3 ou 4 ouvriers des chemins de fer. Les travailleurs de Carhaix n’ignorent pas quels braves raseurs sont les conférenciers anticléricaux et antipatriotes. Jamais de leur vie, ils n’ont touché un outil et quant à s’occuper de l’ouvrier, c’est peau de balle et balai de crin »

Ar Bobl, n° 69, 13 janvier 1906

Le "Réveil du Finistère" est honni d'ar Bobl qui le qualifie de "Réveil blocard", c'est-à-dire inféodé au Bloc des gauches.  De Jaegher est un protestant dont la famille est venue de Morlaix. La guerre de religion entre catholiques et huguenots se poursuit sur le terrain politique: les recteurs sont, pour la plupart monarchistes, les protestants républicains "avancés" (radicaux-socialistes)

L'hebdomadaire morlaisien de droite catholique l'"Echo du Finistère" fustige lui aussi les péroreurs radicaux Jouy et Lefranc

[PNG] Jouy Lefranc conférence Carhaix n° 6 13 01 1906.PNG


Carhaix - Ar Bobl présente son ennemi  politique juré :

      « Louis Lefranc, ancien maire de Saint-Hernin, ancien Président du Cercle radical de Carhaix, de la section carhaisienne de la Ligue des Droits de l’Homme, membre de la Caisse des écoles, délégué cantonal de l’enseignement primaire »

  Ar Bobl, n° 157,   28 septembre 1907

 

     « Un saint homme : Lefranc, ex-maire de Saint-Hernin […] est passé maître dans l’art de dresser des fiches. Jusqu’à présent, tout le monde pensait que membre de la Ligue des Droits de l’Homme, franc-maçon, fichard et enfonceur de portes ouvertes, tout cela c’était kif-kif. Rigide citoyen Lefranc, vous nous restez donc à Carhaix, à moins que par un bon mouvement, peut-être le seul de votre existence, vous ne préfériez débarrasser cette cité de votre encombrante personnalité. On mobiliserait tout pour vous conduire solennellement à la gare : la musique, les pompiers, le Cercle, le patronage, les cloches de Saint-Trémeur et le reste ! »  .

Ar Bobl, n° 70, 20 janvier 1906

« le mariage socialo-anticlérical-bourgeois : le Cercle radical-socialiste fut fondé par  Louis Lefranc et ne cessa de comprendre la crème de certains fonctionnaires et pédagogues de la Cocotte ainsi que de tous les étrangers qui, d’aventure, venaient s’installer à Carhaix »

Ar Bobl, n° 111,  10   novembre  1906

 Le Courrier du Finistère renchérit (18 juin 1904)

"le cercle radical-socialiste de Carhaix, composé essentiellement de budgétivores de toute farine et de gens étrangers au pays"

En 1907, Lefranc obtient le retrait du jury du Certificat d’Etudes de l’adjoint radical au maire de Carhaix, en prétextant que les enfants de celui-ci sont scolarisés à l’école libre et que l’homme interdit à ses ouvriers de se syndiquer [1].  L’un des innombrables procès de presse opposant François Jaffrennou et Louis Lefranc se termine ainsi : «Ar Bobl s’en tira avec les dépens plus 100 F de dédommagements que Lefranc utilisa le vendredi-saint suivant en convoquant ses amis à un banquet au cours duquel la viande fut servie en abondance : « Ce repas-là, dit-il, nous est offert par Taldir » » [2].



[1]   Ar Bobl, n° 143, 22 juin 1907

[2]   Lucien Raoul, un siècle de journalisme breton, Le Signor, le Guilvinec, 1981, p. 490


 

 Né en 1859 à Mortain (Manche), Louis Lefranc, parvenu à Saint-Hernin en 1870, entreprend la conversion politique de sa commune d'adoption, en devient le maire en 1881, épouse une riche veuve de Saint-Hernin et flirte avec le boulangisme dans les années 1885-89. Il est écarté de la mairie  par son beau-fils en 1888 et, après avoir sollicité en vain des Préfets successifs du Finistère, des "places", c'est-à-dire des sinécures, se fait marchand de biens à Carhaix...

   Il fait tant et si bien qu'il heurte, en 1903, maints notables qui ne sont pas tous du même bord politique. En témoigne cette lettre adressée au Préfet du Finistère:

" La "Dépêche de Brest annonçait récemment que Monsieur Lefranc était nommé Délégué cantonal du Canton de Carhaix. Aucune communication officielle n'est venue confirmer ou infirmer cette nouvelle.

 Les Délégués cantonaux soussignés, convaincus qu'un tel choix ne peut être que nuisible à la cause de l'enseignement laïque et à la bonne garde des intérêts qui ressortissent à leur  compétence, protestent énergiquement contre la nomination d'une personnalité qu'aucun titre ne semblait désigner à cette fonction honorifique et refusent de s'associer à elle dans l'accomplissement de leur mission toute paternelle.

 En conséquence, Monsieur le Préfet, ils ont l'honneur de vous offrir leur démission collective si vous croyez devoir ratifier le choix de Monsieur Lefranc comme Délégué cantonal du canton de Carhaix et vous prient d'agréer l'hommage de profond respect.

    Anthoine, Bellec, Marchais, Mélou, Le Janne, Nédellec"

Archives départementales du Finistère, 1903, 1 T 17

Anthoine est le maire radical de Carhaix, Mélou, l'un de ses adjoints, Bellec, le maire radical de Poullaouen, Marchais et Le Janne, conseillers municipaux catholiques de Carhaix

 

[PNG] Carhaix Anthoine Lefranc 02 07 1904.PNG

                                                                       Le Courrier du Finistère, 2 juillet 1904

Le trublion Lefranc meurt vers 1910-1911.

Autre "rouge", toutefois  moins vif que celui des radicaux-socialistes : le maire de Carhaix, Anthoine, conseiller général de 1900 à 1904, Président du Cercle radical de Carhaix, de la section locale de la Ligue des Droits de l'Homme, suupléant du juge de paix de Carhaix, Membre de la Chambre de Commerce de Morlaix, ancien Vice-Président de l'Association agricole du canton de Carhaix. Il démissionne de la Mairie en 1906 et meurt fou en 1908.

Les instruits

Carhaix: : M. Janvrais, qui, semble-t-il, a tourné casaque...

 

[PNG] un carhaisien prudent 31 10 1908                                                                         Ar Bobl, 31 octobre 1908


Poullaouen - « Le peuple des campagnes a trop longtemps vécu dans l’ignorance des avantages que la République met à sa portée. Nous désirons l’éclairer, l’émanciper, le rendre indépendante et libre -     Le comité radical de Poullaouen. Président : Hervé Hourmand ; secrétaire : Jean Louis Le Guillou ; vice-président : Henri Chopin ; trésorier : Jean Louis Guillemin »

Ar Bobl, n° 122, 26 janvier 1907

 Les deux derniers nommés sont instituteurs publics. Chopin est protestant et Guillemin, athée.. 

 

[PNG] Carhaix manif anticlericale A 21 05 1904.PNG

[PNG] Carhaix manif anticlericale B 21 05 1904.PNG

[PNG] Carhaix manif anticlericale C 21 05 1904.PNG

 

                                                                  Le Courrier du Finistère, 21 mai 1904

   La Roche Tarpéienne prend place le 31 juillet 1904 lorsque Anthoine, conseiller général sortant, est battu par un conseiller municipal élu sur sa liste, le docteur Lancien; Anthoine en devient littéralement fou et doit démissionner de ses fonctions de maire en 1906.

 

Les groupes de pression :

Carhaix – « Banquet de la Société des Droits de l’Homme, droits dont un grand nombre des dits ligueurs se f…. comme d’une guigne »

Ar Bobl, n° 167, 7 décembre 1907

 

Carhaix – Comité Mascuraud

   « Il fut fondé à Carhaix en 1910 – Parmi les 30 adhérents : Président : Le Bellec, maire de Poullaouen ; Secrétaire : Morvan, pharmacien »

Ar Bobl, n° 479, 21 février 1914

 

Carhaix – Une réunion féministe

     « Elle a eu lieu à Carhaix le jeudi 8 avril. Pour la plupart institutrices, ces dames écrivent que la femme est odieusement persécutée et exploitée. Pour montrer combien elles ont l’esprit « fort », elles n’ont trouvé rien de plus intelligent que de banqueter le Jeudi Saint et d’organiser un bal la veille du Vendredi Saint, veille justement de la mort de Celui-là même qui les émancipa il y a 1900 ans. Avant Jésus, ignorent-elles quelle place inférieure la femme occupait sur terre. C’est Lui et ses disciples occidentaux qui ont posé le principe de l’égalité des sexes.. Un ami des Dames » 

Ar Bobl, n° 224, 10 avril 1909

L'hebdomadaire morlaisien de droite catholique "l'Echo du Finistère" relate le même fait dans son numéro 176, daté du 17 avril 1909

[PNG] réunion féministe n° 176 17 04 1909.PNG

 La presse:
 "Poullaouen: Les prêtres diffamés par le Réveil du Finistère obtiennent réparation en justice"

 Ar Bobl, n° 240,  31 juillet 1909

  Taldir applaudit à la déconfiture de ceux qu'il appelle les "journaux prêtrophages" 

Ar Bobl, n° 218, 27 février 1909 


"Procès de presse - Vendredi 12 janvier - Tribunal correctionnel de Châteaulin - Jugement dans l'affaire intentée par M. le curé de Châteauneuf-du-Faou contre l'"Eclaireur de Morlaix". L'auteur de l'article accuse le chanoine Péron, curé de Châteauneuf, de s'être querellé avec un autre prêtre et d'avoir menacé de le battre, ajoutant que les prêtres se livrent à un honteux trafic et ne sont attachés qu'aux biens de la terre. Le tribunal condamne M. Le Bras, gérant de l'Eclaireur du Finistère, à 16 F d'amende, un franc de dpmmages et intérêts demandés par le chanoine Péron et aux frais de la procédure"

Semaine religieuse de Quimper et du Léon, 24 janvier 1913

 

Des maires...

    "M. Le Bec, l'excellent maire de Landeleau, est l'objet des attaques des cléricaux et particulièrement de l'Evêque"

Rapport du Sous-Préfet de Châteaulin au Préfet du Finistère, 1er novembre 1906, archives départementales, 1 M 135

 

M. le maire de Loqueffret

[PNG] Loqueffret maire tyranneau A Courrier29 25 04 1908.PNG[PNG] Loqueffret maire tyranneau B Courrier29 25 04 1908.PNG

                                                                                                    Le Courrier du Finistère, 25 avril 1908

Le peuple

Scrignac -  Paotred ar chadenn [1]

     « La société des « Paotred ar chadenn » a pris naissance à Scrignac, berceau du républicanisme dans la Cornouaille. Scrignac était, il y a quelques années, considérée avec raison comme la commune la plus républicaine de la Montagne et cela grâce aux efforts persévérants du pur républicain que fut son ancien maire, le père Thos [2].

   A partir du décès de ce vieux radical, les cléricaux […] ont redressé la tête et la plupart de nos édiles scrignaciens qui ont cependant élus sur des programmes républicains cèdent à la pression réactionnaire, trahissant leurs engagements.

  Bénévolement, ils se font de la sorte les complices des meneurs du parti de la marche à rebours, « républicains habillés d’une chemise de réactionnaire » selon l’expression pittoresque courante en Cornouaille.

  C’est pour arrêter ce mouvement de recul que les disciples de Thos ont décidé de se grouper sous le nom de « Paotred ar chadenn » afin de faire revivre à Scrignac le règne des saines idées républicaines et radicales »

Ar Bobl, n° 58, 28 octobre 1905

[1] les membres de la chaîne   [2] Maire de Scrignac de 1878 à 1896

Scrignac : un fief « rouge », successivement républicain (1871-1901) quand la droite était monarchiste, radical (1902-1924) quand la droite était « progessiste », radical-socialiste (1925-1935) quand la droite était libérale, socialiste (1936-39) quand la droite était radicale, communiste (1945- 1958) quand la droite était socialiste

 

Scrignac – Réponse aux « paotred ar chadenn » 

    « Qui fut le premier maire républicain de Scrignac ? Si cet individu fut le père Thoz lui-même, dit « la maille », il n’y a pas de quoi se vanter. Le vieux Thoz était un temps renommé pour être un sorcier, un devin, une espèce de charlatan qui donnait à croire aux paroissiens le contenu d’un livre de nécromancie de sa façon, attaché à l’aide d’une chaîne en or. Dans ce livre étaient décrits le temps passé et l’avenir. Beaucoup d’intéressés venaient consulter ce livre et laissaient dans ce piège de l’argent pour emplir la poche de Thoz »

Ar Bobl, n° 66, 23 décembre 1905

 

Haine du prêtre, de la religion, des "bourgeois"...

 

Spézet – D’un lecteur, à propos du pardon de Notre-Dame du Crann :

   « La Vierge fait des affaires. Elle n’aime pas… vous savez quoi, malgré qu’elle eut un enfant naturel » (sic)

Ar Bobl, n° 234, 19 juin 1909

 

Plouyé – Exploit d’apache

     « Exploit d’apaches – Pendant la nuit du 1er au 2 avril, une bande de jeunes gens a parcouru le bourg en criant et chantant des choses abominables, cette scène a duré de 11 H 30 du soir à 2 H 30 du matin. Ils se sont arrêtés à trois reprises devant le presbytère. M. Soubigou, vicaire, s’est levé et est descendu dans la cour. Il a été assailli à coups de pierre et blessé à la main. Non contents de tenir des propos orduriers, ils ont proféré des menaces à l’égard des prêtres. Les individus sont connus et leurs noms ont été livrés à la gendarmerie ».     

  Ar Bobl, n° 275, 2 avril 1910


Carhaix - «  Le drapeau rouge »

« Il a fait pour la première fois son apparition à Carhaix mercredi 1er mai à 11 H du matin; une manifestation organisée par le Parti socialiste ouvrier a parcouru les principales rues de la ville au chant de l’Internationale.. Les manifestants étaient au nombre de 200 »  

Ar Bobl, n° 384,   4 mai 1912

   Né fugitivement sous la Grande Révolution (peut-être le Dix Août 1792), puis lors des obsèques du Général républicain Lamarque (1832), apparu au grand jour en 1848, puis sous la Commune de Paris (mars-mai 1871), ce drapeau, trempé dans le sang des révolutionnaires massacrés, appelle à verser le sang des classes nanties, noblesse, bourgeoisies, clergé et de leurs auxiliaires: les soldats de métier.

     Ce drapeau, qui est celui des socialistes les plus violents: les marxistes, s'oppose au drapeau tricolore, inacceptable aux yeux des partisans du drapeau rouge, parce que le rouge ne saurait voisiner avec le blanc des nostalgiques de la monarchie d'Ancien Régime ou le bleu de de la bourgeoisie républicaine, grande bénéficiaire de la Révolution de 1789

   Sur le passage de ce cortège qui doit compter bon nombre de cheminots, d'ouvriers d'ateliers, peut-être un instituteur, on imagine des fenêtres se fermant. des passants pressant le pas ou murmurant des insultes... Première vision du "Grand soir". certains  rappellent que la guillotine, venue en charrette de Quimper, avait été montée le 12 octobre 1792 sur la la future place de la Tour d'Auvergne....



 

 






Dernière modification le 14/08/2019

Site motorisé par ZitePLUS 0.9.1