Ar Bobl (1904 - 1914)

Le journal de Taldir Jaffrennou: "le Peuple"

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14/08/2023

Cette page a été complétée en mars 2017

 

a) Difficultés spirituelles et morales  éprouvées par les prêtres :

  • Symptômes

   « Décrochage religieux. Tradition chrétienne, mais de routine et non de foi éclairée […] (Est né) un autre homme pour qui la foi religieuse n’est plus ni foi ni conviction. Perte du sens du sacré. Prêtre non craint et non cru »

   Rapport du curé de Carhaix à l’Evêque, 1906, archives du presbytère de Carhaix

   Le recteur de Cléden-Poher note en 1912 :

 « Très peu de monde aux offices le jour du premier de l’an. Un usage ridicule que j’ai constaté dans la paroisse : l’habitude qu’ont les femmes d’embrasser les prêtres, même en plein bourg, pour leur souhaiter la bonne année. Usage à détruire et soyons sur nos gardes l’an prochain »

      En 1906, dans son Journal, le recteur de Plouyé déplore que

« les confessions  ne soient ni nombreuses ni sincères […] La foi n’avait guère de racines profondes dans les âmes, la religion de beaucoup n’était qu’un simple vernis, puisque les premières bourrasques du laïcisme ont suffi à les détacher du tronc de l’Eglise »

 

   Et en 1909, le même notable constate amèrement que « deux hommes pris de boisson se sont présentés au confessionnal ; priés de s’en aller, ils ont juré de ne pas revenir ».

 

« Etat religieux de la paroisse de Poullaouen, 1910 :

« Elle passe depuis de très longues années pour l’une des moins ferventes du diocèse de Quimper. Mais ces vingt dernières années ! La foi semble encore s’être affaiblie. Les pratiques religieuses ont beaucoup diminué…[…]

   A Pâques, on compte près de 1600 communions de grande personnes ; d’après le chiffre de population, il devrait y en avoir 2200 communions ; on atteignait ce chiffre en 1884 […] L’abstinence, même celle du vendredi est violée dans un grand nombre de familles plusieurs fois dans l’année […] Pendant la moisson ou la fenaison, le travail du dimanche est devenu presque général. Inutile  de dire qu’à cette époque de l’année, l’assistance à la messe est très réduite, beaucoup de ceux qui assistent à la messe en hiver n’y viennent pas en juillet, août, septembre […]

    Catéchisme : le clergé a les plus grandes peines à obtenir l’assiduité au catéchisme ; il y a des circonstances atténuantes dans une paroisse où il y a de si fortes distances et de si mauvais chemins »

Journal des recteurs de Poullaouen, 1910, archives du presbytère

 

   En 1909, sur les 30 enfants du Poher non admis à faire leur communion solennelle pour ignorance, 26 habitent le doyenné d’Huelgoat .

    Le recteur de Landeleau contre-attaque en 1907 :

   « Le recteur ayant souvent, durant le temps du catéchisme, prévenu les parents de l’ignorance bien profonde des enfants, de leur devoir absolu d’apprendre le catéchisme à leurs enfants et voyant qu’ils ne tenaient aucun compte et que par suite d’un esprit mauvais répandu surtout par l’instituteur, ils regardaient l’instruction religieuse comme une science de superfétation, dont il suffisait d’avoir une teinture quelconque pour attraper ses Pâques et dont on n’avait que faire ensuite, refusa dix-sept enfants pour la première communion.

     Ce n’était pas l’habitude : tout au plus refusait-on un ou deux ou trois tout au plus…Ce que l’on prévoyait arriva : démarches de parents pleins de colère hautaine et accompagnées presque d’insultes pour dire ou plutôt pour ordonner de recevoir leurs enfants. Rien n’y fit et les refusés demeurèrent refusés […] Le mal qui en résulta fut d’aliéner les esprits contre le clergé, d’attirer leur rancune, leur haine, leurs calomnies, mais c’était un mal nécessaire. L’on entendit des parents avouer que leurs enfants ne savaient rien. »

Journal, 1907,  presbytère de Landeleau

 

La carte ci-après est bâtie à partir des renseignements fournis par les recteurs de paroisses lors de l’enquête canonique de 1909 ordonnée par Mgr Duparc, Evêque de Quimper et du Léon.

    Il semble que, contrairement à ceux du Léon, les paroissiens du Poher opèrent un tri entre pratiques fondamentales (Pâques, Communion solennelle, baptêmes, mariages et enterrements religieux) et pratiques « secondaires ».

     En effet, des enfants sont seulement présents physiquement au catéchisme du jeudi matin, quand ils ne font pas catéchisme buissonnier ; les femmes ont d’autres occupations plus pressantes que les retraites fermées de prières ; le vendredi saint passe à peu près inaperçu (on fait « maigre », mais on ne se rend pas à l’église l’après-midi) ; les prêtres ont dû renoncer à la récitation du chapelet et une minorité au moins des paroissiens n’entendent plus jamais la lecture de la « vie des Saints », qui constituait, avec les leçons  du catéchisme et l’Evangile commenté du dimanche, leur principale source de nourriture spirituelle.

On s'émeut à Cléguérec, "cité depuis longtemps républicaine", du déclin du souvenir des morts et du mauvais état du cimetière

   "La Toussaint - [...] Les allées funèbres de la nécropole cléguérécoise n'étaient pas trop bien entretenues et, de ci, de là on remarquait des tas de ronces ou des pierres tombales éparses qui faisaient le plus mauvais effet. [...] Combien de tombes abandonnées, de croix brisées..."Il y a des morts auxquels nul ne songe. Il y a des morts que tous oublient. Il y a des morts que nul n'aime" [...] et pendant ce temps, de vieilles dames en pleurs s'en vont à Neuilly au cimetière des chiens porter des gerbes de fleurs très chères sur le mausolée magnifique d'un lévrier ou d'un caniche"..

  Un mot pour terminer. Le gardien du cimetière, si gardien il y a, ne pourrait-il pas s'occuper avec plus de soin des quelques légers travaux qui lui incombent avant la fête de la Toussaint : nettoyage et ratissage des allées, enlèvement des ronces, entretien des tombes délaissées, etc... ? Cela nous dispenserait d'entendre des réflexions dans le genre de celles-ci:" A Cléguérec, on n'a pas le respect des morts" ou bien encore: "A la campagne, on aime bien les morts, mais on est indifférent".

   L'indifférence est pire que l'oubli, quand il s'agit des morts et le culte des disparus doit toujours rester dans nos coeurs. 

     Un groupe de visiteurs"

 Journal de Pontivy et de son arrondissement, 17 novembre 1907   

(Cette feuille pontivyenne est républicaine, donc peu soucieuse de sympathies à l'égard du clergé, du culte, des fêtes religieuses, des fidèles)

  Ploerdut

"Le cimetière -   A Ploerdut, le fossoyeur municipal est une femme. On est féministe ou on ne l'est pas. Monsieur le maire est pour le féminisme. Mais ce détail nous importe peu. Ce qui nous intéresse davantage et de plus près,  c'est la manière dont se font les sépultures.. Il y a là une question d'hygiène et aussi de respect dû aux morts. Ce qui nous permettra quelques critiques à l'endroit de l'administration municipale qui se montre sur ce point d'une négligence par trop blessante.

1°) Le cimetière est, de l'avis de tout le monde, insuffisant pour donner une sépulture convenable aux morts de la commune qui sont enfouis les uns sur les autres, pêle-mêle, sans ordre.

2°) Il n'y a pas l'espace voulu entre les tombes. A chaque nouvelle tombe creusée, on découvre trois ou quatre châsses contigües. On voit alors une tête qui sort d'une bière, à l'autre extrémité, ce sont des pieds que l'on découvre. Quel spectacle !

3°) Pour creuser les tombes, le sol est à peine gratté; et c'est littéralement au ras de terre que l'on ensevelit les cadavres.

4°) Ajoutez à ce tableau déjà horrible la présence du troupeau considérable de tous les porcs du bourg de Ploerdut qui semblent avoir élu domicile dans ce cimetière. Admirez ces porcs qui labourent constamment le champ des morts pour y découvrir les ossements, d'ailleurs faciles à trouver. Et vous aurez une faible idée de l'incurie de nos édiles.

5°) [...] Inutile de dire qu'il s'échappe des flots d'émanations  pestilentielles et morbides, capables d'infecter toute la région.

6°) On enterre dans les allées aussi bien qu'ailleurs. Aussi ne peut-on faire un pas dans le cimetière sans fouler du pied deux ou trois tombes. A chaque pas que l'on fait, on piétine malgré soi les cendres des aïeux.

 M. le maire ne pourrait-il pas consacrer de temps en temps un quart d'heure à l'inspection du cim etière ?"
  

Echo du Morbihan, 15 août 1909

 

En bref, le déclin de la religion est perceptible dès avant la Grande Guerre dans le Poher.

 

Aucune paroisse ne trouve pleinement grâce auprès de son berger. Cela étant, des disparités entre communes apparaissent…

                       








Dernière modification le 24/11/2018

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