Ar Bobl (1904 - 1914)

Le journal de Taldir Jaffrennou: "le Peuple"

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14/08/2023

 

                                                  Page complétée en février et mars  2017, en février 2018, en mars 2019


   Afin d'avoir un regard le plus étendu possible, on a eu recours à des entrefilets de journaux morbihannais de la "Belle Epoque"

 

1)  La mort….

a) Accidentelle

Le dangereux métier de carrier à Gourin..

"TERRIBLE ACCIDENT DE CARRIERE -Gourlaouen Pierre, âgé de 21 ans, employé à la carrière de M. Conan, à Menez-Clun en Gourin, était occupé avec quatre autres ouvriers à faire monter d'un puits de 30 mètres de profondeur, un bloc d'ardoises pesant près de 800 kilos. Gourlaouen devait, lorsque cette énorme pierre serait suspendue à la chaîne de la grue, la diriger lentement sur un chariot pendant que ses compagnons de travail la feraient redescendre. Cette manoeuvre réussit très bien, mais la pierre était trop lourde pour le chariot qu'elle fit pencher légèrement: une clavette se retira et le pont-levis sur lequel les ouvriers se trouvaient s'abaissa et le malheureux jeune homme tomba avec le bloc d'ardoises et le chariot dans le trou béant. Ses compagnons qui venaient de l'échapper belle, se portèrent au secours de Gourlaouen, mais celui-ci ne donnait plus signe de vie. La mort avait été instantanée.

  L'infortuné jeune homme était revenu du service militaire comme soutien de famille il y a dix jours à peine."

      Le Républicain de Pontivy, 15 octobre 1905

Meslan:

      "Un accident mortel est survenu mardi matin au village du Runo. Madame Dréant, ménagère, voulut monter dans le grenier de son écurie afin de voir si ses poules avaient pondu. Elle grimpa donc par la fenêtre mais  tout à coup ses voisins entendirent un bruit sourd. Ils accoururent aussitôt et trouvèrent la malheureuse étendue sans connaissance sur le sol. Près d'elle étaient deux grosses pierres qui s'étaient détachées de la maison. L'une lui avait fait à la tête une profonde blessure. [...] L'infortunée ménagère rendait le dernier soupir deux heures plus tard.

  Ele était âgée de 42 ans et était mère de quatre enfants. Son mari est parti il y a trois semaines pour chercher du travail du côté de Lorient"

Le Réveil de Pontivy, 26 mai 1912

 Guiscriff:

                    "Horrible mort d'une femme - La nommée Huiban Marie, 75 ans, célibataire, demeurant à Penguily, en Guiscriff, fut mordue à la jambe, ces jours derniers, par un chien de berger.

             Afin de cautériser la plaie, Marie Huiban versa du pétrole sur la blessure et ensuite y mit le feu. Aussitôt les flammes jaillirent et prirent à ses vêtements.

         A ses cris, des voisins accoururent, mais la pauvre femme succombait à ses brûlures avant que l'on ait pu éteindre le feu" 

                          Echo du Morbihan, 25 septembre 1909

Priziac:

       "DEVOREE PAR UNE TRUIE - Dans la journée de lundi une domestique de M. Yves Caubic, cultivateur

à Kerlocazo, en Priziac, déposa dans l'écurie de son maître un enfant du sexe féminin. Des voisines entendant les cris de l'enfant nouveau-né, pénétrèrent dans l'écurie et trouvèrent la domestique Marie Josèphe Cadet, agonisante, par suite d'une hémorragie qui s'était déclarée.

    En même temps, un spectacle horrible s'offrit à leur vue. Une truie, qui était dans l'écurie, était en train de dévorer l'enfant. La bête avait déjà mangé les deux pieds de la petite fille jusqu'au-dessus de la cheville. La mère et l'enfant furent immédiatement transportées à la maison, mais malgré les soins qui leur furent prodigués, la mère mourut presqu'aussitôt et la fillette quelques instant après."

                 Echo du Morbihan, 14 novembre 1909

Kergrist:

     "UN CULTIVATEUR MEURT ETOUFFE - Ces jours derniers, M. Julien Le Sourn, 48 ans, cultivateur au Lié en Kergrist, avala par mégarde un petit os qui lui resta dans la gorge. L'intervention d'un chirurgien fut jugée nécessaire et une opération fut pratiquée. Malheureusement, tout a été inutile et le malheureux cultivateur  est mort hier des suites de ce terrible accident"

Le Réveil de Pontivy, 31 mars 1912

 

Meslan:

    "TREIZE MAISONS BRULEES - Un incendie  a détruit, vendredi 3 septembre, à 1 heure de l'après-midi, une partie du village de Kervellen, en Meslan. Deux femmes ont trouvé la mort dans les flammes, sans avoir pu être secourues.

    Les immeubles incendiés consistent en treize bâtiments formant l'habitation et les dépendances des fermes Perrou, Louis Stéphan, Perron, Louis Daniel et veuve Bacon. Le bétail seul, qui était aux champs, a été préservé.. Les victimes sont: Mathurine Le Guiff, veuve Cloarec âgée de 43 ans et Louise Le Marre, âgée de 24 ans. En voulant sauver un banc-coffre renfermant leurs vêtements, elles se sont trouvées emprisonnées à l'intérieur de la maison, par l'écroulement de la toiture en chaume, qui, en tombant, a complètement obstrué la porte. La veuve Cloarec était mère de quatre enfants, dont le plus jeune est âgé de 10 ans. Les pertes des sinistrés s'élèvent à 14 000 francs (1), non  compris celles du propriétaire. Il sont tous assurés.

  Lorsqu'on a retiré les cadavres des décombres, ils étaient méconnaissables. Ils ont pu être identifiés au moyen de leurs sabots"

L'Echo du Morbihan, 12 septembre 1909

(1) 14 000 francs-or équivalent, en pouvoir d'achat de 2016, environ 280 000 euros

 

 Les expéditions coloniales : "l'or et le sang de la France" (Clémenceau)

"LE FAOUET -Parmi les légionnaires tués dans l'un des derniers combats au Maroc, se trouvait le légionnaire Jamet, dont la famille habite le village de Kerdudou, au Faouët.

  L'infortuné  Jamet n'avait plus que cinq ans de service à faire pour avoir droit à une pension. Il avait sept frères ou soeurs. L'un est gendarme à Etel, un autre marin et détaché à Madagascar, un troisième ouvrier à l'arsenal de Lorient"

  L'Echo du Morbihan, 28 mai 1911


b) par suicide

"Notes d'un passant - Les désespérés

   Ceux qui lisent dans les journaux la chronique du suicide, ont pu se convaincre, comme moi, de cette triple vérité: les campagnards se tuent moins que les citadins, les femmes moins que les hommes, les gens mariés que les célibataires.

   Simple constatation: les campagnards boivent moins que les citadins; les femmes boivent moins que les hommes; les gens mariés boivent moins que les célibataires.

    Il est facile de tirer la conclusion de ce triple rapprochement."

   Le Journal de Pontivy et de son arrondissement, 23 octobre 1910


[PNG] suicide etat civil

 

 

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Des cas de suicide, relevés dans des journaux du Morbihan et du Finistère...

Mellionnec:

  " Un pendu -  Le nommé Le Poul Jean, 50 ans, cultivateur à Restambleysse, en Mellionnec (Côtes-du-Nord), a été trouvé par le sieur Le Fur François, cultivateur, pendu à une branche d'arbre, situé à Kerleau en Persquen. Le malheureux était parti de son domicile le 28 juillet, vers 6 heures du matin, emportant avec lui une somme de 510 Fr (1)., destinée à acheter des boeufs. On n'a trouvé dans ses poches que la somme de 3 fr. 15.

   Le Poul, à son retour de la foire de Bubry, rentra chez Mme Le Lorrec, femme Le Nezet, débitante, au bourg de Persquen pour prendre une consommation et, avant de partir, il lui dit qu'il avait perdu de l'argent mais sans dire quelle somme. Sa famille fut prévenue. Son gendre, le sieur Faliguerho, 30 ans, cultivateur à Restambleysse, reconnut le cadavre de son beau-père et déclara que, sans doute, le chagrin d'avoir perdu son argent l'aurait poussé à se suicider"

                      Echo du Morbihan, 8 août 1909

(1) 510 F-or de 1909 "valent" (en pouvoir d'achat) environ 10 200 euros de 2016

Gourin:

  "UNE VIEILLE FEMME TUEE PAR LE TRAIN - Louise Jaouen, veuve Le Floc'h, âgée de 66 ans, habitait le village de Kerflous situé à 3 kilomètres de Gourin, sur le bord de la voie. Dimanche après-midi, [...], au moment de l'arrivée du train de 2 heures et demie qui va sur Carhaix, et attirée sans doute par la locomotive, la pauvre vieille franchit le ballast comme si elle voulait en finir avec la vie. La locomotive la heurta près de la tempe et la rejeta sur le côté; le chasse-pierres lui fit une plaie béante au genou et la roue lui broya une main, malgré les efforts du mécanicien qui essaya inutilement d'arrêter sa machine [..]

   La malheureuse avait cessé de vivre. [...] Le juge de paix et son greffier firent une enquête rapide et apprirent que, par suite de chagrins domestiques et de son âge avancé, Louise Jaouen avait de temps à autre des idées bizarres et parlait souvent d'en finir en se jetant sous le train. C'est probablement dans un de ces moments de folie que la pauvre vieille s'approcha du train et se fit tuer"

                                 Progrès du Morbihan, 10 avril 1909

 

   Plounévézel:

  "Suicide d'un vieillard - Plusieurs fois déjà, Vincent Le Berre, âgé de 73 ans, journalier, demeurant au Pont-Neuf, en Plounévézel, ne pouvant plus travailler, avait manifesté l'intention de mettre fin à ses jours; car, disait-il, il ne voulait pas être à la charge de sa femme. Pourtant, il profitait d'une petite somme de 20 francs de l'assistance publique. Mais personne ne faisait attention à ses propos.

    Cependant, échappant à la surveillance de sa femme, il s'est pendu, samedi, à l'échelle de sa chambre"

                                   Courrier du Finistère, 24 octobre 1908 

Langoëlan:

    "Un suicide - Décidé à en finir avec la vie, Lemestre exprima ses intentions à son ami Poulizac et  lui offrit sa montre en souvenir . Poulizac essaya de faire son ami changer de résolution, mais ce dernier le prévint que s'il s'opposait à sa détermination, il allait le tuer avec son fusil et le coucha en joue. Ce que voyant, Poulizac s'écarta. Il n'avait fait que quelques pas quand une détonation retentit: son ami n'était plus"

                                              Réveil breton, 19 mai 1907

 

      Guiscriff:

           "L'AMOUR QUI TUE - Pierre Caderon, matelot sur le "Lavoisier", âgé de 22 ans, [...] alla le dimanche de Pâques rendre visite à une jeune fille du village de Guénon, Mlle Louise M... âgée de 20 ans, à laquelle il demanda sa main.

    Cette honnête fille répondit qu'elle voulait réfléchir. Quand quelques heures plus tard, il rencontra Louise M... accompagnée de ses parents, il renouvela sa demande en mariage, mais il lui fut répondu: "Vous êtes libérable en novembre prochain et d'ici là nous avons le temps de réfléchir". Cette nouvelle réponse jeta-t-elle le trouble dans le cerveau du jeune homme ? C'est fort probable car, quelques instants plus tard, Caderon alla se pendre, à l'aide de sa ceinture, à une branche de chêne dans le bois de Stanguély en Guiscriff. Son cadavre ne fut retrouvé que le lendemain matin par sa famille qui s'était mise à sa recherche"

                                           Progrès du Morbihan, 17 avril 1909


c) La faiblesse de l'espérance-vie serait-elle dûe à une désertification médicale naissante ?

"Cléguérec - Les malades réclament

Il y aurait, paraît-il, grève des médecins à Cléguérec, 3000 habitants, chef-lieu de canton de l'arrondissement de Pontivy. Aucun médecin ne veut s'installer dans ce patelin. Naturellement, il n'y a pas davantage de pharmaciens. Les malades réclament..."

Ar Bobl, n° 203, 14 novembre 1908


d) Ou bien à l'infanticide ?

Le Faouët

  "La fille Le Bars, âgée de 18 ans, cultivatrice au village de Kerlis, vient d'être arrêtée sous l'inculpation d'infanticide. Pour se débarrasser de son enfant nouveau-né, sans éveiller les soupçons de ses voisins, elle l'a enfermé dans une malle où, quelques jours après, on le trouvait sans vie" 

    Journal de Pontivy et de son arrondissement, 23 avril 1905

Kergrist:

    "INFANTICIDE - A la fin de la semaine dernière, on a découvert dans un puits au village de Perchernic, en Kergrist, le cadavre d'un enfant nouveau-né.

    Le séjour du petit corp dans ce puits, qui appartient aux époux Allano, paraît devoir remonter à un mois ou six semaines. Et les habitants de ce village buvaient de cette eau. C'est Madame Allano, qui en tirant elle-même de l'eau, crut apercevoir un morceau de viande dans le puits et prévint son mari, lequel, avec un croc, retira le cadavre. L'auteur de ce crime vient d'être découvert et incarcéré à la prison de Pontivy.  C'est une nommée Françoise Jouan, âgée de 44 ans et domiciliée à Saint-Connec dans les Côtes-du-Nord.

   Cette mère criminelle était venue le mois dernier mettre au monde son enfant chez sa soeur qui habite le village de Perchernic"

Le Progrès du Morbihan, 17 juillet 1909


e) Ou bien à l'activité de faiseuse d'anges ou de cataplasmes douteux ?

  "Carhaix - Condamnation - Madame Maryvonne Goasdoué, veuve Merle, âgée de 76 ans, de Carhaix, a été condamnée par le tribunal de Châteaulin, sur poursuite du Parquet, à 500 F d'amende (1) pour exercice illégal de la médecine"

Ar Bobl, n° 139, 25 mai 1907

(1) Environ 7500 euros 2016


f) ou à l'épidémie ?

"Ar languiz"

Ar Bobl, n° 303, 15 octobre 1910

La tuberculose exerce des ravages...

"Saint-Hernin - la dysenterie

Le terrible fléau qui avait fait tant de ravages  il y a deux ans, a fait sa réapparition dans notre commune. Les malades sont de plus en plus nombreux et il ne se passe pas de journée sans qu'il y ait un décès provoqué par la dysenterie"

La Dépêche de Brest, 30 septembre 1904

 

Langonnet:

    "MORT DU MAIRE

    M. Droual, maire de Langonnet, est mort dimanche soir, vers minuit, à l'âge de 42 ans, emporté par la fièvre typhoïde après une vingtaine de jours de maladie. Ses obsèques ont eu lieu mardi dernier, au milieu d'une nombreuse assistance. M. Droual aurait fait un bon paysan s'il ne s'était laissé accaparer par les mauvais politiciens [...] Huit jours avant, il avait eu la douleur de perdre, de la même maladie, une jeune fille de 15 ans".

Echo du Morbihan, 28 septembre 1913 

 

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                                                 Journal de Pontivy et de son arrondissement, 31 mars 1907

 

[PNG] médecine végétale 176 9 mai 1908

 

 Ar Bobl, n° 176, 9 mai 1908

 

Gourin

     "Presque centenaire - On vient d'enterrer la doyenne de Gourin; Isabelle Tanguy naquit en effet le 8 avril 1815 sous le règne de Napoléon Ier; elle est décédée le 9 juin 1912 et était âgée de  97 ans, 2 mois et 1 jour. Elle voyait encore très bien et faisait elle-même son ménage"

Le Réveil de Pontivy, 16 juin 1912


   Toutefois l'espérance-vie varie selon les professions

 

   "L'âge de la vie - La profession

Pour beaucoup, éphémère est la durée de la vie

Les ecclésiastiques vivent en moyenne 65 ans

Les marchands, 64; les employés, 61; les agriculteurs, 61; les militaires, 59; les hommes de loi, 58; les hommes de lettres: 57; les professeurs, 56; les médecins, 56"

Ar Bobl, n° 315, 20 juillet 1912

 Les ecclésiastiques ont toujours bénéficié de la plus longue espérance-vie. Les journalistes, notaires, avocats, avoués sont plus résistants à l'usure physique et et psychique que les médecins, toujours par monts et par vaux, réveillés à n'importe quelle heure nocturne. Quelle surprise de constater que les enseignants vivent en moyenne 9 ans de moins que les prêtres et nonnes. La loi de Séparation, la disparition de leur traitement mensuel, les expulsions, les tracasseries à l'occasion des quêtes à domicile, des sonneries de cloches, des processions sur la voie publique, de la location des presbytères, n'ont pas entamé la santé des vaincus, alors que leurs vainqueurs, les instituteurs, vivent moins longtemps que les paysans.

   On peut regretter qu'il ne soit fait, dans cette statistique, aucune mention des ouvriers.






Dernière modification le 20/03/2019

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