Cette page a été créée le 30 mars et complétée en décembre 2018
PAUVRE RUSSIE TSARISTE ....
Elle va de Charybde en Scylla avant de disparaître en février 1917
Charybde, c'est la défaite stupéfiante de l'ours russe, symbole de la race blanche, face au petit Japonais, que soutiennent tous les peuples de race jaune, Chinois, Coréens, Vietnamiens, Siamois...
Scylla, c'est la Révolution russe, le Dimanche rouge (22 janvier 1905), l'effondrement de la monarchie absolue des Romanov, remplacée par une monarchie parlementaire. Pour une dizaine d'années, la volonté du tsar l'emporte face aux tentatives des députés d'opposition de faire de ce régime une monarchie à l'anglaise, dans laquelle le souverain règne mais ne gouverne pas. Mais la Grande Guerre emporte Nicolas II comme un fétu de paille.
Cette édition du 28 janvier 1905 est la première mention en langue bretonne des évènements révolutionnaires en Russie - L'autre titre concerne le nouveau gouvernement français
CHARYBDE.....
L'hostilité japonaise à l'égard de la Russie tient à la notion d'espace vital économique.
Alors que la Russie dispose de plus d'espace qu'elle n'est capable d'en exploiter, le Japon, desservi par un relief montagneux, une activité sismique souvent dangereuse, un sous-sol pauvre en charbon et minerais métalliques, une démographie galopante, mais encore imprégné de l'esprit batailleur des samouraï et en voie de modernisation industrielle, a des vues sur la Corée et la Mandchourie. Le gouvernement russe lorgne aussi sur cette dernière, riche en matières premières et sources d'énergie fossiles et sur le port chinois de Port-Arthur, libre de glaces toute l'année, alors que Vladivostok ("dominateur de l'Orient", en russe) est bloqué quatre mois par an. La Russie occupe, sans aucun droit, cette province chinoise, y construit des lignes de chemin de fer, en exploite les forêts et se considère donc comme chez elle. Il ne lui déplairait pas, non plus, de faire main basse sur la Corée, où le tsar a investi des capitaux personnels.
Selon un processus qui sera utilisé jusqu'en 1944, le Japon ouvre avec la Russie une négociation pour le partage de la Mandchourie ; celle-ci échoue en raison des exigences nipponnes et de l'arrogance russe; le Japon rompt les relations diplomatiques le 5 février 1904, puis, le 8, sans déclaration de guerre, des torpilleurs japonais entrent dans la rade de Port-Arthur et envoient par le fond une bonne partie de la flotte russe d'Extrême-Orient.
Disposant de davantage de gros navires de guerre et de soldats en Mandchourie, les Japonais assiègent Port-Arthur, qu'ils arrachent aux Russe en décembre 1904, battent deux fois l'armée russe sur terre, en octobre 1904 et en mars 1905. Le seul espoir de Saint-Pétersbourg réside dans le rétablissement hypothétique de la suprématie navale russe grâce au transfert de la médiocre flotte de la Baltique en Extrême-Orient, par les détroits danois, le Pas-de-Calais, le cap de Bonne-Espérance et Singapour.
Voici la description détaillée de la défaite navale russe dans le détroit de Corée, près des îles Tsoushima, le 27 mai 1905
Eur sell var ar brezel Russi Brema, eur wech eo bet tapet Rojesvensky da brizioner, tapet Nebogatof, lac'het Felkersam, tri amiral en pere o devoa ar Russed lakeet o fizianz var vor, e c'heller lavaret eo echu ar gann var ar moriou. Emgann Tsoushima a chomo da viken eur souez evid ar bed. Biskoaz, en histor ar c'hombajou etre skouadrennou na oa gwelet c'hoaz hevelep dismantr. Pemzek lestr braz a zo aet da fonz pe gemeret d'ar Russed gant ar Japoned, hag estranch eo gwelet penoz ar Japoned n'o deuz kollet nemed tri torpiller bihan. O batimanchou braz n'o deuz ket bet kalz a zomach ive ! Petra zo kaoz ma zo erruet gant er Russed eur maleur ken braz ? Komprenit penoz skouadren Rodjestvensky a oa partiet deuz Sant-Petersbourg brema 7 miz hanter dija ! Aboue an amzer-ze, ez oa chomet var ar mor, mez mar peuz sonj, martoloded Russi a oa tapet brud fall dalek ar pen-kenta, rag n'eo ket en eun devez e vez gret tud ar vor, ha red eo anzao penoz martoloded Russi kalz ane biskoaz ne oant bet zoken var vor ! Heuillit beaj skouadren Rodjestvensky. Pa oa erru er Mor-da-Krec'h, e komanz leuska tennou kanol var bagiou-pesketa d'ar Saozon. Marvat e kreden o doa japoned dirakê, mez memez tra abenn tenna var dud dizañger evel pesketourien Hull, eo red kaout neubeut a barfetegez hag a wiziegez deuz traou ar mor ! Mad, eur wech great an taol-ze, ar skouadren a zalc'h da vond trezek an Asi. Goude gortoz koste mor ar Chin, Nebogatof a n'em unanaz gant Rodjestvensky hag e daou neuze asamblez var grec'h c'hoaz evid esa treuzi brec'h mor Tsoushima hag antreal velse en mor ar Japon, hag ac'hano, erruout en porz Vladivostok, lec'h ma zo Russed all kelc'hiet gant ar soudarded Japon. Mez a-benn erruout eno, e oa eur gann da veza. An Amiral Togo, gant e listri, a oa e lagad var an vrec'h-mor, da c'houzout pe de vare e teufe ar Russed da dremenn. Taolit pled ma penoz ar Japoned a oa diskuiz he kennerzet gant o viktoriou, elec'h ar Russed a oa skuiz-maro goude meur a viz tremenet en rout. Ouspenn, ar Japoniz o doa muioc'h a vatimanchou he re nevez, houarn ha dir, o martoloded a oa muioc'h ampart ha muioc'h sentus ouz o chefou; ar Russed o doa listri braz, hanvet kuirasseed, mez re bounner [...] Ugent torpiller a gouezaz var batimanchou ar Russed evel un raol-gwenan; deuz an daou tu, al listri-houarn hag ar groazerien a leuskaz tan var ar Russed hag en neubeud amzer e teuchont a-benn deuz o enebourien. Nebogatof e-hunan a c'houlennaz pardon, kazi hep en em gann . Ha setu brema netraet skouadrennou ar Russi. Ar Japon, pa garo, e lakeo ar seziz war Vladivostok. Mestr a vo e pep-tu. En c'heid-ze, ar jeneral Linievich, gant daou c'hant mil soudard en tu all da Voukden, a c'hortoz ma vo ataket c'hoaz gant Oku ha Nogi. Heb douetanz, pillet e vo, ha neuze ar Russed, penegwir na gonsantont ket goulen ar peuc'h, na chomo gante nemed eun dra da ober: delc'hen da gila trezek plenennou skornet ar Siberi ha lezed ar Japoned da faeza anê o-hunan en eur vond var o lerc'h dre an erc'h hag ar vrumen. |
Un coup d'oeil sur la guerre russe Désormais, puisque Rojesvensky et Nebogatof sont prisonniers, que Felkersam a été tué, trois amiraux en qui les Russes avaient placé leur confiance concernant la guerre sur mer, on serait tenté de dire que les combats maritimes ont pris fin. La bataille de Tsoushima restera à jamais une source d'étonnement pour le monde. Jamais, dans l'histoire des batailles navales, on n'a vu une semblable défaite. Quinze grands navires russes ont été coulés ou capturés par les Japonais qui, il est étrange de le constater, n'ont perdu que trois petits torpilleurs. Leurs dreadnoughts n'ont pas été beaucoup endommagés. Quelle est la cause du désastre russe ? Il faut comprendre que l'escadre de Rodjestvensky est partie depuis sept mois et demi de Saint-Petersbourg, qu'elle est restée en mer tout ce temps, mais, pensez-y, les marins russes sont de pauvre réputation depuis le commencement, car ce n'est pas en un jour que l'on amarine des matelots russes qui -ce n'est pas un secret-, pour beaucoup, ne désirent pas du tout aller en mer ! Suivons le voyage de l'escadre de Rodjestvensky. Parvenue en Mer du Nord, elle commence par canonner des bateaux de pêche anglais. Certainement les Russes croyaient se trouver face à des navires japonais, mais tout de même tirer sans sommation sur des gens pacifiques comme les pêcheurs de Hull, cela dénote un sérieux manque de connaissances maritimes. Bien... Une fois accompli cet exploit, l'escadre continue son parcours vers l'Asie. Arrivée à Madagascar, elle y reste un bout de temps, l'amiral ne sachant pas s'il devait continuer ou revenir en arrière. Ce qui démontre bien que Rodjestvensky n'était pas sûr du tout de son affaire. Enfin, une autre petite escadre, celle de Nebogatof, fut envoyée en hâte afin de la renforcer. Après s'être attendues au large des côtes chinoises, les deux escadres se rejoignirent et, ensemble, elles firent route vers le Nord dans le but de franchir le détroit de Tsoushima, d'entrer dans la Mer du Japon et aussi d'atteindre le port de Vladivostok, où des troupes russes étaient encerclées par les soldats japonais. Mais à peine arrivé dans le détroit, le combat commença. L'amiral Togo, à la tête de ses navires, observait le détroit, afin de connaître le moment du passage des Russes. Faites bien attention à ceci: les Japonais étaient reposés et confiants en raison de leurs victoires récentes, alors que les Russes étaient à bout après les nombreux mois passés en mer. En outre, les Japonais disposent de davantage de navires neufs, en fer et acier, leurs marins sont plus habiles et plus disciplinés. Les Russes possèdent de grands bâtiments, les cuirassés, mais trop lourds. [...]
Vingt torpilleurs tombent sur les navires russes comme un essaim d'abeilles; des deux bords, les navires d'acier et les croiseurs font feu sur les Russes, et, en peu de temps, ils font plier leurs ennemis.. Nebogatof lui-même se rend, sans avoir vraiment combattu (1). Et désormais, les escadres russes sont réduites à néant. Le Japon, quand cela lui plaira, mettra le siège autour de Vladivostok. Il domine la situation dans toutes les directions et sur tous les plans. Pendant ce temps, le général Linievich, avec deux cent mille soldats positionnés derrière Moukden, s'attend à une nouvelle attaque de Oku et Nogi. Sans aucun doute, il sera piétiné et alors, les Russes, puisqu'ils ne consentent pas demander la paix, n'auront plus qu'une solution: fuir à travers les plaines gelées de Sibérie et laisser les Japonais s'épuiser à les poursuivre dans la neige et la brume. |
Ar Bobl, 10 juin 1905 | Traduction: Jean Yves MICHEL, mars 2018 |
(1) ses équipages, dit-on, refusèrent de combattre
SCYLLA....
Ar reuz er Russi Ar Russi n'eo ket awalc'h evithi beza kannet ha flastret er Mandchouri hag en Mor ar Japon, he bro a zo straket ar revolusion ennhi. Er pevar c'horn ar Rouantelez ema an tan hag ar Reveulzi. Ar baizanted hag ar bobl a damall holl an Tsar Nikolaz II hag et lez da veza bet dievez ha diskiant; goulenn a rer ma vo chanchet penn d'ar reizidigez. En provins ar C'haukaz, n'eus en peb lec'h nemet krimou ha torfetou, hag an autoriteou a chom sempl ha dinerz. En Varsovia, kear-benn Pologn, bemdez ez euz krog etre ar bobl ha ar polis El Lithuani, ar baizanteed o deuz chaseet ar perc'hennou douar er-maëz euz o madou. Ouspenn, ar pennou braz hag an dud en-krag, ne c'houllont ket mui senti. An Impalaër a zo nec'het braz; Bouliguin a zo bet karget gantan da zresi eur skuer nevez evit Renkadurez ar Russi, evid rei muioc'h a librente d'an dud. Deuz an tu all, Trepoff a eo bet karget deus ar polis, mez hema zo eun den kri ha digar, hag esaet an neuz laket eur minaoued d'ar journalou, pere o devoa prouet e oa bet laëret daou-ugent million deuz kef an Traou a vor gant an Duk Alexis, breur d'an Tsar. Ia, nec'het braz eo Nikolaz II. |
Le bouillonnement russe La Russie n'est pas encore tout à fait battue et hors de combat en Mandchourie et dans la mer du Japon que la Révolution éclate dans le pays. L'incendie révolutionnaire atteint les quatre coins du territoire. Les paysans et le peuple accusent le tsar Nicolas II et sa cour de négligence et d'incompétence. Ils réclament un changement raisonnable. Dans les provinces caucasiennes, nul endroit sans crimes et forfaits, les autorités demeurant faibles et sans ressort. A Varsovie, la capitale polonaise, accrochages quotidiens opposant le peuple à la police. En Lithuanie, les paysans chassent les propriétaires terriens de leurs domaines. En outre, les aristocrates et les petits Messieurs ne veulent plus obéir. L'Empereur est très inquiet: il a chargé Bouliguine de bâtir une ébauche de Constitution qui accorde davantage de liberté au peuple. D'un autre côté, le ministre chargé de la Police, Trepoff, est un homme cruel et détestable qui a essayé de censurer les journaux ayant démontré que le Grand Duc Alexis, frère du tsar, avait volé 40 millions dans la caisse des Affaires maritimes. Oui, Nikolas II est très inquiet. |
Ar Bobl, 24 juin 1905 | Traduction: Jean Yves MICHEL, avril 2018 |
VIVE LA CHINE REPUBLICAINE !!!!
Bevet Republik ar Chin !!! Eur Republik ouspenn - Hini ar Chin - Piou an dije zonjet ? Ha koulskoude eo gwir. Eun den an euz great an dispac'h-ze, e-unan, Sun-Yat-Sen. Ar Chinoad-man, eun den a spered braz, en doa laket en e benn digabestra e vro ha tenna anezhi a zindan galloud ar Mandchoued, pere a oa impalaëred en Pekin aboue mil bloaveziou. E daoliou kaër o doa spontet ar gouarnamant pehini en doa forbannet anezan ha lakeet e benn en priz. Sun Yat Sen a oa deut da Londrez evit kreski e ziskadurez, goude e oa aet da New York evid studial Republik Stadou-Unanet. A c'hano, e talc'hed da ren var gosteen ar republikaned chinad, ha da reseao kelou diganto. Pa oa prest peb tra, tud ha arc'hant, Sun Yat Sen a zistroaz en kuz d'ar Chin. Var e c'halvaden, ar rummou disketa euz ar vro a zavaz, hag a spontaz gouarnamant an Impalaër dre o hardiegez hag o gwiziegez. Soudarded an Impalaër a oe pillet en peb leac'h, hag ar c'heariou braza a droaz a du gant an dispac'herien. Kaër en deuz bet ar gouarnamant prometi d'ezo e vije savet kambchou deputeed evel en Europ, netra na viraz hag hirio, kannaded ar bobl, dastumet en Nankin, o deuz embannet diskar ar Rouantelez. Sun Yat Sen a zo bet hanvet Penn-Rener ar Republik. Republik ar Chin a vo brasa hini ar bed. Beza zo enni pevar-c'hant milion a dud. Pa weler-ze, na ver ket evid harz sonjal penoz eno a vo planeden an holl rouanteleziou, tro pe dro. |
Vive la République de Chine !! Une République de plus. Celle de Chine. Qui l'eût pensé ? Et pourtant, c'est la vérité. Un homme a seul réalisé cette révolution, Sun-Yat-Sen. Ce Chinois, très intelligent, s'était mis en tête de libérer son pays en le débarrassant du pouvoir mandchou, qui fournissait les empereurs de Pékin depuis mille ans. Ses jolis coups avaient épouvanté le gouvernement impérial qui l'avait exilé et mis sa tête à prix. Sun Yat Sen se rendit à Londres pour parfaire sa culture, puis à New York pour y étudier le régime républicain des Etats-Unis d'Amérique. D'abord, il s'efforça d' organiser les républicains de Chine et en reçut des nouvelles. Quand tout fut prêt, partisans et argent, Sun Yat Sen revint en catimini en Chine. A son appel, des troupes averties se levèrent et affolèrent le gouvernement impérial par leur hardiesse et leur habileté. Les soldats de l'Empereur furent battus partout et les grandes villes soutinrent les révolutionnaires. Le gouverment eut beau promettre la mise en place de chambres de députés sur le modèle européen, rien n'y fit et aujourd'hui, les représentants du peuple, réunis à Nankin, ont proclamé la déchéance de la monarchie. Sun Yat Sen a été élu Président de la République. La République de Chine est la plus peuplée du monde. Elle compte quatre cents millions d'habitants. En voyant cela, on ne peut s'empêcher de penser au futur sort de toutes les monarchies, ici ou là. |
Ar Bobl, 6 janvier 1912 | Traduction: Jean Yves MICHEL, décembre 2018 |
Dernière modification le 31/12/2018