Ar Bobl (1904 - 1914)

Le journal de Taldir Jaffrennou: "le Peuple"

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14/08/2023

                                                                          Page complétée en mars 2017 et mars 2018

3) Les conflits du travail

 

« Grève modèle – La grève agricole du Midi consistait en promenades tumultueuses avec drapeaux rouges, en arrêts par la violence de la circulation sur la voie publique, en menaces contre les propriétaires, en agression et voies de fait contre les ouvriers désireux de continuer le travail. M. Combes qualifia la grève de « grève modèle »  - Hervé Claude »

Ar Bobl, n° 13, 17 décembre 1904

 

   Les partisans de l’ordre s’opposent, comme toujours, aux défenseurs du droit de contester un état de choses réputé « injuste ». Se posent aussi les problèmes de la liberté du travail et de la liberté de circuler pour les hommes et les marchandises.

  En avril 1906 se produit à Gourin une grève des ouvriers carriers et tailleurs de pierre. Aussi succinte soit-elle, la description qu'en donne  un hebdomadaire morbihannais de gauche modérée  montre :

1) que la liberté du travail est en jeu

2) que les patrons ont décidé d'aller jusqu'au lock-out (voir définition en bas de page) pour faire cesser la grève

   

 Journal de Pontivy et de son arrondissement, 29 avril 1906, page 3

 

                                 Gourin- Le Faouët, 1905: une même grève vue par deux journaux hostiles aux "gréviculteurs", le premier conservateur et catholique, le second laïc et républicain

 

"GREVE DES TERRASSIERS - Les ouvriers terrassiers occupés par M. Quintric, entrepreneur, viennent de se mettre en grève. Ils réclament une augmentation de salaire et disent qu'à leur chantier de Pont-Tanguy en Faouët, ils ont un travail plus dur et sont moins bien payés qu'à Pontivy; ils ne gagnent que 0,24, 0,26 ou 0,28 F de l'heure et sont dans l'eau jusqu'aux genoux.

      Jeudi, ils cessèrent le travail et se rendirent à la mairie du Faouët, où ils réclamèrent un drapeau, qu'on leur remit aussitôt. Ils parcoururent alors les rues de la ville en chantant et tentèrent de débaucher les ouvriers de M. Launay, entrepreneur. Ces derniers refusèrent de  suivre les grévistes qui forcèrent alors ceux de leurs collègues restés à Pont Tanguy à les suivre. Les grévistes doivent aller à Gourin tenter d'entraîner avec eux  les terrassiers occupés par MM. Kerbiriou et Bigot, qui, pour éviter toute collision, ont licencié leurs ouvriers pour cinq jours.

    On s'attend à Gourin à quelques bagarres car les terrassiers de MM. Kerbiriou et Bigot sont furieux contre les grévistes du Faouët qui leur font perdre cinq journées de travail"

L'Avenir du Morbihan, 6 décembre 1905

"Une grève - Une grève vient d'éclater parmi les ouvriers terrassiers de la ligne de Pontivy à Gourin. Les grévistes sont actuellement  au nombre d'environ  150. Le mouvement a pris naissance aux chantiers de M. Quintric, entrepreneur, dont les ouvriers réclamaient une augmentation de salaire, faisant valoir que, pour un travail beaucoup plus pénible, ils sont moins bien payés qu'ils ne l'étaient ailleurs.

     Après une manifestation au Faouët, les grévistes se sont rendus sur les divers chantiers de la ligne, où la grève s'est rapidement étendue.

      A Gourin, les entrepreneurs Kerbiriou et Bigot, craignant des bagarres, ont fermé pour quelques jours leurs chantiers"

Le Journal de Pontivy et de son arrondissement, 10 décembre 1905


"GUEMENE - Une grève de couvreurs vient de ses déclarer à Guémené. Ces ouvriers, gagnant seulement 2,25 F par jour (1), demandent une augmentation de 75 centimes. M. Livonen, patron, consent à satisfaire leurs réclamations, mais MM. Le Pleil et François Jan ne veulent rien entendre.

     Les ouvriers sont très excités et parcourent les rues en chantant. Le bruit court en ville qu'ils vont se syndiquer et que tous les corps de métiers, imitant l'exemple des couvreurs, se smettront bientôt en grève"

Le Journal de Pontivy et de son arrondissement, 10 juin 1907

   Suites de cette grève guemenoise:

 "Certes, nous sommes de ceux qui pensent que l'ouvrier doit avoir pour son travail un juste salaire; mais nous blâmons ceux qui passent le dimanche et le lundi dans les auberges à gaspiller ce même salaire dont on a grand besoin dans leur famille"

   Le Réveil breton, 10 mars 1907

" La réunion qui a eu lieu dimanche 10 courant entre patrons et ouvriers, a mis fin à la grève des couvreurs. Les ouvriers ont obtenu satisfaction; en conséquence,  il leur est accordé 30 centimes l'heure et leur journée de travail est réduite à 10 heures" 

Le Réveil breton, 17 mars 1907

(1) Un instituteur en fin de carrière perçoit quotidiennement (dimanches exclus), 6,45 F

     Le Réveil breton, dans son édition du 10 mars, stigmatise la "saint-lundi"

 

  Poullaouen: conflit à la Mine ..

"La Mine de plomb argentifère de Poullaouen vient de licencier son personnel. On ignore les motifs de cette décision qui provoque dans tout le pays une consternation générale"

L'Avenir de Guingamp, 26 juillet 1908  

 Cette Mine de Poullaouen-Locmaria-Berrien-Huelgoat, fondée au 18e siècle, nationalisée sous la Convention (1792-1795), est en sursis techniquement et donc financièrement...


Carhaix – « Réseau breton de chemins de fer

« Voici le texte de la circulaire adressée par le Syndicat aux employés : « Je, soussigné, grade, entré à la Société le…, au traitement de …. F, déclare approuver les revendications soumises par le groupe de Carhaix du Syndicat national des travailleurs des chemins de fer et m’engage sur l’honneur à les soutenir par tous les moyens  et à cesser le travail si satisfaction ne nous est pas donnée.  Signature : »

    Très peu d’employés ont signé cet engagement.

    Voici quelles revendications présentent le Syndicat par la plume de son secrétaire, le citoyen Bouguennec :

1 – Application d’une échelle de traitement variant de 1000 à  2700 F

2 – 52 jours de repos par an

3 – Caisse de retraite

4 – Carte de circulation

5 – Journée de 10 heures aux cantonniers

6 – Conseil d’enquête : 3 ouvriers, 3 agents de direction

  Aucune réponse n’a été faite par la Direction »

Ar Bobl, n° 227,  1er mai 1909

    Depuis 1906, les ouvriers exigent, outre  5 F par jour, le repos hebdomadaire, qui,  institué sous la Restauration, fut supprimé en 1880 parce que mesure « cléricale ».

   Une loi du 13 juillet 1906 a institué un jour de repos hebdomadaire, placé généralement le dimanche. Mais sauf à interrompre la circulation des trains le dimanche, tous les employés  de chemins de fer ne peuvent chômer ce jour-là précisément. La carte de circulation donne à tout agent et à sa famille proche le loisir d’effectuer annuellement un certain nombre de voyages ferroviaires  gratuitement.

 

Carhaix – Grève des chemins de fer

    « Les employés de la Traction de l’Economique  se sont réunis mercredi soir à Carhaix. Le Bureau du syndicat local, affilié à la CGT, a fait voter la grève à l’unanimité moins deux voix, pour le cas où la Direction du Réseau ne donnerait pas satisfaction aux revendications du personnel avant vendredi soir. . La Compagnie, confiante dans les déclarations du Gouvernement pour réprimer la révolte des services publics, serait prête à révoquer quelques fortes têtes en réponse à cet ultimatum. Une section du 118e d’infanterie de Quimper, composée de 26 hommes, est arrivée à Carhaix »

Ar Bobl, n° 303, 15 octobre 1910

    Les grèves de l’année 1910 affectèrent principalement des services publics, ce malgré l’évolution vers le réformisme du Secrétaire général de la CGT, Léon Jouhaux, petit-fils d’un fusillé de juin 1848, fils d’un communard qui avait échappé de peu au peloton d'exécution en 1871, en place depuis le 13 juillet 1909 et malgré le fait que un salarié seulement sur dix est syndiqué. En 1910, le Chef du gouvernement est Aristide Briand, qui, venu de l’extrême-gauche, évolue vers le centre…

 Le vote de la grève à Carhaix a-t-il  fait l’objet d’un scrutin secret ou la décision a-t-elle été prise à mains levées ?


           L'hebdomadaire morlaisien de droite catholique et régionaliste "l'Echo du Finistère" relate ainsi la grève des cheminots de Carhaix (n° 177, 24 avril 1909):

 

"Les employés du réseau breton et le syndicat.

            Le syndicat des employés des chemins de fer économiques s'agite. Il vient de faire adresser à tous les employés, syndiqués ou non, une lettre circulaire et un bulletin en vue d'un referendum, afin de savoir si une grève pourrait être possible le jour où il plairait au syndicat de la décréter. Tout d'abord, la lettre-circulaire expose aux ouvriers les revendications que le syndicat veut soutenir et faire aboutir dans un très bref délai: augmentation des salaires, augmentation des jours de repos, réglementation plus juste et diminution des heures de travail.

    Le syndicat pose la question de la grève à peu près dans les termes suivants: "Voulez-vous vous engager à cesser le travail si nos revendications sont repoussées, si le syndicat juge à propos de déclarer la grève ?".

     Nous ne saurions trop engager les employés à bien réfléchir. Qu'ils soient syndiqués, cela se comprend, mais qu'ils se laissent mener trop loin par quelques violents, nous leur répétons prenez garde ! Réfléchissez longuement, cela pourrait être grave"

   

            Deux formes de syndicalisme ouvrier s'opposent: l'un préconise le concertation, la négociation, le compromis; l'autre préfère la grève, l'affrontement physique, la destruction du matériel. Les anarchistes proposent une troisième voie: les attentats contre les patrons


"Grève des cheminots

   «Carhaix – « Les salaires au Réseau breton en  1910

Mécanicien : 1400 à 1700 F par an et primes de 600 à 1300 F, soit 2000 à 3000 F par an, soit de 5,50 F à 8,20 F par jour

Chauffeur : 1350 à 1830 F par an

Serre-frein : 900 à 1000 F par an

Cantonnier : 700 à 950 F par an et logé

Ouvrier d’atelier : 1330 à 1700 F par an »

N° 303, 15 octobre 1910

 

Chemin de fer breton

Les « avantages et privilèges des agents de chemin de fer du Réseau breton :

1) Le médecin est gratuit pour eux et leur famille 

2) Ils ne paient que le tiers des médicaments ordonnés, les deux tiers étant à la charge de la Compagnie 

3)  En cas de maladie, ils touchent pendant 60 jours leur solde entière et demi-solde ensuite pendant 30 autres jours sans perdre leur poste  […] 

5) Distribution deux fois par an de vêtements à tous les enfants des agents 

5) Retraite : la Compagnie verse 10 % du salaire. En fait, celui qui touche 1 500 F, touche donc 1 650 F […] 

8)  Service de l’Economat (épicerie vendue au prix coûtant), charbon et bois de chauffage à prix réduits, jardins gratuits donnés au plus grand nombre d’agents possible sur les terrains du chemin de fer ». F.J

Ar Bobl, n° 304, 22 octobre 1910

 

    François Jaffrennou s’emploie à démontrer que le sort des cheminots du Réseau breton est loin d’être misérable.

 

« Grève – Reconnaître aux cheminots le droit d’exercer un odieux chantage par une grève générale ou partielle et les adjurer de ne pas profiter des lacunes de la loi de 1884 pour ne pas compromettre la sécurité ou la prospérité nationales, est une plaisanterie de mauvais goût »

Ar Bobl, n° 307, 12 novembre 1910

 

  En octobre 1910, le Gouvernement Briand réagit à la grève des cheminots par leur incorporation. Considérés comme soldats en temps de guerre, ces derniers doivent reprendre le travail sous peine de conseil de guerre..

 

Carhaix - Conflit du travail  

«  80 à 100 ouvriers du bâtiment se sont mis en grève sur le refus de leurs patrons, messieurs Guéguen frères, Louis Baniel, Kerboto et Bouguennec de leur accorder les augmentations qu’ils exigeaient.. Le Comité de grève a fait une collecte en ville, qui a produit 200 F...Le Conseil municipal, par 13 voix contre 1 a voté une somme de 200 F pour venir en aide aux grévistes; elle sera délivrée sous forme de bons de pain et de soupe du fourneau économique » »

Ar Bobl, n° 378,  23 mars 1912

 

Grève des ouvriers charrons de Carhaix en mai 1913, des ouvriers du bois à Huelgoat

«  Grève de 10 ouvriers charrons carhaisiens, payés de 3 à 4 F par jour, réclamant 0,5 F d’augmentation par jour et la journée de 10 heures (une demi-heure en moins). Aucun changement

5 mai – 19 juin : sur 45 ouvriers charrons, 10 en grève, dont 5 syndiqués ; 3 établissements touchés sur 5 »

Rapport au Sous-préfet de Châteaulin, 22 juin 1913, archives départementales du Finistère, 10 M 47

 

 Huelgoat – « Accord entre artisans carriers (Ch. Ritz, Cadiou, Dinahet, Salaün) et les délégués ouvriers (Quéméner, Henry, Le Bail, le Hénaff) »

Ar Bobl, n° 302, 8 octobre 1910

 

    Le 16 avril 1910, le patronat allemand lock-oute 200 000 ouvriers à la suite de l'échec des négociations salariales. En août de la même année, les chefs d'entreprise de Hambourg procèdent à la même opération (licenciement de l'employé, puis négociation directe employeur-salarié qui aboutit soit au réengagement soit au renvoi définitif du dernier nommé)..

     En septembre 1910 toujours, les marins de commerce allemands s'étant mis en grève, les armateurs de Hambourg, Brême, Lübeck engagent des marins anglais... Ces remous sociaux se situent dans le pays d'Europe possédant la législation sociale la plus progressiste...

   En septembre 1910, le patronat anglais licencie purement et simplement 50 000 dockers en grève...

 

"Huelgoat - Une grève subite a éclaté dans les quatre chantiers de bois et entreprise de M. J.F. Le Guillou à Huelgoat - Locmaria. On incline à croire que le personnel a subi l'influence de meneurs sans scrupule, car M. Le Guillou est bien le père de ses ouvriers; il y en a plusieurs qui ont chez lui 20 années de service"

Ar Bobl, 21 juin 1913

 

"Carhaix - Les garçons boulangers ont saisi l'occasion pour demander une augmentation de salaire.

   A la suite du conflit entre patrons boulangers et clients, voici le raisonnement que les ouvriers on tenu, avec quelque bon sens, à leurs patrons: "Vous avez augmenté le prix du pain. Maintenant que la farine a baissé, vous gardez vos prix élevés. Il est juste que notre travail soit conséquemment mieux rétribué". Les garçons boulangers ont eu une entrevue avec les patrons qui ont cédé devant la menace d'une grève. Certains garçons recevront 5 F d'augmentation par mois et bénéficieront à l'avenir d'un jour de repos hebdomadaire "

Ar Bobl, 18 novembre 1912






Dernière modification le 15/03/2019

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