Ar Bobl (1904 - 1914)

Le journal de Taldir Jaffrennou: "le Peuple"

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14/08/2023

                                                                              Cette page a été complétée en juillet, novembre et décembre 2018

Les lois militaires....

 

Ar zervich-brezel a ra koulz a zrouk da Vreiz. Nag a hini, pehini a goll ebarz ar c'hazerniou e galon da labourat ! Eno e tisker bea lipous, bea lezirek; eno e tisker techou fall ar Fransijen !"

Erwan Berthou

Le service militaire fait tant de mal à la Bretagne. Tout un chacun perd dans les casernes le courage au travail. Là on apprend à devenir gourmand et fainéant. Là, on apprend les vices des Français...
Ar Bobl, n° 11, 3 décembre 1904 Traduction: Jean Yves MICHEL, octobre 2014

 

Taldir imagine un encasernement utile...

 

Ar c'hazern evel ma tlefe beza

  Kendalc'h braz ar Sosialisted euz an Alamagn en deuz dichachet c'hoaz eur wech sellou ar bed var poënt an arme. Ar Sosialisted prussian na fell ket d'ezo e ve taolet an armeou d'an traon, ha votet o deuz a du gant ar c'hazerniou, a du gant ma vije dalc'het er Pruss rujumanchou soudarded kaled hag ampart.

    En Franz ne ma ket kont evelse. An darvuia euz ar sosialisted, en o fenn ar breton Hervé hag e vignoned, a c'houlen a vouez uhel ma vo diskolpet buan an arme, pehini, emezo, a zo eur skol da ziski disurz, kasoni ha lac'herez.

    Marteze 'ta e ve mad kozeal eun tam divar ben ar sujed-ze, ma ia ar gonskrived iaouank da antreal evid daou vloaz ebarz ar c'hazernou. Evid lavare ar wirione berr ha dichipot, ar c'hazern, an arme, evel me 'ma komprenet hirio ganeomp, a zo eun dra a c'hiz koz, eur savadurez dizoare, e-lec'h m'a deuz ar sitoianed kalz da c'houzaon, ha neubeud da c'honid. Daou vloaz kazern en buez eun den iaouank a zo aliez daou vloaz purkator.

   Mez ac'hano da lavaret dustu: an arme a fot teurel anezi d'an traon, n'ê ket mad, rag mar 'neuz an arme sioul, bez eo eur gwarantis d'an urz-vad ebarz ar vro, eur gwarantis d'ar c'honverz lipr ouspenn ma 'z eo red hi c'haout en ken kaz a vrezel pe ar reveulzi vraz.

   N'eo ket distruja anezi a zo da ober dustu, eta. Reformi anezi, adnevezi anezi, hi c'horda deuz an ezommou a hirio, setu eno ar poënt, da c'hortoz ma vo moïen da dremen hep-hi.

   Penoz ober ? Sed ama petra a skrive d'in unan deuz ma lennerien:

Dleet a ve klask an tu da skanvaat ar c'hargou pounner a gouez varhanomp dre abek an arme. Hag evid erruont eno, setu ama penoz z komprenan me eur c'hazern "mod nevez".

Setu du-ze ar tier braz pevarc'horniek, leun a soudarded, gant eur porz ledan en diabarz. Ama, me wel eun atellier amunuzêrez, renet gant eur serjant koz, hag a zo ennan daouzek soudarded soudard-amunuzer o peurzeski o micher. Eun tammik pelloc'h, sed eur c'hoël; ahont eun atellier livaërien; larkoc'h c'hoaz, eun atellier kereourien.

    En deun ar porz, ma daoulagad a wel eun uzin vihan da heskenna plench a bep ment. Al labouriou-ze a vo great gand soudarded, renet gant dindan-ofiserien hag eno ne gollint ket o amzer, rag kendelc'hen a reint da labourat var ar vicher o devo ebarz ar vuez sivil.

   Elec'h an hostaleriou hudur a rer kantinou anezo, e vo savet kreier ha marchosiou, e pere e vo maget loened-korn ha savet kezek servich gant soudarded ebet labourien-douar.

    Dreon ar c'hazern, e lech eur champ de manoeuvres a vo o pez meredi a gant devez-arat.. Eur profesor labour-douar a reno anezi hag a zisko d'ar soudarded iaouank ar c'hiz da labourat an douar gant mekanikou nevez.

   Mez er c'hazerniou, n'eo ket ar c'horf hepken a vo pleet outan; ar spered ive. Ar skolaërien, ar mestrou-skol, ar gloareged, ar studierien o devo sallou frank, leun ar bresou-leriou a bep sort.  Eun ofiser a reio evito eur gonferanz var an traou a zell ouz o stad. Ar re deuz an dud iaouank disket mad a vo dibabet da ober skol evid diski lenn ha skriva d'ar soudarded ha n'her gouzont ket.

    Gras d'ar renkadurez nevez-ze, mond d'an arme na vo, evid den, nag eur c'holl amzer nag eur c'holl arc'hant. Na vo ket ive eur c'holl iec'hed: eksersisou an divrec'h avat hag an demi-touriou a vo dilezet krenn.

   Peb soudard, goude daou vloaz euz e iaouankiz tremenet er c'hazern, a zistroio d'ar gear, krenvaet var e vicher, lawen e galon, ha troet var al labour. Ouspenn e ene na vo ket kaillaret gant loudourach, en pere  a chomer brema da lorassenni devejou penn da benn, eno na zigorer ar ginou nemed evid dispaka kojou difeson an eil d'egile.

   En berr giriou, setu aze penoz a dlefe beza great ar c'hazerniou evid ober anezo mad. Keid ma chomint ar pez ec'h int brema, gwall aoun a meuz na zigouezfe d'ar spered "eneb-militaër" kreski bepred, ha dond a-barz nemeur d'en em leda en kalonou an holl dud a bobl.

    Fanch

La caserne comme elle devrait être

   Le grand Congrès des socialistes d'Allemagne  a, encore une fois, attiré les regards du monde entier à propos de la question de l'armée. Les socialistes prussiens, refusant la démilitarisation, ont voté en faveur des casernes et du maintien de régiments de soldats  déterminés et adroits.

Il n'en va pas de même en France. Une partie des socialistes ayant à leur tête le breton Hervé et ses amis réclament à cor et à cri la destruction rapide de l'armée qui, disent-ils est une école enseignant le désordre, la  haine et la lâcheté.

   Peut-être est-il bon de discuter un peu de ce sujet, puisque les jeunes concrits s'apprêtent à rejoindre les casernes pour y passer deux ans. Pour dire la vérité de manière courte et sans vergogne, la caserne, l'armée, telles que nous les comprenons aujourd'hui, sont dépassées, inadaptées, et les citoyens ont beaucoup à y perdre et peu à y gagner. Deux ans de caserne dans la vie d'un jeune homme sont souvent deux ans de purgatoire.

     Mais je le dis tout de suite: il n'est pas bon de vouloir supprimer l'armée, car une armée tranquille est un garantie de bon ordre social, de liberté du commerce, en plus de la  nécessité de cette force en cas de guerre ou de révolution d'envergure.

   Donc, ce qui est urgent n'est pas de détruire l'armée. En attendant de pouvoir se passer d'elle, réformons-la, rénovons-la de façon à satisfaire ses besoins actuels, voilà la ligne directrice.

  Comment faire ? Voici ce que m'ècrit un de mes lecteurs:

    On doit chercher le moyen d'alléger les lourdes charges que fait peser sur nous l'armée. Et pour y parvenir, voici comment je conçois la caserne moderne.

   Voici, autour d'une large cour carrée, les grandes bâtisses accueillant les soldats. Ici, je vois un atelier de menuiserie, dirigé par un sergent âgé, où douze soldats menuisiers approfondissent leur savoir-faire. Un peu plus loin, voici un poêle; là, un ateleir de peintres.; encore plus ploin, un atelier de cordonniers.

     Au fond de la cour, mes yeux aperçoivent une petite usine de sciage de planches de toutes dimensions. Ces activités sont accomplies par des soldats dirigés par des sous-officiers et ici ils ne perdont pas leur temps car ils apprendront le métier qu'il exerceront quand ils seront rendus à la vie civile.

     Au lieu des affreuses salles qui servent de cantines, on bâtira des étables et des écuries, où seront nourries les bêtes à cornes et élevés les chevaux de service par les soldats cultivateurs.

    Derrière la caserne, au lieu d'un champ de manoeuvres il y aura une grande métairie de 100 journaux. Un professeur d'agriculture la dirigera et  apprendra aux jeunes soldats la manière de travailler la terre avec de nouvelles machines.

  Mais dans les casernes, on ne s'occupe pas seulement du corps; mais aussi de l'esprit. Les instituteurs, les maîtres d'école, les clercs, les étudiants auront des assels spacieuses, remplies de bibliothèques garnies de livres de toutes sortes. Un officier leur donnera des conférences sur des sujets qui les intéressent. Les jeunes  instruits seront choisis pour faire la classe, en particulier apprendre à lire et écrire, aux soldats analphabètes.

   Grâce à cette nouvelle organisation, accomplir son service militaire ne sera pour l'homme ni une perte de temps ni une poerte d'argent. Ni une menace pour la santé: les exercices du maniement d'armes et du demi-tour seront prestement abandonnés.

     Chaque soldat, après deux ans de sa jeunesse passés à la caserne, retournera chez lui, possédant désormais son métier, le coeur joyeux et l'esprit au travail. En outre, son esprit ne sera plus souillé de cette malpropreté dans laquelle il glandouillait tous les jours du matin au soir, puisqu'ici tous n'ouvraient la bouche que pour se lancer de grossières cochonneries.

 Voilà, en peu de mots, comment devraient être organisées des casernes efficaces. Tant qu'elle demeureront ce qu'elles sont, j'ai bien peur que l'anti-militarisme ne croisse et ne se répande dans tous les coeurs.

 Ar Bobl, 6 octobre 1906
 Traduction: Jean Yves MICHEL, juillet 2018

 


 

   Avant la loi de 1905, les conscrits tirent au sort

 

Keraez - Tennadek ar billet

   Diriaou eo bet gret dennadek ar 188 billet en Keraez. Eiz konskrit ha nao-ugent a oa ar bla-ma er c'hanton. An numero uhella a zo et da Blonevezel, an numero izella da Speyet. Goude an dennadek, ar c'honskried a deuz gret eun danz war plasen ar maëri. Pourmenat o deuz ive dre gear eur pez drapo braz a bevar metr uhelder prenet gant daou-ugent lur. An hini neuz bet an numero 1, ar vaz vel ma larer, a vo an drapo d'an goude ar c'honsaill. N'a vo ket ken joaüs ar gonskried 'benn miz here evel ec'h int brema, marvat !

Carhaix - Le tirage des billets

  Jeudi, le tirage de 188 billets a été exécuté à Carhaix. Les conscrits du canton étaient au nombre de 188. Le numéro le plus élevé a échu à un Plounévézélien, le plus petit à un Spézétois. Après le tirage, les conscrits ont dansé sur la place de la mairie. Ils ont promené un grand drapeau de 4 mètres de hauteur, qu'ils ont payé 40 francs. Celui qui a obtenu le numéro 1, le bâton comme on dit, aura le drapeau après le tirage. Les conscrits ne seront certainement pas aussi joyeux qu'aujourd'hui en juillet !

 Ar Bobl, n° 17, 14 janvier 1905
 Traduction: Jean Yves Michel, octobre 2013

 

La loi de deux ans

 

Al lezen daou vloaz

Sethu votadeg gant ar Senat al lezenn hag a engal ar c'hargou a zoudard memez tra var gein an holl.

En gwirionez, al lezenn neve a zo eul lezenn red ha just, eur gerzaden var araok. Gant al lezenn tri bloaz ha eur bloaz, e vije gret a brepoz kaër diou lodene barz an arme; el loden kenta, an Dispanseed, an dud iaouank a famill, eaz d'ezo da vond da ziski er skolajou-uhel, ar mestrou-skol hag ar gloer kaset d'ar skoliou normal pe d'ar c'hloerdier. Ar medisined, advokaded ha me oar, tud o doa arc'hant peurvuia da 'n em voueta er gantinen, tud hag a feurme eur gampr en kear.

 Ha c'hoaz ne vijent ket kaset nemed d'ar c'hazern an tosta d'o bro, d'ezo da c'hallout mond bep sul da bourmen d'ar gear ! Er baotred eur bloaz, e oa ive, gwir eo, bugale hena seiz a vugale, bugale intanvezed ha soutenou a famill evid ar re-ze a-vad a vo kaled penoz o zud o devo eur som arc'hant digand ar barrez hag ar gouarnamant evid dic'haoui anezo eun tammig bennag deuz kimiad ho bugale.

  Mez ar peur rest deuz ar soudarded eur bloaz, pere a ve kaset da beloton an dispanseed a ra dek miz zervich (gwir eo e ve greatc'est  d'ezo poanial evid o c'hont), mez n'euz forz, goude ze e teuont da veza ofiserien rezerv, ha kalz anezo a dremenn o eiz deveziou varnugent en eur feneantiz anat.

  Fouge enno gant euz c'hoz galonz ha gant eur zabrenn a ra dring-dring var o lec'h dre ma kerzout. Mond a reont da greski niver an ofiserienn-paper, a welomp, e-barz ar ruiou pa ve ien, paket en paltokiou kroc'hen teo, doublet gant blea tom evid ar paour keaz soudarded doueou arc'hantet deuz an noz, pa'z eont d'ar saloniou da bitaouat gant ar merc'hejou.

  Gant al lezen daou vloaz, an holl a vo engal dindan ar vanniel tri-liou da c'hortoz ar mare binniget ma na vo ket ezom armeou ken niverus a bouez kemend ar c'harg anezo, n'eo ket hepken var Franz, mez ive var meur ar vro all. Esperomp e teuio eun de, hag a vo heuillet ali an Aotrou Tréveneuc, senatour Treger, pehini a bropoze ober eul lezenn eur bloaz.

  Pa skigno an diskadurez e-touez an dud, eur bloaz a vezo awaec'h da ober eur soudard mad. Ar soudard n'eus ket ezom da vez ken disket var ar brezel evel e ofiser. Ha neuze... deski en em lac'ha, ze ve great buhan !

Lagad-luch

L'oeil qui louche

La loi de deux ans

Le Sénat  a donc voté la loi qui répartit la charge du service militaire de manière égale sur tous.

 En vérité, le nouvelle loi est nécessaire et juste, elle marque un progrès. La loi de 3 ou 1 an proposait de couper l'armée en deux parties; dans la première, les dispensés, les jeunes gens de bonne famille, à qui il était aisé de s'inscrire dans les universités, les instituteurs des écoles normales et les séminaristes. Les médecins, les avocats et que sais-je, des individus ayant pour la plupart suffisamment d'argent pour dépriser la cantine et louer une chambre en ville.  Et encore seront-ils encasernés au plus près de leur domicile, afin de pouvoir se promener en ville.

     Les jeunes gens soumis à la loi d'un an étaient, c'était la vérité, des enfants de veuve comptant sept enfants, des enfants soutiens de famille, qui cependant recevaient une somme d'argent de la commune et et du gouvernement afin de dédommager un peu la famille du départ de l'incorporé. Mais le reste des soldats assujettis à la loi d'un an, comme ils sont envoyés au peloton des dispensés, font 10 mois de service ( il est vrai que çà leur est vraiment pénible), ensuite ils deviendront sans problème officiers de réserve et bon nombre passeront leurs 28 jours dans une fainéantise caractérisée.

   Quelle vanité tireront-ils d'un vieux galon et d'un sabre qu'ils traîneront bruyamment où qu'ils aillent. Il augmenteront le nombre des officiers gratte-papiers, et nous les verrons, par les rues, par temps de froidure, emmitoufflés dans des pardessus doublés, ces pauvres soldats aux poches bien pleines, se dirigeant droits sur les salons où l'on tripote les poupées.

Grâce à la loi de deux ans, tous seront appelés sous les plis du trapeau tricolore en attendant le temps béni où le besoin d'armées aussi nombreuses aura décru et la charge ne pèsera plus sur la seule France mais sur d'autres nations. Espérons qu viendra un jour, et nous applaudissons ici le voeu du sénateur trégorrois Tréveneuc, qui propose une loi d'un an.

    Pendant que je diffuse cette leçon parmi les lecteurs, il me semble qu'un an est plus que suffisant pour faire un bon soldat. Un soldat n'a pas besoin d'être aussi entraîné au combat qu'un officier. Et alors... Apprendre à tuer, cela se fait en un clin d'oeil !

 Ar Bobl, n° 25, 11 mars 1905  Traduction: Jean Yves Michel, octobre 2014

 

 

Paris – « Al lezen daou vloaz »

Ar Bobl, n° 27, 25 mars 1905 

     Les modalités du service militaire ("le régiment", "ar rujumant", en breton), notamment sa durée, ont beaucoup changé en moins de cinquante ans. Le Second Empire imposait un service de sept ans. La loi de trois ans de 1889 prévoyait de nombreuses dispenses, notamment pour les instituteurs.

    La Loi de deux ans de service militaire remplaçant la  « loi de trois ans »  est  votée par la Chambre des Députés le 17 mars 1905 par 504 voix contre 34. Elle est perçue avec enthousiasme par la paysannerie et maints contribuables, mais déçoit les officiers et même certains diplomates qui craignent que l’Allemagne ne profite de cet affaiblissement militaire français pour entreprendre une guerre préventive…

   Mais cette loi prévoit que le service actif est obligatoire pour tous et est suivi par 11 années de réserve (de 23 à 33 ans, un homme est incorporé en cas de guerre) puis 6 années de territoriale (de 34 à 40 ans, l'homme est incorporé, en cas de conflit, dans une armée de seconde ligne, qui, théoriquement, "ne va pas au casse-pipe".

 

Toul !!!

   Ar "bleu" a oa digaset d'ar gar gant e dud: bea oa e vam, e dad, e c'hoar vihan ha Ian ar mevel, pehini a douche. Ar c'harr a oa dister, ar marc'h a oa koz, mez ar gerent a oa paour ive... eur veredi a seiz-ugent skoed n'o doa ken. N'o doa mab nemed unan ha galvet e oa da vond da zoudard, evid daou vloaz d'ar penn all da Vro-C'hall... da Doul. Erru eo ar vanden er gar Pent-ar-Hent. Just an amzer da eva eur lipad en hostaleri Loeiz Souchen, evid rei kalon d'ar potr iaouank ha da gemer ar billed kart-plas hag e ma an train dirag ar gar. Kenavo ! Eur pok hag ebarz, heb trei e benn, aoun  gouela dirag ar re-goz.

  Kemer a ra ar bleu e blas kichen eur prenestr: c'huitell ! Hag e kuit ! Ar vam a zo kouezet var eur bank, Ian mevel a dro e gein evid koach e anken; an tad a hij e zorn rag hen zo eur soudard koz, hag a neuz gret seiz vloaz, nê ket daou.. "Chanz vad d'id, pôtr !". Eur pleg hag an train zo kuzet er pellder. Pe 'ma e-hunan, ar bleu a gouez en eur dristidigez vraz. Bremaïk, e chome dizeblant, evid diskuez e oa eur gwas; brema o ouel evel eur bugel - Perag kas anezan da Doul, keit all deuz ar gear, pa oa ar rujumant linen en Kemper, hag unan en Gwengamp !

   Ha Fanch vihan ar Gervennou a dro bep sort sonjou en e spered. Penoz e rei duse gant  an neubeudik gallek a oar ? En gar Gwengamp, Fanch Vihan a zo diskennet deuz karrigel Kerne, ha pignet en train braz, en eur speren hag e oa eun toullad tud iaouank all ennhi. Diwar o min, konskried ive, bleuien eveltan, Bretoned eveltan, deuz koste Lannhuon, hag a gane brezonek a bouez o fenn. Fanch vihan a aze sioulik en eur c'horn. Ar re all a zalc'h da gana beteg Sant Briek, mez eno en eun taol, setu hi deut trist ha tenval. Ar wech-ma e welont int partiet da vad deuz Breiz-Izel ! Fin d'ar brezonek. Gallek tro var dro. Ar c'hoëffou zo chenchet. Eur peoc'h marvel a gemer lec'h ar joaïsted trouzus, hag e-keid ma red an train heb dihan, gant eur dourni ifern, ar bleuien iaouank a gomans sonjal d'o bro o deuz dilezet, d'o zud, d'ar vestrez koant gant e zellou skler, d'ar gwele kloz, d'an oaled ledan, d'ar c'hi Fanlok, d'an douarou prest da reseo an ed, d'ar betarabez dare va deza tennet. Ha ia, kaled eo partial evid daou vlâ.

 - Deuz pelec'h oud, eme eun Tregeriad da Franch

- Deuz Ploumene, emezan

- Me zo deuz Lannhuon - Da belec'h e vez kaset ?

- Da Doul

- Me da Bariz

- Me da Verdun, eme un all

- Perag paz lezel ac'hanomp en hon bro ? a zonjat holl enni o-hunan. Hini na gomprene ar rezon evid pehini a vijent kaset keid all.

An noz a goueze, hag an train a ruille bepred. Fanch a chomaz morgousket. Hunvreal a rea

- Perag, emezan, ec'h an me da zoudard ? Evid klevet eun deuss epad daou vloa ? Da zerviji Franz ? Petra eo Franz ? Bro ar gallek. Mez me na glevan nemed brezonek en bro-ma. Neuze  na dle ket an diou-ze beza ar memez bro, kaër zo laret. Ha koulskoude, pemp Breton omp ama, ha tri ahanomp a ia da Verdun ha da Doul, var an harzou, bord an Alamagn.

    Perag ar gwasa loden d'emp-ni ? Pesort interest hon beuz-ni o tifenn kontre tud hag a zo d'emp estranjour ha Saozon pe Spagnoled ?

  Mar deo gwir eo gret eun arme da vrezeli me gav din e mije bet muioc'h a gourach evid brezelli var ma douar ma-hun, hini ma zud koz. Mez an arme n'eo ken gret evid brezelli, var a glevan. Da ziwall madou ar franmasoned, da denna var ar micherourien a ra grèv, ha da chaseal leanzed er meaz. Ze zo kaoz e kaser ahanomp pella ma c'hella deuz ar gear.." Bea soudard a zo eun dra vrao, chom heb bea a vije ken brao all". Ha hunvreou a iea hag a zeue dre benn Fanch vihan, heb na ouie pe mond a du gant eur re pe gant eur re all. Pariz a oa tremenat pell-zo. Erfin, setu termen ar veaj: Toul !

  Brevet, hanter varo, Fanch a dap e valijen hag a ziskenn var gaë ar gar

- Par ici, les Bleus ! "eme mouez rok eur serjant

Fanch a dosteaz, fur, evid mond da heuil

- Tiens, le sale Breton", a lavaraz eur c'horporal, vas-tu te grouiller pour marcher au pas ! Espère un peu, mal dégrossi, et veille à n'pas me reluquer de travers, ped zoum !"

Fanch a oa et da zoudard gant kourach, kontant da zeviji honestamant, hag ar giriou kenta a gleve, ar paourkez, en eur erruout en "arme Franz" a oa giriou a zimeganz evitan hag a gasoni evid e vro. E zillad Kerne a oa gantan c'hoaz.

  Ha Fanch vihan ar Gervennou a dorchaz eun neubeud daërou gant kein e zorn.  En e ene a zeu disrouk e oa kouezet an haden genta a eneb soudardërez

Toul !!!

Le "bleu" était accompagné de sa famille à la gare: sa mère, son père, sa petite soeur et Jean le commis qui conduisait. La voiture n'était pas bien belle, le cheval était bien vieux, mais les parents aussi étaient pauvres... Il n'avaient qu'une métairie de 120 écus. Ils n'avaient qu'un seul fils et celui-ci était appelé à devenir soldat pendant deux ans à l'autre extrémité de la France...à Toul. Arrivés à la gare de pent-an Hent, ils eurent juste le temps de boire un coup à l'auberge de Louis Souchen pour donner du courage au jeune homme et de prendre un billet quart de place et le train s'arrêtait en gare. Au revoir ! Une embrassade et le jeune homme monte dans le wagon, sans tourner la tête, de peur de pleurer devant les parents.

 Le bleu prit une place près de la fenêtre; la locomotive siffla et s'ébranla. La mère s'est écroulée sur un banc, Jean le domestique tourne le dos afin de cacher son chagrin; le père bat des mains car il fut soldat jadis et il fit sept ans, et pas deux..." Bonne chance à toi, jeune homme !". Un tournant et le train disparaît dans le lointain. Désormais seul, le bleu sombre dans une morne tristesse. Tantôt, il joue l'indifférence pour bien montrer qu'il est un homme, tantôt il pleure comme un enfant. Pourquoi l'envoyer à Toul, au contraire de ceux de la ville, alors qu'il existe un régiment de ligne à Quimper et un autre à Guingamp ?

 Et le jeune François du Gervennou tourne toutes sortes de pensées dans sa tête. Comment fera-t-il là-bas avec le petit peu de français qu'il connaït ? En gare de Guingamp, il descend des antiques wagons cornouaillais et il  monte dans le grand train, dans un compartiment où se trouvait un groupe de jeunes gens. A leur mine, c'étaient aussi des conscrits, des bleus comme lui, des Bretons comme lui, venus des parages de Lannion, chantant en breton à tue-tête. Le jeune François s'assied sans bruit dans un coin. Les autres continuent de chanter jusqu'à Saint-Brieuc, mais là, d'un coup, les voilà tristes et sombres. Cette fois, ils se rendent compte qu'ils ont quitté pour de bon la Basse-Bretagne !

Fini le breton ! Du français partout. Les coiffes féminines sont différentes. Un silence de mort chasse la joie bruyante et pendant que le train poursuit sa marche dans un tintamarre d'enfer, les jeunes bleus commencent à songer à leur pays qu'ils ont quité, à leurs familles, à leur amie aux yeux clairs, au lit-clos, au large âtre, au chien Fanlok, aux champs prêts à être ensemencés, aux betteraves bonnes à arracher. Ah oui, il est dur de partir pour deux ans.

- D'où es-tu, demande un Trégorrois à François

- De Ploumene, dit-il

- Je suis de Lannion - Où t'envoie-t-on ?

- A Toul

- Moi à Paris

- Moi à Verdun, dit un autre

- Pourquoi ne pas laisser chacun de nous dans son pays, songe chacun. Pas un ne comprend la raison d'un si grand éloignement.

   La nuit tombre, et le train roule toujours. François s'assoupit et rêve.

- Pourquoi, dit-il, dois-je être soldat ? Pour entendre un deux pendant deux ans ? Pour servir la France ? Qu'est la France ? Le pays du français. Mais, dans mon pays, je n'entends parler que le breton. On a beau dire, il ne peut s'agir du même Etat. Et cependant, nous sommes ici cinq Bretons et trois vont à Verdun ou Toul, sur la frontière franco-allemande.

  Pourquoi sommes nous désavantagés ? Quel intérêt avons-nous de défendre des régions et des gens qui nous sont aussi étrangères que les Anglais ou les Espagnols ?

    Si une armée est faite pour la guerre, je trouve que j'aurais plus de courage de me battre sur ma terre, celle de mes aïeux. Mais, à ce que j'ai entendu, une armée est faire pour autre chose que la guerre. Pour défendre les biens amassés par les francs-maçons, pour tirer sur les ouvriers en grève, pour expulser de France les soeurs. Voilà pourquoi on nous envoie le plus loin possible de chez nous. Etre soldat, c'est une belle chose, ne pas l'être, c'est aussi bien". Et les rêveries d'agiter le cerveau de François sans qu'il sache quel parti prendre. On avait traversé Paris depuis longtemps. Enfin, la fin du voyage: Toul !

   Brisé, à moitié mort de fatigue, François attrapa ses valises et descendit sur le quai de la gare

- Par ici, les Bleus, aboya la voix rauque d'un sergent

François approcha silencieusement pour prendre la file

- Tiens, le sale Breton, dit un caporal, etc...

François était venu avec courage accomplir honnêtement  son service militaire et les premiers mots que le pauvre  entendit, à son entrée dans l'armée française étaitent des insultes pour lui et des mots de haine pour son pays natal. Il portait encore ses habits de paysan cornouaillais. François essuya du dos de la main quelques larmes. Dans son esprit jusque-là indemne , étaient tombées quelques graines d'antimilitarisme.

Ar Bobl, n° 160, 19 octobre 1907 Traduction: Jean Yves Michel, octobre 2013

 

 

« Pour nous, Régionalistes, nous sommes Bretons et Gaulois ; devant Alésia et aux Champs catalauniques, Armoricains et Gaulois luttaient contre les Romains de César et les Huns d’Attila  - F.J ».

Ar Bobl, n° 335, 27 mai 1911

 

   L’attachement à la Bretagne (la « petite patrie ») ne saurait occulter l’attachement à la France (la « grande patrie »), qu’il faudra, le cas échéant, défendre contre l’envahisseur.

 

 

La loi de trois ans..

 

Al lezen tri bloaz

 Aboue m'he deuz kresket Alamagn niver he soudarded ha kaset anê da 750 000 war an troad a beoc'h, Bro C'hall a deuz kreski ive he arme zouar. Ministr ar brezel ha kalz a zeputeed a c'houlenn ma vo votet eun dispign nevez a 500 milion  evid an arme.

 Lod all na gomzont euz netra ken, nemed digas war e giz ar servich tri bloaz heb ekzamsion a-bed: tri bloaz evid an holl. Dre eno, e vo kresket an arme a 100 000 soudard en amzer a beoc'h. Eun avel a follentez eo honnez, red eo amzao ar wirionez. Ober d'an dud iaouank ober tri bloaz kazern, goude beza bet digazet ar servich da zaou vloaz, hag a c'hallfe koustout ker d'ar Republik !

 Ar studerien, ha kement-re o deuz ezom da dremenn ekzaminou o devo kalz da goll. War diouskoaz paour ha pinvidik a pouezo eur samm pounner.  Ha kement-se evid arruout da betra ? Da veza ken krenv hag an Alamagn. Eun hunvre eo hag a vezo imposubl da zigas da benn rag kaër he deuz Frans beza kalonek petra dalve d'ezi klask dond ken braz hag hec'h amezeg galloudus ? Lec'h na  n'euz nemed 39 milion a eneou na vo biken moien nemed gant en em revina da gaout ken niverus arme evel lec'h ma zo 60 milion. Ze zo skler da gompren. Koulz a ve  d'eur glesker esa en em c'houeza evel eur c'hole. Emzavoc'h a ve gwellaat ha startaat ar pez a zo. Voti al lezen a ve distrei ugent vloaz a drenv.

La loi de trois ans

 Depuis que l'Allemagne a accru le nombre de ses soldats jusqu'à 750 000 fantassins en temps de paix, la France a aussi grossi son armée de terre. Le Ministre de la Guerre et beaucoup de députés demandent que soit voté un crédit militaire supplémentaire de 500 millions.

 D'autres ne parlent de rien d'autre que d'instaurer le service militaire de trois ans sans exemption aucune: trois ans pour tous. Ainsi, les effectifs de l'armée s'étofferaient de 100 000 unités par an en temps de paix. S'il faut avouer la vérité, un vent de folie souffle. Qu'un soldat, après deux ans de service, reste encore un an à la caserne, cela coûterait cher à la République ! Les étudiants et tous ceux qui doivent passer des examens perdront gros. Sur les épaules des pauvres et des riches pèsera un lourd fardeau. Et dans quel dessein ? Celui d'être aussi fort que l'Allemagne. Un rêve impossible à atteindre et la France a beau être courageuse, à quoi lui servirait d'être aussi forte que sa puissante voisine ? . Là où ne vivent que 39 millions d'âmes, il n'y aura jamais moyen, sauf en se ruinant, d'égaler en nombre l'armée d'un pays de 60 millions d'habitants. Ceci est aisé à comprendre. Autant que la grenouille qui essaie de devenir aussi grosse qu'un boeuf.

 Il est plus avantageux d'améliorer et de consolider ce qui existe. Adopter la loi de trois ans provoquerait un retour de vingt  ans en arrière.

Ar Bobl, n° 428, 1er mars 1913 Traduction: Jean Yves Michel, octobre 2013

 

La loi de trois ans est parfois contestée par ceux qu'elle concerne...


An Durkez

   Rujumant Mâcon a oa unan ar re o doa 'n em savet eneb d'al lezen tri bloaz. An enklask a zo echu d'ei; setu ama penaoz a vo kastiet ar soudarded kablus.

   Eiz soudard a vo kaset dirag ar c'honsaill a vrezel; seiz  a ielo d'al labour-forset; unan tamallet da veza skoet gant eur serjant, a vo merchanz barnet d'ar maro. Pevar soudard varnugent a vo kaset d'ar c'hompagnunezou disiplin, dindan heol an Afrik.

   Pevar soudard ha hanter-kant a vo chenchet rujumant d'ê, gant beb a noten fall. Daou gorporal a vo torret.

 


L'étau

  Le Régiment de Mâcon est l'un de ceux qui se sont soulevés contre la loi des trois ans. L'enquête le concernant est achevée; voici la liste des châtiments réservés aux soldats coupables.

 Huits soldats sont déférés au conseil de guerre; sept subiront la peine des travaux forcés; un autre, accusé d'avoir frappé un sergent, sera vraisemblablement condamné à mort. Vingt-quatre soldats seront envoyés dans des compagnies disciplinaires, sous le soleil d'Afrique.

  Cinquante-quatre soldats changeront de régiment, avec chacun une mauvaise note sur leurs états de service. Deux caporaux seront cassés.

Ar Bobl, 14 juin 1913 Traduction: jean Yves MICHEL, novembre 2018

 

Et par bien d'autres...

 

"Eur Republik he deuz great eur mank braz evid pez a zell he brud he unan etouez ar beorien, en eur ordreni e chomche ar C'hlast liberabl dindan an drapo eur bloa ouspenn. Ze zo fall evithi.

   Gwall reuzeudik e vo stad ar soudarded paour a vo sklapet er prizon pe kaset d'an Afrik netra nemed evid beza huchet eneb al lezen tri bloa.

   An punision a zo kalz brasoc'h evid ar fôt. Ar fôt varnezo a zo d'ar c'houarnamant a zo aet re vuan gant e ordrenanz, an euz kollet e benn re vuan o weled an Alamagn o kreski he arme a zaou-c'hant mil den.

  Ar re a gondaon an dud iaouank a zo kalonou kriz, koz deputeed ha n'int biskoaz bet soudarded, pe c'hoa tud hag a gar d'ê eo red hopal bepred a du gant ar c'hrenva.

   Ar c'houarnamant an euz bet c'hoaz eun tor all: nompaz lavaret dispak ar wirionez. Ebarz eur republik, ar bobl a dle gouzout ar wirionez.

   Pe danjer a vrezel a zo, pe n'eus ket. Eno 'ma ar poënt. Mar n'eus ket a gelou a vrezel, lezet ar c'hlast a zo dindan ar drapoiou da vond d'ar gear, en hano ar Vadelez, ne skoit ket re galed war an dud iaouank o deuz silaouet mouez o douzik, mouez o zud koz, mouez o bro, o c'hervel anezo d'ar Gear !

   Jaffrennou


   

   "La République a commis une grande erreur, si l'on considère sa popularité parmi les pauvres, en ordonnant le maintien sous les drapeaux pour un an supplémentaire, de la classe libérable . Ce n'est pas bon pour elle.

   Bien pitoyable est le sort des pauvres soldats, jetés en prison ou expédiés en Afrique pour n'avoir que crié contre la loi de trois ans.

     La punition est démesurée par rapport à la faute. La faute, ici, pèse sur le gouvernement, trop pressé de décider, et ayant tôt perdu son sang-froid en voyant que l'Allemagne avait augmenté ses effectifs militaires de deux cent mille hommes.

  Ceux qui ont condamné ces jeunes gens sont des coeurs cruels, de vieux députés qui n'ont jamais été soldats ou encore des individus qui aiment à hurler de concert avec ceux qui détiennent la force.

   Le gouvernement  a eu un autre grand tort, celui de ne pas dire la vérité.  Dans une république, le peuple doit connaître la vérité.

    Ou il y a danger de guerre, ou il n'y en a pas. C'est là le noeud du problème. S'il n'y a pas de rumeur de guerre, laissez la classe actuellement sous les drapeaus rejoindre ses foyers, au nom de la mansuétude, ne cognez pas trop durement sur les jeunes gens qui entendent les voix de leurs fiancées, de leurs parents, de leur pays natal les conjurer de revenir chez eux.

  Jaffrennou


 Ar Bobl, 31 mai 1913
 Traduction: Jean Yves MICHEL, décembre 2018


 

 

La course  aux effectifs mobilisables

 

 Kresk an armeou

An Alamanted pinvidik ha paou a zo kontant mad da paëa 7 liur ha 10 gwennek taillou dre bep 1000 liur danve evid skoazella o arme. Houma a vo kresket hep dale hag evid-se a gouarnamant a vo red d'ezan kaout eur miliard. Ar sosialisted zoken, pere zo niverus er vro-ze, a zo a du gant gant al lezenn a fell d'ezhi kroui c'houec'h rujumant war varc'h, a neuz kreki niver ar soudarded train an akuipach; adsevel lec'hiou krenv koste ar sao-heol Pruss.

  An Otrich, d'he zro, a fell d'ezi ive kreski an niver euz he soudarded. E-lec'h ober ze, a ve gwelloc'h d'ar gouarnamanchou bihanaat ar sammou pounner a bouez war diouskoaz ar bobl, ha pleal gant lezennou gwelleoc'h pere zo kement ezon anezho

 La croissance numérique des armées

 Les Allemands, pauvres comme riches, sont satisfaits de payer un impôt de 3 francs et demi par 1000 francs de fortune afin de renforcer leur armée. Celle-ci grossira sans tarder et pour cela le gouvernement allemand a besoin d'un milliard. Les socialistes, pourtant si nombreux, dans ce pays, soutiennent cette loi qui créera six régiments de cavalerie, accroîtra le nombre des soldats du train des équipages, permettra d'ériger des places-fortes sur la frontière orientale de la Prusse.

L'Autriche, à son tour, veut renforcer ses effectifs militaires. Au lieu de cela, les gouvernement seraient bien inspirés de diminuer le fardeau des armements qui écrase les peuples et de plaider pour de meilleures lois, celles dont nous avons besoin.

Ar Bobl, n° 429, 8 mars 1913 Traduction: Jean Yves MICHEL, octobre 2013

 

""Les trois ans ou les milices

Il faut donc que la France soit prête à déclarer la guerre à l'Allemagne. Une guerre d'envahissement, qu'elle traque jusque dans son antre la bête féroce d'Outre-Rhin et, si le sort lui est favorable, qu'elle l'oblige à capituler. Ce n'est qu'après une guerre victorieuse de la France, une guerre de risque-tout et de sacrifice librement consenti de 100 000 vies humaines que les nations pourront enfin désarmer après l'écrasement définitif de l'Empire allemand. Ce serait la seule utilité que pourrait avoir la loi de trois ans" - Jaffrennou

Ar Bobl, n° 440, 24 mai 1913

 

  Taldir  rejette la solution jaurésienne des milices : la défense du territoire assurée, non par une armée professionnelle, mais par une armée de miliciens, de citoyens-soldats soumis de 20 à 60 ans à un entraînement de quelques jours par mois.

 Selon ar Bobl, jusque-là pacifiste, la solution est une guerre préventive courte et victorieuse, peu coûteuse en pertes humaines...

 

La CGT s'élève contre "les trois ans":

 

Eneb an tri bloaz

    Kenvreuriez veur al labour a zalc'h da ober brud dre Franz eneb d'al lezen tri bloaz servich. Disul diveza e oa bodadennou ha prezegennou ganthi en Bourdel, Marseill, Lyon, Rozon. En Rozon a zo bet chao warlec'h ar brezegen. Eun toullad hoperien a zo bet dastumet er violonz da drement an noz

Contre les trois ans

 La Confédération Générale du Travail continue à protester un peu partout en France contre le service militaire de trois ans. Dimanche dernier, la CGT avait organisé des manifestations à Bordeaux, Marseille, Lyon, Rennes. A Rennes, il y eut du grabuge à l'issue du discours. Un groupe de braillards fut conduit au violon pour la nuit.

Ar Bobl, n° 442, 7 juin 1913 Traduction: Jean Yves Michel, octobre 2013

 

"Le Sénat a voté la loi de trois ans et l'allocation de 1,25 F par jour au lieu de 0,75 précédemment, aux familles nécessiteuses ayant un fils sous les drapeaux"

Ar Bobl, n° 451, 9 août 1913

 

Un déserteur: Collorec, 1906

Kollorek - Eun dizerter dirag ar c'honsaill a vrezel

Fransou-Mari Riou, 30 vla, soudard reservist, klast 96, en doa c'hoaz eiz devez varnugent d'ober. Kaset e oa kelou d'ean da Gollorek da genta, ha da Naoned goude, lec'h ma oa partiet. Ne vije kavet neblec'h a-bed. Arretet eo bet e Lokronan-Leon, en miz-du, ha kondaonet da eur miz prizon

Collorec: un déserteur déféré devant le conseil de guerre

François-Marie Riou, 30 ans, soldat réserviste, classe 96, devait encore 28 jours. On lui adressa une convocation à Collorec d'abord, puis à Nantes où il s'était rendu. On ne le trouva dans aucun de ces lieux. Il fut arrêté à Saint-Renan en décembre et condamné à un mois de prison.

Ar Bobl, n° 115, 8 décembre 1906 Traduction: Jean Yves Michel, mai 2014

 

 L'hebdomadaire de droite catholique "L'Echo du Finistère", publié entre 1906 et 1912 à Morlaix, livre

a) dans son numéro 252, daté du 1er octobre 1910, un état alarmant de l'armée française:   L'Echo du Finistère se fait un devoir  de porter à la connaissance de ses lecteurs un article du Temps (ancêtre du Monde), journal républicain et fort sérieux:

 

    "Les grandes manoeuvres  en Picardie - Quelque chose craque dans l'armée.

   "Nous avons un matériel de guerre de premier ordre, à part toutefois le fusil Lebel que beaucoup d'officiers considèrent comme une arme démodée [...] Nous sommes les premiers à avoir des aéroplanes [...] Enfin, notre pays possède un corps d'officiers instruits, le soldat le plus intelligent qui soit peut-être au monde [...]

    Cependant, les grandes manoeuvres ont paru cette année moins bonnes que par le passé.

     On a remarqué que les soldats hésitaient, péchaient par le défaut d'instruction militaire surtout dans le réglage de leur tir [...] Deux ans passés sous les drapeaux sont (pourtant) suffisants à condition que le temps soit uniquement employé à la préparation à la guerre.  En est-il ainsi ? Nullement ! On fait de tout aujourd'hui à la caserne: de la mutualité, de l'économie sociale, on y enseigne la vie des abeilles, la pousse des champignons, la greffe des arbres fruitiers, etc.... Des professeurs civils en ont franchi le seuil pour y donner des leçons de morale politique et civique. En un mot, on veut faire du soldat un citoyen  alors qu'on devrait s'appliquer à faire du citoyen un soldat.

       Puis il y a les permissions, trop fréquentes. Beaucoup partent le samedi jusqu'au lundi matin [... La plupart des capitaines hésitent à faire accomplir un service pénible le lundi à des hommes fatigués par une nuit passée en chemin de fer. En somme, le "lundi militaire" ne tardera pas à s'implanter dans l'armée.

       Il y a aussi une espèce de découragement chez les officiers subalternes; on leur enlève, parcelle par parcelle, leur autorité et leur prestige. Ils n'ont pas le droit de punir leurs subordonnés depuis l'application du nouveau règlement sur le service intérieur. La plupart n'entrevoient le grade de capitaine que vers la quarantaine; il s'ensuit que leur bonne volonté s'émousse.

    Pour en revenir aux manoeuvres, peut-on oublier les cinq ou six régiments, le groupe d'artillerie qui grouillaient confusément dans le ravin de Thérines sans trouver une issue ? Que dire de ce manque de liaison qui provoqua un vide de 1500 mètres entre deux brigades ? Que penser de ce général qui s'avance seul avec son état-major, sans être éclairé, et qui tombe à 25 mètres d'une compagnie ennemie ? N'a-t-on pas encore signalé un escadron mettant pied à terre à 1500 mètres du général commandant le parti adverse ? La route n'était pas gardée.

   Le silence n'est plus permis. Quelque chose craque dans l'armée.

    Beaucoup d'officiers ont dû leur avancement, ces dernières années, à la propagation à outrance des idées modernes à la caserne: mutualité, coopérative, discipline consentie.  (Tout cela) commence à se faire sentir lourdement.

    Que dire du haut-commandement ? Au point de vue théorique, il est certainement à la hauteur de sa tâche. En ce qui concerne la connaissance et l'utilisation du terrain, c'est une autre affaire [...] La guerre doit s'apprendre sur le tarrain et non à Paris, dans les livres"

 

 b) Le résultat d'un concours de tir à l'arme de guerre (fusil Lebel) qui s'est tenu à Poullaouen en 1909  (n° 176, 17 avril 1909)

     "Poullaouen - Tir

     Le concour de tir organisé par la société scolaire de Poullaouen a eu un succès inespéré. Un très grand nombre de tireurs ont disputé les prix, qui ont été distribués comme suit:

1- Goubil, soldat au 106e régiment 2- Desbordes, caporal au 118e  3- Quéré, agent de police au Havre 4- Le Menes, élève de l'école primaire supérieure de Guingamp  5- Le Guillou, négociant  6- Rivoal, élève del''école normale de Quimper"








Dernière modification le 08/12/2018

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