Maro an Itron Jaffrennou

Mam Rener ar Bobl, an Itron Jaffrennou, ganet Anna-Mari Ropars, a zo maro disadorn 26 a viz Ebrel, en e zi, e bourk Karnoët. Oajet e oa a 73 vloaz. Ganet e oa en Hellaouet, parroz Bolazek, an 9 a viz Du 1839. Merc'h e oa d'an aotrou Fanch Ropars, maër Bolazec ha da Varianna An Talec. Demezi a reaz en 1875 gant an Aotrou Claude Jaffrennou, noter en Karnoët. Mervel a reaz goude eur miz chomet war e gwele. Beteg an heur diveza, e c'houzanvaz ar c'hlenved gant eur gourach dispar hag eur fizians  dreist muzul en bolante Doue.

" Mar fell da Zoue ma gelver davetan, emezi, me zo prest !". Reseo a reaz sakramant an Nouen heb an disterra aoun rag ar bed all. Eur vuez reizet, karget a vadoberou a beb sort hag a ganate evid Doue hag ar Beorien, a brepare anezhi da arruout en peoc'h dirag tron he Barner.

   An Itron Jaffrennou a zo bet, a c'haller lavaret, eur plac'h a skiant vraz hag eur spered digor da beb anaoudegez. Troet e oa kalz da lenn, da studial, da skriva zoken. Eur bluen he devoa hag a oa skanv ha flour, hag e lizerou gallek da veur a hini, a zo bet meulet evel lizerou dign deuz ar gwella skrivagnerezed a vicher.

   Troët e oa kalz ive gant tro gaër he bro. Karout a reaz Breiz Izel en fonz e c'halon ha diski a reaz d'he mab a vihannik  he anaout hag e c'harout en eur gontan d'ezan historiou an amzer goz a ouie ken mad hag en eur ziski d'ezan ar Brezonek, a oa ar iez a gomze hag a gare da genta penn. Moullet a zo bet war ar Vro unanig bennag euz ar gwerziou he deuz savet, mez humbl bepred, ne felle ket ganthi sina he hano. Gwella ma c'hallee e rea rei kalon d'an emzao breizad. Paëa  a ra he skoden da gement breuriez vreton a oa; koumanantet e oa d'an holl c'hazetennou mad.

   Deuz ar c'hornik distro, eürus e oa o weled Breiz o tihuni. An Itron Jaffrennou a heuille didrouz labouriou ar Varzed, pere a reaz d'ezhi eun enor braz hag a douchez kalz he c'halon dener en eur hennvel anezhi da Varzez a Enor  en 1910.

    N'eo ket hepken an Aotrou Jaffrennou tad a goll eur preid impar, eur gompagnouez fidel ha aketus, ar barz Taldir eur vam santel ha karantezus meurbed; gallout a rer lavaret a zo interet gant Anna-Mari Ropars eur Vreizadez pur ha gwiziek, ar sort na m'eus ket nemeur.

    En hano mignoned ar c'hazeten-ma, e kasan ma gourc'hemennou gengaon d'an Aotrou Jaffrennou deuz Karnoët, d'an Aotrou ha d'an Itron François Jaffrennou deuz Keraez, d'he c'hoar, an Itron Fercoq ha d'he breur, an Aotrou F. Ropars.

   Eur mignon koz

Décès de Mme Jaffrennou

La mère du directeur d'Ar Bobl, Madame Jaffrennou, née Anne-Marie Ropars, est morte le samedi 26 avril, chez elle au bourg de Carnoët. Agée de 73 ans, elle était née au hameau de Hellaouet en Bolazec, le 9 novembre 1839. Elle était la fille de M. François Ropars, maire de Bolazec et de Marie-Anne Le Talec. Elle se maria en 1875 avec M. Claude Jaffrennou, notaire à Carnoët. Elle mourut au terme d'un mois d'alitement. Jusqu'à son heure dernière, elle affronta la maladie avec un courage sans pareil et une confiance absolue dans la volonté de Dieu.

 "S'il plaît à Dieu de me rappeler à Lui, je suis prête, disait-elle. Elle reçut le sacrement des mourants sans manifester la moindre peur. Une vie rectiligne, remplie de bienfaits de toutes sortes, tournée vers Dieu et les pauvres, l'a préparée à se présenter en paix devant le trône du Juge suprême.

   Mme Jaffrennou fut, on peut l'affirmer, une femme de grand savoir et d'un esprit épris de toute nouvelle connaissance. Elle lisait, étudiait et écrivait beaucoup. Sa plume était douce et légère, et la plupart de ses lettres en français valaient celles des meilleurs écrivains de métier.

   Elle avait aussi une prédilection pour les belles choses de son pays. Elle aimait la Basse-Bretagne du fond du coeur et  transmit à son jeune fils pour qu'il les sache et les chérisse les histoires du temps passé qu'elle connaissait si bien, en lui enseignant le breton, la langue qu'elle parlait et chérissait de préférence à toutes les autres. Humble, elle n'avait pas voulu signer de son nom une de ses petites complaintes qui avait été imprimée dans le pays. Elle préférait se consacrer de tout son coeur à la "galaxie" bretonne. Elle cotisait à chaque association bretonne; elle était abonnée à tous les bonnes feuilles.

   De son petit coin isolé, elle suivait avec satisfaction l'éveil de la Bretagne. Madame Jaffrennou prêtait attention, sans faire de bruit, aux oeuvres des Bardes, qui lui procuraient de la fierté et touchaient beaucoup son ceur, ému par son élévation au rang de bardesse d'honneur en 1910.

  Ce ne sont pas seulement M. Jaffrennou père qui perd un épouse sans pareille, une compagne fidèle et appliquée, et le barde Taldir une sainte mère aimante. Nous pouvons affirmer qu'avec Anne-Marie Ropars, c'est une Bretonne de pure tradition comme il n'y en a pas beaucoup que nous enterrons.

    Au nom des amis de ce journal, nous adressons nos condoléances émues à M. Jaffrennou père, de Carnoët, à M. et Mme François Jaffrennou, de Carhaix, à la soeur de la défunte, Mme Fercoq et à son frère, M. F. Ropars

      Un vieil ami.